*ENGLISH VERSION AT THE END OF THIS TEXT
Tous les médias ont souligné l'importance et la nouveauté des déclarations du pape François à Hiroshima et Nagasaki.
L'importance : il a réitéré la condamnation globale des armes nucléaires comme ses prédécesseurs. Benoit XVI en 2006, avait déclaré «Dans une guerre nucléaire, il n'y aurait pas de gagnants, mais seulement des victimes». François a rappelé que «l’utilisation de l’énergie atomique à des fins militaires est aujourd’hui plus que jamais un crime, non seulement contre l’homme et sa dignité, mais aussi contre toute possibilité d’avenir dans notre maison commune".
Cette condamnation générale et morale est importante dans le débat éthique et politique. Le pape avait déjà déclaré dans une conférence en novembre 2017 que «Les armes nucléaires,ne sont pas seulement immorales, elles doivent aussi être considérées comme un instrument illégitime de la guerre». Il est allé encore plus loin en annonçant dans l'avion du retour son intention d'inscrire cette immoralité dans le catéchisme de l'Église catholique.
Ses propos ont été particulièrement fermes et clairs: «l'usage des armes nucléaires est immoral, c'est pourquoi cela doit être inscrit dans le Catéchisme de l'Église catholique, et pas uniquement l'usage, mais aussi la possession, parce qu'un accident, ou la folie d'un dirigeant, la folie d'un seul peut détruire l'humanité» (voir https://www.vaticannews.va).
Cette fermeté devrait poser logiquement des dilemmes de conscience dans les milieux dirigeants française, y compris jusque dans l'armée française dans laquelle un certain nombre de haut-gradés n'hésitent pas à afficher leur foi catholique.
La nouveauté : le pape ne s'est pas contenté de critiquer les armes nucléaires mais il a condamné très nettement la doctrine d'utilisation nucléaire, l'utilisation de la menace d'utilisation sur laquelle repose le concept de dissuasion nucléaire puisqu'il a déclaré : «La paix et la stabilité internationales sont incompatibles avec toute tentative de compter sur la peur de la destruction réciproque ou sur une menace d’anéantissement total ; elles ne sont possibles qu’à partir d’une éthique globale de solidarité et de coopération au service d’un avenir façonné par l’interdépendance et la coresponsabilité au sein de toute la famille humaine d’aujourd’hui et de demain».
Or cette notion a été longtemps acceptée par l'église française, notamment dans la déclaration "Gagner la paix" des évêques français en 1983. Cette condamnation du concept de dissuasion nucléaire enregistre les changements du monde : nous ne sommes plus dans l'affrontement de la guerre froide entre deux blocs. Nous vivons dans un monde de plus en plus multipolaires, et donc plus instables et dangereux.
Cette condamnation est fondamentale car sa conséquence logique est l'interdiction par les textes des armes nucléaires, donc c'est la route vers le TIAN qui se trouve validée. Le pape l'a dit clairement : "Nous ne pourrons jamais nous lasser d’œuvrer et de soutenir avec une insistance persistante les principaux instruments juridiques internationaux de désarmement et de non-prolifération nucléaire, y compris le Traité sur l’interdiction des armes nucléaires».
Cela explique depuis quelques mois ce que le journal La Croix a appelé le "lobbying des puissances nucléaires", notamment le lobbying mené sur les milieux proches du pape par l'entourage du ministre le Drian, qui a multiplié les déclarations ahurissantes du style "« Nous devons éviter que l’appel généreux à un monde “sans armes nucléaires” ne prépare un monde où seuls les dictateurs en disposeraient ».
On a noté aussi les prudences et les embarras de l'aumônier général des armées, Mgr Romanet, dans une interview à Familles chrétiennes du 10 novembre 2019, où il ne souffle pas un mot de l'interdiction des armes nucléaires. N'a-t-il pas écrit par ailleurs « Si vous mettez l’arme nucléaire hors la loi, alors seuls les hors-la-loi utiliseront l’arme nucléaire », dans "l'Église et l'arme nucléaire" (https://dioceseauxarmees.fr) ?
Aujourd'hui, ces déclarations d'un courant philosophique important de notre société interpellent largement les politiques mais aussi les militaires. Elles ne peuvent qu'inciter tous les partisans de la paix à multiplier les efforts pour développer le débat.
L'actualité des déclarations papales a fait passer au second plan un événement qui n'est pas sans importance. Une autre petite lueur sur la voie du désarmement nucléaire et de la construction de la paix se lève peut-être au Moyen-Orient. Après beaucoup de tergiversations, une Conférence internationale s'est tenue sous l'égide de l'ONU, la semaine du 19 au 23 novembre, pour examiner les conditions de la création d'une Zone sans armes nucléaires au Moyen-Orient avec tous les pays de la région sauf Israël, absent, les quatre puissances nucléaires sans les USA.
Rappelons que la création d'une telle Zone exempte d'armes nucléaires est partie intégrante du protocole de prorogation indéfinie du TNP signé en 1995. Sa non-réalisation pèse toujours dans chaque discussion sur la bonne mise en oeuvre du TNP. Il y avait un risque que la réunion se limite à des invectives et des exclusives contre les absents. Mais finalement le débat a été constructif et s'est terminé par un appel à poursuivre la réflexion en ouvrant la porte aux absents. Ce premier pas doit inciter à renforcer la pression et à demander à la France de jouer un rôle plus actif et plus positif, car, pendant la réunion, le représentant français s'est contenter d'attaquer la Syrie et l'Iran. Comme quoi, même avec Emmanuel Macron, les vieilles habitudes diplomatiques restent coriaces !
À la veille de l'an 2000 et ses grands rendez-vous (Conférence d'examen du TNP, possible ratification du TIAN), le débat sur le nucléaire s'aiguise, quitte le terrain des utopies et arrive sur le concret, comme je l'ai écrit dans un article récent (https://culturedepaix.blogspot.com/2019/09/tian-traite-dinterdiction-des-armes.htmlhttps://culturedepaix.blogspot.com/2019/09/tian-traite-dinterdiction-des-armes.html).
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ENGLISH VERSION
All the media highlighted the importance and novelty of Pope Francis' statements in Hiroshima and Nagasaki.
Importance: he reiterated the global condemnation of nuclear weapons as his predecessors had done. Benedict XVI in 2006 had declared "In a nuclear war, there would be no winners, only victims". François recalled that "the use of atomic energy for military purposes is today more than ever a crime, not only against man and his dignity, but also against any possibility of a future in our common home".
This general and moral condemnation is important in the ethical and political debate. The Pope had already declared in a conference in November 2017 that "Nuclear weapons are not only immoral, they must also be considered as an illegitimate instrument of war". He went even further by announcing on the return flight his intention to include this immorality in the catechism of the Catholic Church.
His words were particularly firm and clear: "the use of nuclear weapons is immoral, which is why it must be written into the Catechism of the Catholic Church, and not only the use, but also the possession, because an accident, or the madness of a leader, the madness of one can destroy humanity" (see https://www.vaticannews.va).
This firmness should logically raise dilemmas of conscience in French leadership circles, including the French army, in which a number of senior ranks do not hesitate to display their Catholic faith.
What is new: the Pope did not just criticize nuclear weapons, but he very clearly condemned the doctrine of nuclear use, the use of the threat of use on which the concept of nuclear deterrence is based, stating that: "International peace and stability are incompatible with any attempt to rely on fear of mutual destruction or the threat of total annihilation; they are only possible on the basis of a global ethic of solidarity and cooperation for a future shaped by interdependence and co-responsibility within the entire human family today and tomorrow".
However, this notion has long been accepted by the French church, notably in the declaration "Winning Peace" of the French bishops in 1983. This condemnation of the concept of nuclear deterrence reflects the changes in the world: we are no longer in the confrontation of the Cold War between two blocs. We live in an increasingly multipolar world, and therefore more unstable and dangerous.
This condemnation is fundamental because its logical consequence is the prohibition by the texts of nuclear weapons, so it is the road to TIAN that is validated. The Pope made it clear: "We can never get tired of working and supporting with persistent emphasis the main international legal instruments on disarmament and nuclear non-proliferation, including the Treaty on the Prohibition of Nuclear Weapons".
This explains what the newspaper La Croix has called the "lobbying of nuclear powers" in recent months, in particular the lobbying carried out on circles close to the Pope by the entourage of Minister Drian, who has made many staggering statements such as"" We must prevent the generous call for a world without nuclear weapons" from preparing a world where only dictators would have them".
The caution and embarrassment of the Army Chaplain General, Bishop Romanet, was also noted in an interview with Christian Families on November 10, 2019, where he did not say a word about the prohibition of nuclear weapons. Did he not also write "If you outlaw nuclear weapons, then only outlaws will use nuclear weapons", in "The Church and Nuclear Weapons" (https://dioceseauxarmees.fr)?
Today, these statements by an important philosophical movement in our society are of great concern to politicians but also to the military. They can only encourage all supporters of peace to step up their efforts to develop the debate.
The topicality of the papal declarations has overshadowed an event that is not without importance. Another small glimmer of light on the path to nuclear disarmament and peace-building may be emerging in the Middle East. After much delay, an international conference was held under the aegis of the United Nations, the week of 19-23 November, to discuss the conditions for the establishment of a nuclear-weapon-free zone in the Middle East with all countries in the region except Israel, the four nuclear powers without the United States.
It should be recalled that the establishment of such a nuclear-weapon-free zone is an integral part of the protocol for the indefinite extension of the NPT signed in 1995. S
Translated with www.DeepL.com/Translator (free version)
Ce blog est dédié aux problématiques de la paix et du désarmement, des institutions internationales (ONU, OTAN), à la promotion d'une culture de la paix. Textes sous license Creative Commons by-nc-sa
vendredi 29 novembre 2019
jeudi 14 novembre 2019
Faut-il penser "l'après-OTAN" dès maintenant ? - Should we think about the "post-NATO" period now?
(English version at the end)
Le président Emmanuel Macron a lancé un pavé dans la mare politique européenne.
Qu'en penser sur le fond ? Quelle signification ? Quelles conclusions en tirer en termes de géostratégie ? Quelles enseignements en dégager pour ceux qui souhaitent construire une nouvelle politique étrangère de la France ?
"Mort cérébrale de l'OTAN", la formule est choisie pour faire le buzz et faire mouche. Le constat lui-même n'est pas vraiment original et ne surprend que ceux qui le voulaient bien, et préféraient continuer à crier au "loup-garou" OTAN pour critiquer Macron, accusé de "vouloir sauver le soldat OTAN". J'écrivais d'ailleurs sur mon blog, en parlant de l'OTAN, il y a quinze jours, "l'avenir de cette vieille organisation de la Guerre froide est de plus en plus contesté". Enfin, les Cahiers de l'IDRP, que j'ai le plaisir d'animer, ne publiaient-ils pas aussi en février dernier un article du spécialiste Olivier Kempf, intitulé "Des fins de l'Alliance à la fin de l'alliance ?".
En fait, la déclaration d'Emmanuel Macron est en cohérence avec ses déclarations précédentes sur la nécessité d'une Europe puissance, car le désintérêt américain pour la relation transatlantique lui semble inéluctable, d'Obama à Trump.
Le président de la République prend acte finalement, sur le fond, de la crise de légitimité profonde qui mine l'Alliance atlantique. Il le reconnaît crûment : "L’OTAN a été pensé comme ayant un ennemi : le Pacte de Varsovie. En 90, nous n’avons pas du tout réévalué ce projet géopolitique à l’aune de la disparition de l’ennemi initial".
Depuis trente ans, l'OTAN court après une nouvelle justification de son existence. Certains ont espéré en faire un bras armé de l'ONU, imposant la démocratie au-delà même de sa sphère initiale d'intervention, mais, en réalité, en agissant pour leurs intérêts propres. Or, aujourd'hui, les États-Unis estiment pouvoir se passer d'un outil finalement encombrant. Comme l'écrit le spécialiste Loîc Tassé, dans le Journal de Montréal : "les États-Unis ne veulent plus que les Européens utilisent l’OTAN pour interférer dans les affaires du Moyen-Orient et de l’Asie centrale. Les Américains disposent eux-mêmes pour cela d’un commandement militaire distinct, l’US Central Command. Les opérations passées de l’OTAN en Afghanistan et en Irak seraient ainsi, aux yeux des Américains, des exceptions".
La crise otanienne est d'autant plus aiguë que tous les conflits depuis l'an 2000 où des solutions militaires et non politiques ont été appliquées, sont dans l'impasse : Afghanistan, Irak, Lybie, Syrie, la liste est éclairante.
La "menace russe" ne convainct que ceux qui veulent être convaincus : la puissance russe d'aujourd'hui n'a rien à voir avec celle de l'Union soviétique des années 70, même si elle reste importante. Seuls quelques "porteurs d'eau", en quête de notoriété militaire, comme les généraux danois ou norvégiens tiennent à entretenir cette fiction pour justifier leur présence dans des sphères de commandement. Quant à "l'épouvantail russe" brandi par les chancelleries à l'Est, cela laisse dubitatif pour apprécier la part de réalité et la part de prétexte pour pour obtenir des soutiens matériels et financiers.
Ce n'est donc pas une hérésie de penser que le sens de l"histoire va vers la disparition de l'OTAN, comme pour toutes les alliances ou coalitions militaires du passé, lorsque le contexte initial de leur création est devenu obsolète.
La question est donc aujourd'hui : comment ? et quand ?Selon Emmanuel Macron, la solution pour l'Europe, "c’est de retrouver la souveraineté militaire" et de construire l’Europe de la défense – une Europe qui doit se doter d’une autonomie stratégique et capacitaire sur le plan militaire. C'est une impasse, car c'est vouloir répéter à un niveau un peu différent, les illusions d'un monde multipolaire, qui ne serait jamais une construction en équilibre, mais toujours en quête d'alliances et d'affrontements comme nous l'avons connu avant 1914.
Il faut avoir le courage d'affirmer que la stabilité mondiale et les grands équilibres, qu'ils soient militaires, économiques, ne peuvent se construire que dans un multilatéralisme mondial étendu, au sein des Nations unies, privilégiant le dialogue politique et l'approche positive des conflits. L'utilisation de la force ne pouvant qu'être exceptionnelle, dans le cadre de la protection de la communauté. Les questions de sécurité sur tous les continents gagneraient à être traitées à l'échelon régionale : la création de l'Union africaine n'a pas résolu tous les problèmes de sécurité du continent mais a aidé à leur prise en compte. le travail pour créer une "nouvelle architecture de sécurité", englobant la Russie, à l'échelle européenne comme le proposent le président Macron mais aussi d'autres personnalités pourrait être un vrai progrès pour la sécurité globale, bien mieux qu'une alliance militaire.
Certes, dans ce cadre multilatéral, l'UE pourrait jouer un rôle, non de "puissance d'équilibre", mais de "puissance tranquille" fournissant à l'ONU des outils tant militaires (transports de troupes, satellites d'observation, système de guidage, technologies de cyber-défense) que politiques (expérience de résolution de conflits, de consolidation de la paix).
Cela ne demanderait pas moins d'engagement politique, pour s'imposer (voir les efforts diplomatiques énormes nécessaires pour construire l'accord avec l'Iran) ou pour ne pas rééditer l'expérience de l'aéroport de Gaza, financé par l'UE, détruit par Israël, sans aucune représailles européennes !
Effort politique considérable, comme je l'ai déjà développé dans des billets précédents, à mener pour que la France et l'Europe soit en pointe pour la démilitarisation des relations internationales (interdiction de l'arme nucléaires), contrôle drastique des ventes d'armes.
Les buts de M. Macron ne sont pas angéliques et réflètent toujours de vieilles conceptions de pouvoir mais il n'empêche aujourd'hui qu'une brêche sémantique s'est ouverte avec ces dernières déclarations publiques d'Emmanuel Macron.
Alors maintenant que faire ?
Certes, il faut continuer à critiquer l'OTAN, ses dépenses militaires, ses manœuvres mais faut-il s'en contenter ? Ou ne faut-il pas s'engouffrer dans le débat qui vient de s'ouvrir, pour faire grandir l'idée d'un "monde sans OTAN" ? D'argumenter et travailler aujourd'hui, pour montrer combien, ce "monde sans OTAN" serait un monde aussi sûr et même plus que maintenant, car moins militarisé, plus interdépendant, plus "humanisé" donc ! De travailler concrètement à une autre politique étrangère pour notre pays.
Si nous ne le faisons pas, le débat entrouvert sera, soit utilisé par des dirigeants comme Emmanuel Macron qui le conduiront dans une impasse, soit vite refermé par tous ceux qui finalement se complaisent dans les carcans hérités de la guerre froide !
ENGLISH TRANSLATION BELOW
Should we think about the "post-NATO" period now?President Emmanuel Macron has thrown a paving stone into the European political pond.
What about the substance? What does that mean? What conclusions can be drawn from this in terms of geostrategy? What lessons can be learned for those who wish to build a new French foreign policy?
"NATO Brain Death", the formula is chosen to create a buzz and hit the nail on the head. The statement itself is not really original and only surprises those who wanted to, and preferred to continue to cry out to the NATO "werewolf" to criticize Macron, accused of "wanting to save the NATO soldier". I was writing on my blog a fortnight ago about NATO: "The future of this old Cold War organization is increasingly being challenged". Finally, didn't the IDRP Papers, which I have the pleasure of leading, also publish an article by specialist Olivier Kempf last February, entitled "From the end of the Alliance to the end of the alliance?
In fact, Emmanuel Macron's statement is in line with his previous statements on the need for a powerful Europe, because the American disinterest in the transatlantic relationship seems inevitable to him, from Obama to Trump.
Finally, the President of the Republic takes note, in substance, of the crisis of deep legitimacy that is undermining the Atlantic Alliance. He bluntly acknowledges it: "NATO was thought to have an enemy: the Warsaw Pact. In 1990, we did not reassess this geopolitical project at all in the light of the disappearance of the initial enemy.
For thirty years, NATO has been chasing after a new justification for its existence. Some have hoped to make it an armed arm of the United Nations, imposing democracy even beyond its initial sphere of intervention, but in reality acting in their own interests. Today, however, the United States believes that it can do without a tool that is ultimately cumbersome. As specialist Loîc Tassé writes in the Journal de Montréal: "The United States no longer wants Europeans to use NATO to interfere in the affairs of the Middle East and Central Asia. The Americans themselves have a separate military command for this purpose, the US Central Command. NATO's past operations in Afghanistan and Iraq would thus be exceptions in the eyes of the Americans.
The crisis in NATO is all the more acute as all the conflicts since 2000, where military and non-political solutions have been applied, have reached an impasse: Afghanistan, Iraq, Libya, Syria, the list is illuminating.
The "Russian threat" only convinces those who want to be convinced: today's Russian power has nothing to do with that of the Soviet Union in the 1970s, even if it remains important. Only a few "water carriers", in search of military notoriety, such as Danish or Norwegian generals, want to maintain this fiction to justify their presence in command spheres. As for the "Russian scarecrow" brandished by the chancelleries in the East, this leaves doubtful to appreciate the part of reality and the part of pretext for obtaining material and financial support.
It is therefore not a heresy to think that the meaning of history is heading towards the disappearance of NATO, as it was for all military alliances or coalitions in the past, when the initial context for their creation became obsolete.
The question today is therefore: how? and when? according to Emmanuel Macron, the solution for Europe is "to regain military sovereignty" and build an European defence system - a Europe that must acquire strategic and capability autonomy in the military field. It is a dead end, because it means wanting to repeat at a slightly different level, the illusions of a multipolar world, which would never be a balanced construction, but always in search of alliances and confrontations as we knew it before 1914.
We must have the courage to assert that global stability and the major balances, whether military or economic, can only be achieved through extensive global multilateralism within the United Nations, focusing on political dialogue and a positive approach to conflict. The use of force can only be exceptional, in the context of community protection. Security issues on all continents would benefit from being addressed at the regional level: the creation of the African Union has not solved all the continent's security problems but has helped to take them into account. The work to create a "new security architecture", including Russia, at the European level as proposed by President Macron but also by other personalities could be a real step forward for global security, much better than a military alliance.
Admittedly, in this multilateral framework, the EU could play a role, not as a "balancing power", but as a "quiet power" providing the UN with both military tools (troop transports, observation satellites, guidance systems, cyber defence technologies) and political tools (experience in conflict resolution, peacebuilding).
This would not require less political commitment, to impose itself (see the enormous diplomatic efforts needed to build the agreement with Iran) or not to repeat the experience of the Gaza airport, financed by the EU, destroyed by Israel, without any European reprisals!
A considerable political effort, as I have already developed in previous articles, to be made so that France and Europe are in the forefront of demilitarisation of international relations (ban on nuclear weapons, drastic control of arms sales).
Mr. Macron's goals are not angelic and still reflect old conceptions of power, but today a semantic breach has opened with these latest public statements by Emmanuel Macron.
So now what do we do?
Admittedly, we must continue to criticise NATO, its military spending and manoeuvres, but must we be satisfied with that? Or should we not rush into the debate that has just begun, to promote the idea of a "world without NATO"? To argue and work today, to show how much this "world without NATO" would be as safe and even more so than now, because it would be less militarized, more interdependent, more "humanized"! To work concretely on another foreign policy for our country.
If we do not, the half-opened debate will either be used by leaders like Emmanuel Macron who will lead it into a deadlock, or quickly closed by all those who finally take pleasure in the shackles inherited from the Cold War!
30/11/2019
Director of the Institute for Documentation and Research on Peace (IDRP)
https://culturedepaix.blogspot.com
Translated with www.DeepL.com/Translator (free version)
Le président Emmanuel Macron a lancé un pavé dans la mare politique européenne.
Qu'en penser sur le fond ? Quelle signification ? Quelles conclusions en tirer en termes de géostratégie ? Quelles enseignements en dégager pour ceux qui souhaitent construire une nouvelle politique étrangère de la France ?
"Mort cérébrale de l'OTAN", la formule est choisie pour faire le buzz et faire mouche. Le constat lui-même n'est pas vraiment original et ne surprend que ceux qui le voulaient bien, et préféraient continuer à crier au "loup-garou" OTAN pour critiquer Macron, accusé de "vouloir sauver le soldat OTAN". J'écrivais d'ailleurs sur mon blog, en parlant de l'OTAN, il y a quinze jours, "l'avenir de cette vieille organisation de la Guerre froide est de plus en plus contesté". Enfin, les Cahiers de l'IDRP, que j'ai le plaisir d'animer, ne publiaient-ils pas aussi en février dernier un article du spécialiste Olivier Kempf, intitulé "Des fins de l'Alliance à la fin de l'alliance ?".
En fait, la déclaration d'Emmanuel Macron est en cohérence avec ses déclarations précédentes sur la nécessité d'une Europe puissance, car le désintérêt américain pour la relation transatlantique lui semble inéluctable, d'Obama à Trump.
Le président de la République prend acte finalement, sur le fond, de la crise de légitimité profonde qui mine l'Alliance atlantique. Il le reconnaît crûment : "L’OTAN a été pensé comme ayant un ennemi : le Pacte de Varsovie. En 90, nous n’avons pas du tout réévalué ce projet géopolitique à l’aune de la disparition de l’ennemi initial".
Depuis trente ans, l'OTAN court après une nouvelle justification de son existence. Certains ont espéré en faire un bras armé de l'ONU, imposant la démocratie au-delà même de sa sphère initiale d'intervention, mais, en réalité, en agissant pour leurs intérêts propres. Or, aujourd'hui, les États-Unis estiment pouvoir se passer d'un outil finalement encombrant. Comme l'écrit le spécialiste Loîc Tassé, dans le Journal de Montréal : "les États-Unis ne veulent plus que les Européens utilisent l’OTAN pour interférer dans les affaires du Moyen-Orient et de l’Asie centrale. Les Américains disposent eux-mêmes pour cela d’un commandement militaire distinct, l’US Central Command. Les opérations passées de l’OTAN en Afghanistan et en Irak seraient ainsi, aux yeux des Américains, des exceptions".
La crise otanienne est d'autant plus aiguë que tous les conflits depuis l'an 2000 où des solutions militaires et non politiques ont été appliquées, sont dans l'impasse : Afghanistan, Irak, Lybie, Syrie, la liste est éclairante.
La "menace russe" ne convainct que ceux qui veulent être convaincus : la puissance russe d'aujourd'hui n'a rien à voir avec celle de l'Union soviétique des années 70, même si elle reste importante. Seuls quelques "porteurs d'eau", en quête de notoriété militaire, comme les généraux danois ou norvégiens tiennent à entretenir cette fiction pour justifier leur présence dans des sphères de commandement. Quant à "l'épouvantail russe" brandi par les chancelleries à l'Est, cela laisse dubitatif pour apprécier la part de réalité et la part de prétexte pour pour obtenir des soutiens matériels et financiers.
Ce n'est donc pas une hérésie de penser que le sens de l"histoire va vers la disparition de l'OTAN, comme pour toutes les alliances ou coalitions militaires du passé, lorsque le contexte initial de leur création est devenu obsolète.
La question est donc aujourd'hui : comment ? et quand ?Selon Emmanuel Macron, la solution pour l'Europe, "c’est de retrouver la souveraineté militaire" et de construire l’Europe de la défense – une Europe qui doit se doter d’une autonomie stratégique et capacitaire sur le plan militaire. C'est une impasse, car c'est vouloir répéter à un niveau un peu différent, les illusions d'un monde multipolaire, qui ne serait jamais une construction en équilibre, mais toujours en quête d'alliances et d'affrontements comme nous l'avons connu avant 1914.
Il faut avoir le courage d'affirmer que la stabilité mondiale et les grands équilibres, qu'ils soient militaires, économiques, ne peuvent se construire que dans un multilatéralisme mondial étendu, au sein des Nations unies, privilégiant le dialogue politique et l'approche positive des conflits. L'utilisation de la force ne pouvant qu'être exceptionnelle, dans le cadre de la protection de la communauté. Les questions de sécurité sur tous les continents gagneraient à être traitées à l'échelon régionale : la création de l'Union africaine n'a pas résolu tous les problèmes de sécurité du continent mais a aidé à leur prise en compte. le travail pour créer une "nouvelle architecture de sécurité", englobant la Russie, à l'échelle européenne comme le proposent le président Macron mais aussi d'autres personnalités pourrait être un vrai progrès pour la sécurité globale, bien mieux qu'une alliance militaire.
Certes, dans ce cadre multilatéral, l'UE pourrait jouer un rôle, non de "puissance d'équilibre", mais de "puissance tranquille" fournissant à l'ONU des outils tant militaires (transports de troupes, satellites d'observation, système de guidage, technologies de cyber-défense) que politiques (expérience de résolution de conflits, de consolidation de la paix).
Cela ne demanderait pas moins d'engagement politique, pour s'imposer (voir les efforts diplomatiques énormes nécessaires pour construire l'accord avec l'Iran) ou pour ne pas rééditer l'expérience de l'aéroport de Gaza, financé par l'UE, détruit par Israël, sans aucune représailles européennes !
Effort politique considérable, comme je l'ai déjà développé dans des billets précédents, à mener pour que la France et l'Europe soit en pointe pour la démilitarisation des relations internationales (interdiction de l'arme nucléaires), contrôle drastique des ventes d'armes.
Les buts de M. Macron ne sont pas angéliques et réflètent toujours de vieilles conceptions de pouvoir mais il n'empêche aujourd'hui qu'une brêche sémantique s'est ouverte avec ces dernières déclarations publiques d'Emmanuel Macron.
Alors maintenant que faire ?
Certes, il faut continuer à critiquer l'OTAN, ses dépenses militaires, ses manœuvres mais faut-il s'en contenter ? Ou ne faut-il pas s'engouffrer dans le débat qui vient de s'ouvrir, pour faire grandir l'idée d'un "monde sans OTAN" ? D'argumenter et travailler aujourd'hui, pour montrer combien, ce "monde sans OTAN" serait un monde aussi sûr et même plus que maintenant, car moins militarisé, plus interdépendant, plus "humanisé" donc ! De travailler concrètement à une autre politique étrangère pour notre pays.
Si nous ne le faisons pas, le débat entrouvert sera, soit utilisé par des dirigeants comme Emmanuel Macron qui le conduiront dans une impasse, soit vite refermé par tous ceux qui finalement se complaisent dans les carcans hérités de la guerre froide !
ENGLISH TRANSLATION BELOW
Should we think about the "post-NATO" period now?President Emmanuel Macron has thrown a paving stone into the European political pond.
What about the substance? What does that mean? What conclusions can be drawn from this in terms of geostrategy? What lessons can be learned for those who wish to build a new French foreign policy?
"NATO Brain Death", the formula is chosen to create a buzz and hit the nail on the head. The statement itself is not really original and only surprises those who wanted to, and preferred to continue to cry out to the NATO "werewolf" to criticize Macron, accused of "wanting to save the NATO soldier". I was writing on my blog a fortnight ago about NATO: "The future of this old Cold War organization is increasingly being challenged". Finally, didn't the IDRP Papers, which I have the pleasure of leading, also publish an article by specialist Olivier Kempf last February, entitled "From the end of the Alliance to the end of the alliance?
In fact, Emmanuel Macron's statement is in line with his previous statements on the need for a powerful Europe, because the American disinterest in the transatlantic relationship seems inevitable to him, from Obama to Trump.
Finally, the President of the Republic takes note, in substance, of the crisis of deep legitimacy that is undermining the Atlantic Alliance. He bluntly acknowledges it: "NATO was thought to have an enemy: the Warsaw Pact. In 1990, we did not reassess this geopolitical project at all in the light of the disappearance of the initial enemy.
For thirty years, NATO has been chasing after a new justification for its existence. Some have hoped to make it an armed arm of the United Nations, imposing democracy even beyond its initial sphere of intervention, but in reality acting in their own interests. Today, however, the United States believes that it can do without a tool that is ultimately cumbersome. As specialist Loîc Tassé writes in the Journal de Montréal: "The United States no longer wants Europeans to use NATO to interfere in the affairs of the Middle East and Central Asia. The Americans themselves have a separate military command for this purpose, the US Central Command. NATO's past operations in Afghanistan and Iraq would thus be exceptions in the eyes of the Americans.
The crisis in NATO is all the more acute as all the conflicts since 2000, where military and non-political solutions have been applied, have reached an impasse: Afghanistan, Iraq, Libya, Syria, the list is illuminating.
The "Russian threat" only convinces those who want to be convinced: today's Russian power has nothing to do with that of the Soviet Union in the 1970s, even if it remains important. Only a few "water carriers", in search of military notoriety, such as Danish or Norwegian generals, want to maintain this fiction to justify their presence in command spheres. As for the "Russian scarecrow" brandished by the chancelleries in the East, this leaves doubtful to appreciate the part of reality and the part of pretext for obtaining material and financial support.
It is therefore not a heresy to think that the meaning of history is heading towards the disappearance of NATO, as it was for all military alliances or coalitions in the past, when the initial context for their creation became obsolete.
The question today is therefore: how? and when? according to Emmanuel Macron, the solution for Europe is "to regain military sovereignty" and build an European defence system - a Europe that must acquire strategic and capability autonomy in the military field. It is a dead end, because it means wanting to repeat at a slightly different level, the illusions of a multipolar world, which would never be a balanced construction, but always in search of alliances and confrontations as we knew it before 1914.
We must have the courage to assert that global stability and the major balances, whether military or economic, can only be achieved through extensive global multilateralism within the United Nations, focusing on political dialogue and a positive approach to conflict. The use of force can only be exceptional, in the context of community protection. Security issues on all continents would benefit from being addressed at the regional level: the creation of the African Union has not solved all the continent's security problems but has helped to take them into account. The work to create a "new security architecture", including Russia, at the European level as proposed by President Macron but also by other personalities could be a real step forward for global security, much better than a military alliance.
Admittedly, in this multilateral framework, the EU could play a role, not as a "balancing power", but as a "quiet power" providing the UN with both military tools (troop transports, observation satellites, guidance systems, cyber defence technologies) and political tools (experience in conflict resolution, peacebuilding).
This would not require less political commitment, to impose itself (see the enormous diplomatic efforts needed to build the agreement with Iran) or not to repeat the experience of the Gaza airport, financed by the EU, destroyed by Israel, without any European reprisals!
A considerable political effort, as I have already developed in previous articles, to be made so that France and Europe are in the forefront of demilitarisation of international relations (ban on nuclear weapons, drastic control of arms sales).
Mr. Macron's goals are not angelic and still reflect old conceptions of power, but today a semantic breach has opened with these latest public statements by Emmanuel Macron.
So now what do we do?
Admittedly, we must continue to criticise NATO, its military spending and manoeuvres, but must we be satisfied with that? Or should we not rush into the debate that has just begun, to promote the idea of a "world without NATO"? To argue and work today, to show how much this "world without NATO" would be as safe and even more so than now, because it would be less militarized, more interdependent, more "humanized"! To work concretely on another foreign policy for our country.
If we do not, the half-opened debate will either be used by leaders like Emmanuel Macron who will lead it into a deadlock, or quickly closed by all those who finally take pleasure in the shackles inherited from the Cold War!
30/11/2019
Director of the Institute for Documentation and Research on Peace (IDRP)
https://culturedepaix.blogspot.com
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vendredi 1 novembre 2019
QUELLE ALTERNATIVE À LA POLITIQUE ÉTRANGÈRE MACRONIENNE ?
Le constat est largement partagé : : nous vivons une mutation de l'ordre international hérité des décennies de l'après-seconde guerre mondiale. Les États-Unis ne regardent plus prioritairement vers l'Europe. Depuis Obama jusqu'à Trump, ses partenaires ou adversaires privilégiés se situent du côté du Pacifique (Chine, Corée du Nord, par ex) et sa politique est guidée plus que jamais par ses propres intérêts ("America first"). La Russie de Poutine après la période d'effacement suite à l'implosion de l'URSS travaille à retrouver une influence nouvelle du Moyen-Orient à l'Afrique, tandis que la Chine mixte diplomatie commerciale, culturelle et implantations stratégiques au travers du gigantesque projet des "Routes de la soie". Ces repositionnements s'accompagnent de plus en plus de contournements des enceintes multilatérales, de l'ONU à l'OMC.
Un des aspects de ce monde polycentrique, est que, comme l'a dit Emmanuel Macron, lors de son discours aux ambassadeurs le 27 août 2019, "Nous sommes sans doute en train de vivre la fin de l'hégémonie occidentale sur le monde". Même si l'on peut douter de la totale emprise des hégémonies successives française, britannique et américaine de ces trois derniers siècles, comme le fait remarquer Bertrand Badie dans son dernier livre, "L'hégémonie contestée" (Odile Jacob - octobre 2019), la réalité est là : de nouvelles puissances émergent du côté de la Chine, de l'Inde, porteuses de frustrations sur la manière dont leurs aspirations spécifiques, leur culture, ont été traitées jusqu'alors.
Chaque gouvernement qui veut jouer un rôle dans ce monde est donc obligé de réfléchir aux nouvelles inflexions qu'il doit apporter à sa politique internationale. C'est le cas pour le gouvernement français : les discours du Président Macron depuis trois ans (à l'ONU, devant les ambassadeurs) montrent sa volonté de travailler quelques thématiques fondamentales.
Ce serait aussi le cas demain, en 2022, d'un gouvernement progressiste ou de gauche. Après les foucades de Nicolas Sarkozy, les compromissions et les tentations blairistes de François Hollande, les élaborations stratégiques d'Emmanuel Macron sont donc à prendre au sérieux même si c'est pour les critiquer.
Les questions qui se posent pour réinventer une nouvelle politique étrangère française sont de cet ordre : comment desserrer les contraintes de la mondialisation, exister sans s'effacer, se créer des marges de manoeuvre pour agir et porter ses valeurs, exploiter les potentialités ?
Pour tout gouvernement, que ce soit l'actuel ou un éventuel gouvernement de gauche, il doit se demander : quelle place et quelle influence pour la France ? Influencer qui ? comment ? pourquoi faire ? Quelles coopérations, avec qui et pour quoi faire ?Cela amène à réfléchir pour définir quels seraient les axes prioritaires d'une politique étrangère française progressiste. Quelles cohérences et inévitablement, quels rapports à la puissance commerciale ou militaire, donc par exemple à l'arme nucléaire ? Quelle articulation de la politique française avec l'Europe ? Quels axes pour défendre le multilatéralisme, établi en 1945 avec la charte des Nations unies et les structures onusiennes ?
À ces contraintes, le Président de la République depuis trois ans, travaille des réponses qu'il formule autour de ces axes : "sécurité, souveraineté, influence" qu'il développe dans la perspective d'une "Europe souveraine" et d'un "multilatéralisme renforcé".
Une caractéristique de la politique étrangère avancée par Emmanuel Macron est qu'elle soulève des pistes intéressantes, qu'elle questionne une politique de gauche sur des thématiques essentielles comme la volonté de renforcement du multilatéralisme ("L'initiative que nous porterons en marge de l'Assemblée Générale des Nations Unies avec cette alliance pour un nouveau multilatéralisme" - 2019), la place centrale de l'ONU ("L'organisation des Nations unies a toute légitimité pour agir et préserver les équilibres du monde » - 2017), la lutte contre les inégalités mondiales ("Qu’est-ce qui fait naître partout les crises ? Ce sont ces inégalités profondes que nous n’avons pas su régler" - 2018) et le soutien à la promotion des biens communs ("ancrer par les résultats une diplomatie des biens communs" - 2019).
Mais la seconde caractéristique de la politique étrangère macronienne, telle que revendiquée, est que ces orientations se heurtent à de fortes limites et contradictions internes.
La volonté de défendre un multilatéralisme fort se heurte ainsi forcément à la politique française de défense à tout prix de l'arme nucléaire, qui est l'arme "anti-multilatéralisme" par excellence puisqu'elle est porteuse de domination par essence, y compris dans le cadre du TNP.
La promotion d'une Europe souveraine et d'une Europe puissance est contradictoire avec une réelle promotion du rôle des Nations unies et va plus dans le sens d'un monde polycentrique, qui recréerait un "concert des nations" dont nous avons vu les conséquences funestes il y a cent ans.
Cette "construction-isolement" est renforcée par la référence étriquée à des valeurs de la France et de l'Europe qui en restent aux acquis du siècle des Lumières, à un humanisme vague. Emmanuel Macron hésite ou ne veut pas prendre en compte, l'héritage tout aussi important de la Révolution française, portant notamment la notion d'égalité, ainsi que les apports plus tard du mouvement ouvrier socialiste/communiste français et européen, qui fut le support de la notion de biens et de services publics. Se limiter à valoriser la seule dimension culturelle des spécificités françaises, alors que c'est sur ce plan que la diversité du monde éclate aujourd'hui, risque de se voir accusé de vouloir raviver la fameuse "arrogance française".
Un autre des grands écarts de la politique macronienne reste celui entre l'affirmation de principe de l'importance de la promotion des biens communs et la faible action concrète avec de maigres résultats décevants, menée par ce gouvernement, qui a été dénoncée vivement par les ONG, luttant contre le réchauffement climatique (se rappeler des deux millions de signatures contre l'inaction de la France).
Enfin, une notion intéressante - celle de mener une "politique d'équilibre" et de prôner une plus grande ouverture vers la Russie et la Chine - se heurte aux contraintes acceptées jusqu'à présent, de l'appartenance à l'OTAN, même si l'avenir de cette vieille organisation de la Guerre froide est de plus en plus contestée.
Énumérer ainsi les limites de la politique étrangère du Président actuel de la République, sans en cacher sottement les dimensions positives, n'est pas faire preuve ni de complaisance, ni à l'inverse, d'esprit négatif, chagrin ou malveillant. Cela a une utilité.
La liste des contraintes ou des contradictions de la politique macronienne pointe, en partie, quels points devraient être travaillés pour imaginer et construire une politique différente, progressiste et démocratique qui voudrait lever les verrous politiques et desserrer les contraintes institutionnelles, voire économiques.
À quoi pourrait ressembler cette liste ?
Renforcer le multilatéralisme dans le monde, c'est prendre des initiatives concrètes au sein de l'ONU, y compris en créant des coalitions ad'hoc : la France a tenté de mettre sur pied, depuis l'année dernière, dans sa démarche "nouveau multilatéralisme" plusieurs coalitions" ("respect du droit international humanitaire - sécurité et la confiance dans le cyberespace - information et démocratie - priorité à l’égalité - climat et sécurité - systèmes d’armes létaux autonomes").
Les mêmes tentatives pourraient être menées dans deux domaines sensibles ; l'interdiction des armes nucléaires et les ventes d'armes. Sur le premier point qui est le plus difficile pour une puissance nucléaire, la France pourrait créer un groupe des "États bienveillants pour le TIAN et le TNP" pour tenter de déblayer le terrain vers l'interdiction des armes nucléaires de la part de pays très réticents. Concernant le 2e point, celui des ventes d'armes, la France l'aborde surtout sous le biais de la défense des fabrications d'armements. Or, la diplomatie française pourrait être à l'initiative, en étant en conformité avec ses valeurs humanistes, d'un groupe de travail sur le renforcement drastique du contrôle en matière de transferts d'armement sur le plan des droits de l'homme, de protection des civils. Un tel contrôle n'aurait de valeur, bien sûr, qu'en l'accompagnant d'un vrai dispositif de sanctions pour le pays ou l'entité contrevenante sur les plans économiques et politiques. Cela devrait s'accompagner d'un plan industriel de réorganisation de la filière vers des fabrications civiles qui seraient tout aussi indispensables.
Ces efforts pour re-mettre en route une vraie démilitarisation du monde devraient être intégrés dans une large réflexion sur la sécurité en Europe et l'évolution de l'OTAN. Dans son discours aux ambassadeurs le 27 août dernier, Emmanuel Macron a déclaré vouloir "construire une nouvelle architecture de confiance et de sécurité en Europe, parce que le continent européen ne sera jamais stable, ne sera jamais en sécurité, si nous ne pacifions pas et ne clarifions pas nos relations avec la Russie". Il faut que les partisans d'une nouvelle politique étrangère française disent ouvertement "chiche", "just do it", et que ce projet avance concrètement, il y a urgence.
Une autre initiative de concertation internationale devrait être mise sur pied pour débloquer le processus de paix au Moyen-Orient entre Israéliens et Palestiniens, pour surmonter les obstacles mis par certains gouvernements comme celui de Trump.
Les biens communs à défendre que le Président Macron a listé en 2017 étaient au nombre de quatre : "notre planète, la paix, la justice et la liberté, la culture" ; en 2018, il y rajoutait "l’éducation de nos enfants, la santé des populations, les échanges commerciaux ou encore l’espace numérique".
Il est évident qu'il ne suffit pas de parler de ces enjeux en général et qu'il faut des initiatives concrètes. C'est vrai pour la consolidation de la paix par le recours au dialogue politique et non à la force a priori : ce fut le cas en 2015 avec le groupe des 8 pays pour mettre un terme à la crise iranienne. Mettre ensemble tous les États concernés par une crise régionale devrait être la règle. Même exigence d'actes concrets en termes de partenariat avec le "Sud". Certes, le président Macron a dit, concernant l'Afrique, qu'il fallait "réinventer un partenariat parce que nous nous avons parfois fait des erreurs dans le passé. Donc nous pouvons nous inspirer des erreurs faites et nous en instruire", mais l'expérience des dernières années des gouvernements successifs ne peut que nous rendre méfiants.
Surtout il est indispensable que ces initiatives en faveur du développement et de la réduction des inégalités abordent la question du contrôle des multinationales, qu'elles soient classiques ou nouvelles comme les GAFA.
C'est sur ce terrain, certes difficile, qu'un gouvernement de gauche pourrait faire la différence à condition qu'il ne se contente pas de "proclamations idéologiques" inefficaces et vite abandonnées, suivies d'un renoncement sous la pression des lobbies et des militaires, comme ce fut le cas lors des premiers mois du quinquennat Hollande..
Ce balayage des questions que je viens d'effectuer montre qu'une nouvelle influence réelle de la France peut se construire y compris sur des champs sensibles comme le militaire. Parmi les pays qui forment les Nations unies, il y a de grandes différences mais l'expérience des dernières années, notamment sur la question du désarmement, a montré que pouvaient se constituer des coalitions de pays aussi larges qu'inattendues. Il ya un second élément qu'il ne faut pas sous-estimer, c'est le rôle grandissant des acteurs non-étatiques : le président Macron s'en rend compte, c'est une des raisons qui l'a fait créer le "Forum de Paris pour la paix" les 11-13 novembre 2018, expérience renouvelée en 2019. N'a-t-il pas déclaré devant les ambassadeurs cet été, "ce travail avec la société civile, avec les intellectuels, les milieux académiques du monde entier, est essentiel si nous voulons rebâtir nous-mêmes, penser de manière juste les grands enjeux que j'évoquais, mais si nous voulons aussi avoir une action utile et les bons relais pour ce faire". CQFD. Comment ne pas penser qu'un gouvernement progressiste et donc à l'écoute de la société civile pourrait en faire, sans manipulation, une initiative encore plus porteuse d'ouverture et d'espoirs ?
En conclusion, je suis convaincu que le volontarisme d'Emmanuel Macron est à la fois un sujet de préoccupation, car il peut dévier dans des impasses inconsidérées (voir le bombardement sur la Syrie d'avril 2018 sans mandat explicite des Nations unies) et à la fois, une chance, car il oblige à la réflexion et au débat tous ceux qui pensent possible une politique étrangère alternative pour la France, basée sur un renforcement réel des initiatives multilatérales pour la paix et sur la relance de la démilitarisation des relations internationales.
01/11/2019
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dimanche 22 septembre 2019
TIAN (Traité d'interdiction des armes nucléaires) : dès maintenant, penser et préparer l'après ! - TPNW (Treaty on the Prohibition of Nuclear Weapons): From now on, think and prepare for the future!
*ENGLISH VERSION AT THE END OF THIS TEXT
La 74e session de l'Assemblée générale des Nations unies vient de s'ouvrir. Deux sujets dominent cette semaine les débats à New-York : le réchauffement climatique dès ce lundi et le désarmement nucléaire ce jeudi 26 septembre.
Sur ce dernier point, les débats ne pourront pas échapper à l'assombrissement de la situation internationale : crise de Corée du nord qui perdure, tension grandissante entre les États-Unis et l'Iran, dégradation des relations entre USA et Russie après la mise à l'encan du traité INF sur les missiles à moyenne portée, suivie par le lancement d'un nouveau missile par les USA. L'affaiblissement des mécanismes de régulation, des traités de contrôle des armements, plus la dégradation des relations de confiance entre les deux "Grands", ainsi que l'apparition de nouvelles technologies comme les cyber-attaques font dire aux spécialistes et anciens dirigeants américains, Ernest J. Moniz et Sam Nunn, que le risque d'un conflit nucléaire "accidentel" n'a jamais été aussi élevé.
Les échanges de ce jeudi 26 septembre à New-York auront aussi en toile de fond la préparation des positionnements des États avant la Conférence d'examen du TNP (Traité de non-prolifération nucléaire) qui aura lieu en mai 2020, soit 25 ans après la décision de prorogation indéfinie de ce Traité. Enfin, beaucoup de diplomates du désarmement penseront à la dynamique qui se développe progressivement autour de la ratification du TIAN (Traité d'interdiction des armes nucléaires). Celui-ci atteint maintenant la moitié des signatures de ratification nécessaires pour son entrée en vigueur. On peut penser que les fameuses 50 signatures seront obtenues justement avant l'ouverture de la Conférence du TNP. Nous serons donc dans une configuration inédite : l'apparition d'une nouvelle norme internationale en matière d'armes nucléaires, l'interdiction juridique, venant renforcer et donner substance à l'obligation déjà contenue dans l'article VI du TNP et jamais mise en oeuvre : "Chacune des Parties au Traité s'engage à poursuivre de bonne foi des négociations sur des mesures efficaces relatives à la cessation de la course aux armements nucléaires à une date rapprochée et au désarmement nucléaire et sur un traité de désarmement général et complet sous un contrôle international strict et efficace".
Un fossé irrémédiable se creusera-t-il entre les puissances nucléaires, officielles (les P5) et non-officielles (Corée du nord, Inde, Israël, Pakistan) et les États non-nucléaires dont l'immense majorité (122 pays) avaient voté en 2017 en faveur du fameux TIAN ? Les puissances nucléaires s'opposeront-elles au droit international et à l'interdiction des armes nucléaires au nom de la défense d'une "sécurité non-diminuée pour tous" ? Ce fossé avivera-t-il les tensions, néfastes à la paix que nous voulons renforcer ? L'enjeu est de taille !
Cette perspective ne doit-elle pas inciter toutes les forces attachées au désarmement, à la promotion de la paix, à réfléchir dès maintenant, voire même à travailler concrètement sur "l'après TIAN" ?
Certes, il ne s'agit pas de "vendre la peau de l'ours" avant de l'avoir tué ! Tous les efforts diplomatiques, politiques doivent continuer et s'intensifier pour que les conditions de l'entrée en vigueur du TIAN soient réunies au plus vite, dès le début de l'année 2020 mais, parallèlement, ne faut-il pas développer les débats pour rendre plus forte l'idée que l'interdiction des armes nucléaires RENFORCERA la sécurité collective et ne l'affaiblira pas, qu'elle permettra de construire un monde plus sûr parce que moins militarisé. Ce travail a certes commencé dans plusieurs colloques récents comme celui d'ICAN à Bruxelles le 14 septembre, mais cette réflexion doit, me semble-t-il, s'élargir.
La question centrale est bien sûr de créer les conditions pour que les puissances nucléaires adoptent une attitude plus ouverte vis à vis du TIAN, qu'elles relancent le processus de réduction du nombre d'armes nucléaires (d'abord américaines et russes, certes, mais en trouvant un moyen d'y associer les autres pays nucléaires) même si elles ne signent pas toute de suite le Traité. Il faut faire pression pour qu'elles acceptent de favoriser la finalisation et l'entrée en vigueur de deux traités nucléaires, "annexes" mais essentiels : le Traité d'interdiction des essais nucléaires (TICE) déjà ratifié par 168 États, mais dont cinq pays "bloquent" l'entrée en vigueur (Chine, Égypte, États-Unis, Iran, Israël) ; le Traité sur l'interdiction de fabrication et la destruction des stocks de matières fissiles (FMCT) en panne à la Conférence du désarmement de Genève.
Il est vital de faire grandir dans les opinions que le choix n'est pas TIAN ou TNP comme le prône un État nucléaire comme la France, mais TIAN ET TNP.
Des États nucléaires comme la France et la Chine pourraient jouer un rôle de "facilitateurs" entre ces deux positionnements puisque les doctrines officielles des deux pays proclament ne menacer personne.
Les mesures proposées par de nombreux experts visant à rétablir la confiance et des échanges entres États-Unis et Russie, l'allongement des temps de réponse des missiles, la relance du Traité de réduction des missiles NEW START, la négociation d'une feuille de route impliquant toutes les puissances nucléaires liée au renforcement des mesures de garantie et de contrôle prévues dans le TNP, toutes ces mesures ne s'opposent pas aux positions défendues publiquement par ces deux États.
L'année 2020 sera cruciale pour que TNP et TIAN soient vus comme complémentaires et non opposés, pour que cette connexion entre ces deux Traités soit la base d'une nouvelle "assurance vie" pour tous les États, grands ou petits, de la planète.
Les militants français pour le désarmement, militants associatifs, militants politiques, ont une responsabilité particulière. La première est de rendre crédible dans l'opinion que la meilleure posture internationale pour la France est d'être en pointe pour la démilitarisation des relations internationales, notamment par le désarmement nucléaire, de jouer un rôle de "puissance positive", tout comme elle se veut en pointe pour la lutte contre le réchauffement climatique. Le président Macron affirme haut et fort que seul le multilatéralisme peut permettre un monde viable. Pour être crédible dans cette position, il doit ré-orienter les positions françaises en matière de relance du désarmement nucléaire. Par exemple, il s'honorerait en décidant que la France participera comme observatrice à la future conférence du TIAN en 2020.
La deuxième responsabilité des militants français est d'améliorer la mobilisation citoyenne en France pour le désarmement nucléaire. Certes, sur une interrogation globale, en 2018, 67% des Français se déclaraient favorables à la signature par la France d'un TIAN (IFOP - La Croix - Mouvement de la paix). Ce chiffre s'opposait à ceux publiés en 2017 par le Ministère des armées, qui estimaient que 60 % des sondés souhaitaient moderniser les forces nucléaires. Chiffres préoccupants aussi que ceux publiés par les chercheurs Benoît Pelopidas et Frédéric Ramel dans un sondage de 2018 qui montrent de grosses lacunes dans la connaissance des Français des armes nucléaires : ainsi "31% des sondés en France ne citent pas la France comme État doté d’armes nucléaires et 77% des sondés nous disent ne pas savoir combien il y a d’armes nucléaires dans le pays. Enfin, alors que les États-Unis et la Russie possèdent plus de 92% des armes nucléaires sur la planète, seuls 64% des sondés Français les citent comme États dotés ; moins de 25% citent l’Inde et le Pakistan. A contrario, plus de 35% citent l’Iran comme déjà doté d’armes nucléaires, reflétant la focalisation commune aux journalistes, experts et officiels français sur l’Iran comme problème de prolifération depuis 2006" (Humanité du 6/08/2019).
La création d'un courant d'opinion suffisamment puissant et efficace pour influencer la politique française en matière de dissuasion nucléaire a certes une dimension de mobilisation militante, et donc souvent simplificatrice, mais aussi, il y a un besoin urgent de faire un effort nouveau en matière "d'éducation populaire de masse" sur le nucléaire militaire.
Alors, oui, les partisans français de l'élimination complète des armes nucléaires sont, 70 ans après le fameux meeting de Pleyel, à Paris, qui lança le mouvement anti-nucléaire, devant une période passionnante : remporter avec la communauté mondiale une première victoire celle d'un Traité d'élimination des armes nucléaires, et, dès maintenant, penser "l'après", pour construire sa réussite, c'est-à-dire, la disparition concrète, organisée, de l'arme nucléaire.
***********************
*ENGLISH VERSION
The 74th session of the United Nations General Assembly has just opened. Two topics dominate the debates in New York this week: global warming on Monday and nuclear disarmament on Thursday, September 26.
On the latter point, the debates will not be able to escape the darkening of the international situation: the ongoing crisis in North Korea, the growing tension between the United States and Iran, the deterioration of relations between the United States and Russia after the INF Treaty on medium-range missiles was put up for auction, followed by the launch of a new missile by the United States. The weakening of regulatory mechanisms, arms control treaties, plus the deterioration of trust between the two "Great Ones", as well as the emergence of new technologies such as cyber attacks, have led American specialists and former leaders Ernest J. Moniz and Sam Nunn to say that the risk of an "accidental" nuclear conflict has never been higher.
The discussions on Thursday, September 26 in New York will also take place against the backdrop of the preparation of States' positions before the NPT (Nuclear Non-Proliferation Treaty) Review Conference in May 2020, 25 years after the decision to extend the Treaty indefinitely. Finally, many disarmament diplomats will think of the dynamic that is gradually developing around the ratification of the NPT (Nuclear Weapons Ban Treaty). It now reaches half of the ratification signatures required for its entry into force. It is expected that the famous 50 signatures will be obtained just before the opening of the NPT Conference. We will therefore be in a new configuration: the emergence of a new international norm on nuclear weapons, the legal prohibition, reinforcing and giving substance to the obligation already contained in article VI of the NPT and never implemented: "Each Party to the Treaty undertakes to pursue negotiations in good faith on effective measures relating to cessation of the nuclear arms race at an early date and nuclear disarmament and on a treaty on general and complete disarmament under strict and effective international control".
Will an irremediable gap widen between the official (P5) and unofficial (North Korea, India, Israel, Pakistan) nuclear powers and the non-nuclear states, the vast majority of which (122 countries) voted in 2017 in favour of the famous NPT? Will the nuclear powers oppose international law and the prohibition of nuclear weapons in the name of defending "undiminished security for all"? Will this gap increase the tensions that are harmful to the peace we want to strengthen? The stakes are high!
Shouldn't this perspective encourage all the forces committed to disarmament, peacebuilding, to think now, and even to work concretely on the "post-NATO" period?
Of course, it is not a question of "selling the bear's skin" before killing it! All diplomatic and political efforts must continue and intensify so that the conditions for the entry into force of the NPT are met as soon as possible, from the beginning of 2020, but, at the same time, should we not develop the debates to strengthen the idea that the prohibition of nuclear weapons will STRENGTHEN collective security and will not weaken it, that it will make it possible to build a more secure world because it is less militarized. This work has certainly begun in several recent symposia such as ICAN's in Brussels on 14 September, but this reflection must, it seems to me, be broadened.
The central issue is of course to create the conditions for the nuclear powers to adopt a more open attitude towards the NPT, to relaunch the process of reducing the number of nuclear weapons (first of all American and Russian, of course, but by finding a way to involve the other nuclear countries) even if they do not immediately sign the Treaty. Pressure must be put on them to agree to promote the finalization and entry into force of two nuclear treaties, which are "annexes" but essential: the Nuclear-Test-Ban Treaty (CTBT) already ratified by 168 States, but with five countries "blocking" its entry into force (China, Egypt, Iran, Israel, United States); and the FMCT, which is inoperative at the Geneva Conference on Disarmament.
It is vital to raise awareness that the choice is not TIAN or NPT as advocated by a nuclear state like France, but TIAN AND NPT.
Nuclear states such as France and China could play a role as "facilitators" between these two positions since the official doctrines of both countries proclaim that they do not threaten anyone.
The proposed measures
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La 74e session de l'Assemblée générale des Nations unies vient de s'ouvrir. Deux sujets dominent cette semaine les débats à New-York : le réchauffement climatique dès ce lundi et le désarmement nucléaire ce jeudi 26 septembre.
Sur ce dernier point, les débats ne pourront pas échapper à l'assombrissement de la situation internationale : crise de Corée du nord qui perdure, tension grandissante entre les États-Unis et l'Iran, dégradation des relations entre USA et Russie après la mise à l'encan du traité INF sur les missiles à moyenne portée, suivie par le lancement d'un nouveau missile par les USA. L'affaiblissement des mécanismes de régulation, des traités de contrôle des armements, plus la dégradation des relations de confiance entre les deux "Grands", ainsi que l'apparition de nouvelles technologies comme les cyber-attaques font dire aux spécialistes et anciens dirigeants américains, Ernest J. Moniz et Sam Nunn, que le risque d'un conflit nucléaire "accidentel" n'a jamais été aussi élevé.
Les échanges de ce jeudi 26 septembre à New-York auront aussi en toile de fond la préparation des positionnements des États avant la Conférence d'examen du TNP (Traité de non-prolifération nucléaire) qui aura lieu en mai 2020, soit 25 ans après la décision de prorogation indéfinie de ce Traité. Enfin, beaucoup de diplomates du désarmement penseront à la dynamique qui se développe progressivement autour de la ratification du TIAN (Traité d'interdiction des armes nucléaires). Celui-ci atteint maintenant la moitié des signatures de ratification nécessaires pour son entrée en vigueur. On peut penser que les fameuses 50 signatures seront obtenues justement avant l'ouverture de la Conférence du TNP. Nous serons donc dans une configuration inédite : l'apparition d'une nouvelle norme internationale en matière d'armes nucléaires, l'interdiction juridique, venant renforcer et donner substance à l'obligation déjà contenue dans l'article VI du TNP et jamais mise en oeuvre : "Chacune des Parties au Traité s'engage à poursuivre de bonne foi des négociations sur des mesures efficaces relatives à la cessation de la course aux armements nucléaires à une date rapprochée et au désarmement nucléaire et sur un traité de désarmement général et complet sous un contrôle international strict et efficace".
Un fossé irrémédiable se creusera-t-il entre les puissances nucléaires, officielles (les P5) et non-officielles (Corée du nord, Inde, Israël, Pakistan) et les États non-nucléaires dont l'immense majorité (122 pays) avaient voté en 2017 en faveur du fameux TIAN ? Les puissances nucléaires s'opposeront-elles au droit international et à l'interdiction des armes nucléaires au nom de la défense d'une "sécurité non-diminuée pour tous" ? Ce fossé avivera-t-il les tensions, néfastes à la paix que nous voulons renforcer ? L'enjeu est de taille !
Cette perspective ne doit-elle pas inciter toutes les forces attachées au désarmement, à la promotion de la paix, à réfléchir dès maintenant, voire même à travailler concrètement sur "l'après TIAN" ?
Certes, il ne s'agit pas de "vendre la peau de l'ours" avant de l'avoir tué ! Tous les efforts diplomatiques, politiques doivent continuer et s'intensifier pour que les conditions de l'entrée en vigueur du TIAN soient réunies au plus vite, dès le début de l'année 2020 mais, parallèlement, ne faut-il pas développer les débats pour rendre plus forte l'idée que l'interdiction des armes nucléaires RENFORCERA la sécurité collective et ne l'affaiblira pas, qu'elle permettra de construire un monde plus sûr parce que moins militarisé. Ce travail a certes commencé dans plusieurs colloques récents comme celui d'ICAN à Bruxelles le 14 septembre, mais cette réflexion doit, me semble-t-il, s'élargir.
La question centrale est bien sûr de créer les conditions pour que les puissances nucléaires adoptent une attitude plus ouverte vis à vis du TIAN, qu'elles relancent le processus de réduction du nombre d'armes nucléaires (d'abord américaines et russes, certes, mais en trouvant un moyen d'y associer les autres pays nucléaires) même si elles ne signent pas toute de suite le Traité. Il faut faire pression pour qu'elles acceptent de favoriser la finalisation et l'entrée en vigueur de deux traités nucléaires, "annexes" mais essentiels : le Traité d'interdiction des essais nucléaires (TICE) déjà ratifié par 168 États, mais dont cinq pays "bloquent" l'entrée en vigueur (Chine, Égypte, États-Unis, Iran, Israël) ; le Traité sur l'interdiction de fabrication et la destruction des stocks de matières fissiles (FMCT) en panne à la Conférence du désarmement de Genève.
Il est vital de faire grandir dans les opinions que le choix n'est pas TIAN ou TNP comme le prône un État nucléaire comme la France, mais TIAN ET TNP.
Des États nucléaires comme la France et la Chine pourraient jouer un rôle de "facilitateurs" entre ces deux positionnements puisque les doctrines officielles des deux pays proclament ne menacer personne.
Les mesures proposées par de nombreux experts visant à rétablir la confiance et des échanges entres États-Unis et Russie, l'allongement des temps de réponse des missiles, la relance du Traité de réduction des missiles NEW START, la négociation d'une feuille de route impliquant toutes les puissances nucléaires liée au renforcement des mesures de garantie et de contrôle prévues dans le TNP, toutes ces mesures ne s'opposent pas aux positions défendues publiquement par ces deux États.
L'année 2020 sera cruciale pour que TNP et TIAN soient vus comme complémentaires et non opposés, pour que cette connexion entre ces deux Traités soit la base d'une nouvelle "assurance vie" pour tous les États, grands ou petits, de la planète.
Les militants français pour le désarmement, militants associatifs, militants politiques, ont une responsabilité particulière. La première est de rendre crédible dans l'opinion que la meilleure posture internationale pour la France est d'être en pointe pour la démilitarisation des relations internationales, notamment par le désarmement nucléaire, de jouer un rôle de "puissance positive", tout comme elle se veut en pointe pour la lutte contre le réchauffement climatique. Le président Macron affirme haut et fort que seul le multilatéralisme peut permettre un monde viable. Pour être crédible dans cette position, il doit ré-orienter les positions françaises en matière de relance du désarmement nucléaire. Par exemple, il s'honorerait en décidant que la France participera comme observatrice à la future conférence du TIAN en 2020.
La deuxième responsabilité des militants français est d'améliorer la mobilisation citoyenne en France pour le désarmement nucléaire. Certes, sur une interrogation globale, en 2018, 67% des Français se déclaraient favorables à la signature par la France d'un TIAN (IFOP - La Croix - Mouvement de la paix). Ce chiffre s'opposait à ceux publiés en 2017 par le Ministère des armées, qui estimaient que 60 % des sondés souhaitaient moderniser les forces nucléaires. Chiffres préoccupants aussi que ceux publiés par les chercheurs Benoît Pelopidas et Frédéric Ramel dans un sondage de 2018 qui montrent de grosses lacunes dans la connaissance des Français des armes nucléaires : ainsi "31% des sondés en France ne citent pas la France comme État doté d’armes nucléaires et 77% des sondés nous disent ne pas savoir combien il y a d’armes nucléaires dans le pays. Enfin, alors que les États-Unis et la Russie possèdent plus de 92% des armes nucléaires sur la planète, seuls 64% des sondés Français les citent comme États dotés ; moins de 25% citent l’Inde et le Pakistan. A contrario, plus de 35% citent l’Iran comme déjà doté d’armes nucléaires, reflétant la focalisation commune aux journalistes, experts et officiels français sur l’Iran comme problème de prolifération depuis 2006" (Humanité du 6/08/2019).
La création d'un courant d'opinion suffisamment puissant et efficace pour influencer la politique française en matière de dissuasion nucléaire a certes une dimension de mobilisation militante, et donc souvent simplificatrice, mais aussi, il y a un besoin urgent de faire un effort nouveau en matière "d'éducation populaire de masse" sur le nucléaire militaire.
Alors, oui, les partisans français de l'élimination complète des armes nucléaires sont, 70 ans après le fameux meeting de Pleyel, à Paris, qui lança le mouvement anti-nucléaire, devant une période passionnante : remporter avec la communauté mondiale une première victoire celle d'un Traité d'élimination des armes nucléaires, et, dès maintenant, penser "l'après", pour construire sa réussite, c'est-à-dire, la disparition concrète, organisée, de l'arme nucléaire.
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*ENGLISH VERSION
The 74th session of the United Nations General Assembly has just opened. Two topics dominate the debates in New York this week: global warming on Monday and nuclear disarmament on Thursday, September 26.
On the latter point, the debates will not be able to escape the darkening of the international situation: the ongoing crisis in North Korea, the growing tension between the United States and Iran, the deterioration of relations between the United States and Russia after the INF Treaty on medium-range missiles was put up for auction, followed by the launch of a new missile by the United States. The weakening of regulatory mechanisms, arms control treaties, plus the deterioration of trust between the two "Great Ones", as well as the emergence of new technologies such as cyber attacks, have led American specialists and former leaders Ernest J. Moniz and Sam Nunn to say that the risk of an "accidental" nuclear conflict has never been higher.
The discussions on Thursday, September 26 in New York will also take place against the backdrop of the preparation of States' positions before the NPT (Nuclear Non-Proliferation Treaty) Review Conference in May 2020, 25 years after the decision to extend the Treaty indefinitely. Finally, many disarmament diplomats will think of the dynamic that is gradually developing around the ratification of the NPT (Nuclear Weapons Ban Treaty). It now reaches half of the ratification signatures required for its entry into force. It is expected that the famous 50 signatures will be obtained just before the opening of the NPT Conference. We will therefore be in a new configuration: the emergence of a new international norm on nuclear weapons, the legal prohibition, reinforcing and giving substance to the obligation already contained in article VI of the NPT and never implemented: "Each Party to the Treaty undertakes to pursue negotiations in good faith on effective measures relating to cessation of the nuclear arms race at an early date and nuclear disarmament and on a treaty on general and complete disarmament under strict and effective international control".
Will an irremediable gap widen between the official (P5) and unofficial (North Korea, India, Israel, Pakistan) nuclear powers and the non-nuclear states, the vast majority of which (122 countries) voted in 2017 in favour of the famous NPT? Will the nuclear powers oppose international law and the prohibition of nuclear weapons in the name of defending "undiminished security for all"? Will this gap increase the tensions that are harmful to the peace we want to strengthen? The stakes are high!
Shouldn't this perspective encourage all the forces committed to disarmament, peacebuilding, to think now, and even to work concretely on the "post-NATO" period?
Of course, it is not a question of "selling the bear's skin" before killing it! All diplomatic and political efforts must continue and intensify so that the conditions for the entry into force of the NPT are met as soon as possible, from the beginning of 2020, but, at the same time, should we not develop the debates to strengthen the idea that the prohibition of nuclear weapons will STRENGTHEN collective security and will not weaken it, that it will make it possible to build a more secure world because it is less militarized. This work has certainly begun in several recent symposia such as ICAN's in Brussels on 14 September, but this reflection must, it seems to me, be broadened.
The central issue is of course to create the conditions for the nuclear powers to adopt a more open attitude towards the NPT, to relaunch the process of reducing the number of nuclear weapons (first of all American and Russian, of course, but by finding a way to involve the other nuclear countries) even if they do not immediately sign the Treaty. Pressure must be put on them to agree to promote the finalization and entry into force of two nuclear treaties, which are "annexes" but essential: the Nuclear-Test-Ban Treaty (CTBT) already ratified by 168 States, but with five countries "blocking" its entry into force (China, Egypt, Iran, Israel, United States); and the FMCT, which is inoperative at the Geneva Conference on Disarmament.
It is vital to raise awareness that the choice is not TIAN or NPT as advocated by a nuclear state like France, but TIAN AND NPT.
Nuclear states such as France and China could play a role as "facilitators" between these two positions since the official doctrines of both countries proclaim that they do not threaten anyone.
The proposed measures
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lundi 1 avril 2019
Europe III - L'OTAN a 70 ans : faut-il euthanasier la "vieille dame" ?
Jeudi 4 avril, l'OTAN fête son 70e anniversaire. Le 4 avril 1949, fut signé à Washington, le Traité de l'Atlantique nord qui a créé l'organisation du même nom. Les pays occidentaux regroupés autour des États-Unis estimaient devoir s'allier pour faire face à une supposée menace soviétique. En riposte, six ans plus tard, l'URSS et les pays du bloc de l'Est signeront un traité d'alliance comparable : le Pacte de Varsovie.
Le Traité de l'Atlantique nord était très encadré juridiquement. Dans son article 1, il affirmait respecter la Charte des Nations unies : "Les parties s’engagent, ainsi qu’il est stipulé dans la Charte des Nations Unies, à régler par des moyens pacifiques tous différends internationaux dans lesquels elles pourraient être impliquées, de telle manière que la paix et la sécurité internationales, ainsi que la justice, ne soient pas mises en danger, et à s’abstenir dans leurs relations internationales de recourir à la menace ou à l’emploi de la force de toute manière incompatible avec les buts des Nations Unies". Il s'engageait également à n'utiliser la force qu'en cas de légitime défense et ce, seulement, jusqu'à la saisine du Conseil de sécurité (article 51 de la Charte) : "Ces mesures [emploi de la force] prendront fin quand le Conseil de Sécurité aura pris les mesures nécessaires pour rétablir et maintenir la paix et la sécurité internationales".
Ce prétexte de la "légitime défense" et cette stricte soumission théorique de départ de l'OTAN au droit international et à l'ONU explique qu'à la fin de la guerre froide et après la dissolution du Pacte de Varsovie et la disparition de la "menace" soviétique, le maintien de l'OTAN a perdu l'essentiel de sa légitimité. Mais, depuis, les déclarations de ses dirigeants à plusieurs sommets de l'organisation, visant à élargir sa mission hors de sa zone géographique d'origine, à y inclure la défense d'intérêts dits vitaux comme les sources d'énergies, à y faire rentrer comme le propose Donald Trump des pays comme le Brésil de Bolsonaro ou les Philipines de Duarte, ouvrent une crise, non seulement de légitimité mais même de confiance parmi les États membres. Cette crise est aggravée par la position des États-Unis qui oscillent entre faire de l'OTAN un gendarme mondial, ou mener leur propre jeu militaire international sans leurs alliés, notamment dans les relations avec la Russie.
Les déclarations alarmistes des partisans otaniens se multiplient : «Ce qui préoccupe les Européens est de savoir si l'engagement des États-Unis est pérenne», a souligné la ministre de la Défense, Mme Parly, lors d'une visite à Washington ; «L'alliance ne devrait pas être soumise à des conditions, sinon ce n'est pas une alliance».
«Feu l’Otan ?», écrit le journaliste Frédéric Charillon dans l'Opinion. C'est "Une remise en question des alliances comme l’OTAN" écrit le spécialiste canadien, Gilles Vandal.
Alors, que faire de la "vieille dame" ? Faut-il sauver le "soldat OTAN" ? Faut-il directement "l'euthanasier" ou faut-il accompagner sa "fin de vie" qui semble inéluctable ?
Ne faut-il pas profiter de cette période pour approfondir le débat ?
En France, depuis trente ans, deux niveaux d'options sont posées : la première, pour certains militants de gauche, dans laquelle le but essentiel serait de sortir unilatéralement de l'OTAN. Pourquoi pas ? Mais si l'organisation continue de jouer le même rôle, qu'aura-t-on gagné pour la paix mondiale ? Le rappel à De Gaulle ne tient pas : celui-ci avait sorti la France, non de l'OTAN mais de son commandement intégré, non pas pour mener une politique de paix mais pour pouvoir développer tranquillement les forces nucléaires nucléaires ! Si l'on pense que les armes nucléaires doivent être interdites, ce n'est pas une référence donc.
Deuxième option en débat dans la gauche française : obtenir la dissolution de l'OTAN. C'est l'option défendue chez les communistes et les écologistes, ainsi que chez quelques socialistes. Mais la réalité des trois dernières décennies montre qu'il ne suffit pas de proclamer cet objectif dans une grande déclaration rituelle de fin de Congrès ou une manifestation annuelle pour faire avancer l'idée.
Malgré la crise évidente de cette alliance, le consensus ou le rapport de forces n'existe pas pour "débrancher le tuyau" d'un coup. L'impératif est de modifier le contexte de sécurité de la planète et de notre continent européen. Le premier enjeu est d'ôter le maximum "d'allumettes et d'engins incendiaires" hors de la portée de main de notre "malade". C'est pourquoi la lutte pour obtenir l'interdiction et l'élimination des armes nucléaires est primordiale. Comme le fait remarquer un des responsables de l'association IDN, Marc Finaud, mettre "l’accent sur l’urgence de réduire le risque de guerre nucléaire en vue d’un « désarmement multilatéral, progressif et contrôlé » aura forcément une incidence sur l’OTAN".
L'Union européenne, les futurs élus européens, les organisations luttant pour la paix, peuvent peser en obtenant l'annulation de la mise en cause du Traité INF, en défendant l’accord sur le nucléaire iranien (JCPOA), en proposant des initiatives de relance du dialogue indispensable avec la Russie avec la tenue par exemple d'une nouvelle conférence européenne, type Helsinki II. De même l'Union européenne doit parler fortement pour relancer les discussions pour renouer le dialogue israélo-palestinien, en s'opposant à la reconnaissance illégale par les USA d'une quelconque souveraineté israélienne sur le plateau du Golan et en reconnaissant l'État de Palestine.
Plus que jamais est posé cet enjeu, comme l'écrit le spécialiste Hans Christof Von Sponeck dans "Horizons et débats" du 5 février 2009 : "Celui qui veut servir la paix et la réduction des conflits doit suivre le chemin multilatéral rocailleux de l’ONU et éviter le chemin aplani de l’OTAN".
Comme je l'ai écrit dans le dernier billet de mon blog (https://culturedepaix.blogspot.com/2019/03/europe-ouvrir-les-fenetres.html), "c'est sur le terrain de la coopération renforcée avec l'ONU que devrait exister un grand projet européen de consolidation de la paix mondiale par la participation plus active de l'Union européenne à la prévention des conflits, à la limitation du commerce des armes, à la diffusion à grande échelle d'une éducation et d'une culture de la paix". C'est cet objectif qui doit être la priorité européenne de la prochaine décennie et non l'illusoire projet d'une défense européenne. Celle-ci voudrait essayer de faire jouer à l'Europe le rôle de l'OTAN dans une vision dépassée du monde : un monde des puissances rivales et de la guerre finale assurée et non un monde de coopération complexe, difficile à construire mais qui reste la seule issue viable pour l'humanité.
Il est évident que c'est donc en modifiant ainsi profondément le contexte de sécurité mondial que l'OTAN perdra définitivement sa raison d'être et que "la machine" pourra "être débranchée". Saut dans l'inconnu, report aux calendes grecques ? Pas sûr ! Le monde actuel est plein de contradictions : en Europe, n'assiste-t-on pas à ce paradoxe ? L'Allemagne, la fidèle alliée de Washington, refuse d'augmenter ses dépenses militaires car elle préfère garder ces crédits pour l'aide au développement ! Et elle bloque pour six mois toute vente d'armes à l'Arabie saoudite, provoquant ainsi la colère française ! Si les opinions publiques augmentaient leur pression sur le terrain de la paix comme elles le font actuellement sur le plan de la lutte contre le réchauffement climatique, quelles nouvelles perspectives s'ouvriraient ! Il ne s'agit pas là d'un voeu pieux mais d'un appel à une prise de conscience lucide à tous ceux, capables d'avoir le courage d'assumer les choix nécessaires pour la paix de notre planète.
Le Traité de l'Atlantique nord était très encadré juridiquement. Dans son article 1, il affirmait respecter la Charte des Nations unies : "Les parties s’engagent, ainsi qu’il est stipulé dans la Charte des Nations Unies, à régler par des moyens pacifiques tous différends internationaux dans lesquels elles pourraient être impliquées, de telle manière que la paix et la sécurité internationales, ainsi que la justice, ne soient pas mises en danger, et à s’abstenir dans leurs relations internationales de recourir à la menace ou à l’emploi de la force de toute manière incompatible avec les buts des Nations Unies". Il s'engageait également à n'utiliser la force qu'en cas de légitime défense et ce, seulement, jusqu'à la saisine du Conseil de sécurité (article 51 de la Charte) : "Ces mesures [emploi de la force] prendront fin quand le Conseil de Sécurité aura pris les mesures nécessaires pour rétablir et maintenir la paix et la sécurité internationales".
Ce prétexte de la "légitime défense" et cette stricte soumission théorique de départ de l'OTAN au droit international et à l'ONU explique qu'à la fin de la guerre froide et après la dissolution du Pacte de Varsovie et la disparition de la "menace" soviétique, le maintien de l'OTAN a perdu l'essentiel de sa légitimité. Mais, depuis, les déclarations de ses dirigeants à plusieurs sommets de l'organisation, visant à élargir sa mission hors de sa zone géographique d'origine, à y inclure la défense d'intérêts dits vitaux comme les sources d'énergies, à y faire rentrer comme le propose Donald Trump des pays comme le Brésil de Bolsonaro ou les Philipines de Duarte, ouvrent une crise, non seulement de légitimité mais même de confiance parmi les États membres. Cette crise est aggravée par la position des États-Unis qui oscillent entre faire de l'OTAN un gendarme mondial, ou mener leur propre jeu militaire international sans leurs alliés, notamment dans les relations avec la Russie.
Les déclarations alarmistes des partisans otaniens se multiplient : «Ce qui préoccupe les Européens est de savoir si l'engagement des États-Unis est pérenne», a souligné la ministre de la Défense, Mme Parly, lors d'une visite à Washington ; «L'alliance ne devrait pas être soumise à des conditions, sinon ce n'est pas une alliance».
«Feu l’Otan ?», écrit le journaliste Frédéric Charillon dans l'Opinion. C'est "Une remise en question des alliances comme l’OTAN" écrit le spécialiste canadien, Gilles Vandal.
Alors, que faire de la "vieille dame" ? Faut-il sauver le "soldat OTAN" ? Faut-il directement "l'euthanasier" ou faut-il accompagner sa "fin de vie" qui semble inéluctable ?
Ne faut-il pas profiter de cette période pour approfondir le débat ?
En France, depuis trente ans, deux niveaux d'options sont posées : la première, pour certains militants de gauche, dans laquelle le but essentiel serait de sortir unilatéralement de l'OTAN. Pourquoi pas ? Mais si l'organisation continue de jouer le même rôle, qu'aura-t-on gagné pour la paix mondiale ? Le rappel à De Gaulle ne tient pas : celui-ci avait sorti la France, non de l'OTAN mais de son commandement intégré, non pas pour mener une politique de paix mais pour pouvoir développer tranquillement les forces nucléaires nucléaires ! Si l'on pense que les armes nucléaires doivent être interdites, ce n'est pas une référence donc.
Deuxième option en débat dans la gauche française : obtenir la dissolution de l'OTAN. C'est l'option défendue chez les communistes et les écologistes, ainsi que chez quelques socialistes. Mais la réalité des trois dernières décennies montre qu'il ne suffit pas de proclamer cet objectif dans une grande déclaration rituelle de fin de Congrès ou une manifestation annuelle pour faire avancer l'idée.
Malgré la crise évidente de cette alliance, le consensus ou le rapport de forces n'existe pas pour "débrancher le tuyau" d'un coup. L'impératif est de modifier le contexte de sécurité de la planète et de notre continent européen. Le premier enjeu est d'ôter le maximum "d'allumettes et d'engins incendiaires" hors de la portée de main de notre "malade". C'est pourquoi la lutte pour obtenir l'interdiction et l'élimination des armes nucléaires est primordiale. Comme le fait remarquer un des responsables de l'association IDN, Marc Finaud, mettre "l’accent sur l’urgence de réduire le risque de guerre nucléaire en vue d’un « désarmement multilatéral, progressif et contrôlé » aura forcément une incidence sur l’OTAN".
L'Union européenne, les futurs élus européens, les organisations luttant pour la paix, peuvent peser en obtenant l'annulation de la mise en cause du Traité INF, en défendant l’accord sur le nucléaire iranien (JCPOA), en proposant des initiatives de relance du dialogue indispensable avec la Russie avec la tenue par exemple d'une nouvelle conférence européenne, type Helsinki II. De même l'Union européenne doit parler fortement pour relancer les discussions pour renouer le dialogue israélo-palestinien, en s'opposant à la reconnaissance illégale par les USA d'une quelconque souveraineté israélienne sur le plateau du Golan et en reconnaissant l'État de Palestine.
Plus que jamais est posé cet enjeu, comme l'écrit le spécialiste Hans Christof Von Sponeck dans "Horizons et débats" du 5 février 2009 : "Celui qui veut servir la paix et la réduction des conflits doit suivre le chemin multilatéral rocailleux de l’ONU et éviter le chemin aplani de l’OTAN".
Comme je l'ai écrit dans le dernier billet de mon blog (https://culturedepaix.blogspot.com/2019/03/europe-ouvrir-les-fenetres.html), "c'est sur le terrain de la coopération renforcée avec l'ONU que devrait exister un grand projet européen de consolidation de la paix mondiale par la participation plus active de l'Union européenne à la prévention des conflits, à la limitation du commerce des armes, à la diffusion à grande échelle d'une éducation et d'une culture de la paix". C'est cet objectif qui doit être la priorité européenne de la prochaine décennie et non l'illusoire projet d'une défense européenne. Celle-ci voudrait essayer de faire jouer à l'Europe le rôle de l'OTAN dans une vision dépassée du monde : un monde des puissances rivales et de la guerre finale assurée et non un monde de coopération complexe, difficile à construire mais qui reste la seule issue viable pour l'humanité.
Il est évident que c'est donc en modifiant ainsi profondément le contexte de sécurité mondial que l'OTAN perdra définitivement sa raison d'être et que "la machine" pourra "être débranchée". Saut dans l'inconnu, report aux calendes grecques ? Pas sûr ! Le monde actuel est plein de contradictions : en Europe, n'assiste-t-on pas à ce paradoxe ? L'Allemagne, la fidèle alliée de Washington, refuse d'augmenter ses dépenses militaires car elle préfère garder ces crédits pour l'aide au développement ! Et elle bloque pour six mois toute vente d'armes à l'Arabie saoudite, provoquant ainsi la colère française ! Si les opinions publiques augmentaient leur pression sur le terrain de la paix comme elles le font actuellement sur le plan de la lutte contre le réchauffement climatique, quelles nouvelles perspectives s'ouvriraient ! Il ne s'agit pas là d'un voeu pieux mais d'un appel à une prise de conscience lucide à tous ceux, capables d'avoir le courage d'assumer les choix nécessaires pour la paix de notre planète.
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lundi 11 mars 2019
Europe II : ouvrir les fenêtres !
Le président de la République Emmanuel Macron a publié une tribune dans la presse européenne et régionale française dans laquelle il plaide pour "une Renaissance de l'Europe".
Nous ne sommes pas naïfs : nous savons bien entendu que dans cette initiative, il y a un aspect tacticien évident, lié à la volonté affirmée d'Emmanuel Macron de prétendre à une forme de leadership européen et sur le plan extérieur de "prendre un peu d'air", face à la situation sociale, minée pour lui, par les protestations notamment des Gilets jaunes.
En même temps, le fait que le Président de la République française soit à l'initiative pour appeler au renforcement de l'Union européenne en faveur de la liberté et du progrès, voire même à sa "renaissance" (certains disent "refondation", re-création", "rénovation", pourquoi pas ?), ne peut nous laisser indifférent, à l'heure où l'obscurantisme, la démagogie populiste reprennent du "poil de la bête" en s'appuyant sur toutes les insatisfactions, les peurs, les fantasmes les plus primitifs.
100 ans après la fin de la guerre 1914-1918, ne "mégotons" pas non plus sur l'apport de la construction européenne à ces 73 années sans guerre mondiale, à "la réconciliation d’un continent dévasté", même si nous avons parfois frôlé le bord du gouffre dans les années 90 dans les Balkans. Mais, pourquoi après avoir parlé pour hier, du succès d'un "projet inédit de paix, de prospérité et de liberté", le président Macron nous propose-t-il un projet basé selon lui sur "Liberté, protection, progrès" et où la place principale est tenue par la "protection" ?
On nous propose une Europe dont la priorité concrète est de nous protéger d'abord des peurs : on protège la démocratie, on protège les frontières, on se protège des migrants et on se protège militairement. Certes, Emmanuel Macron parle plus positivement de protection sociale ou de "bouclier social", ainsi que de protection du climat et de la planète, mais c'est sur ces terrains qu'il est le plus imprécis. Quel financement avec la Banque centrale européenne, avec quels objectifs chiffrés, pour les PME, pour la transition écologique ? Sans des engagements chiffrés, nous savons bien que les choses ne bougeront pas, comme le rappellent de nombreux lycéens tous les vendredis, à propos du réchauffement climatique. On ne peut en rester à la promesse de créer des "agences" pour tout : "Agence européenne de protection des démocraties", "Office européen de l'asile", "Conseil européen de sécurité intérieure", "Conseil de sécurité européen", "Banque européenne du climat", conseil de "supervision européenne des grandes plateformes", "Conférence pour l’Europe". Les vieux politiques disaient autrefois autrefois : "pour noyer un problème, il suffit de créer une commission", attention à ne pas verser dans les mêmes artifices et ne pas créer des coquilles vides !
Le grand paradoxe de la tribune du Président de la République est que, alors que l'ADN de l'Europe est d'avoir contribué à la paix du continent et de la planète, cette question n'est pas traitée spécifiquement ! La sécurité du continent est toujours traitée, de manière ringarde, sous le seul angle de la réponse aux "menaces" comme "les stratégies agressives de grandes puissances" et pas de la réponse aux "défis" qui nous sont posés... Comment travailler à la résolution des conflits qui bordent notre voisinage : Ukraine, Syrie, Israël/Palestine ? Comment faire progresser la démilitarisation des relations internationales, en progressant dans l'élimination des armes nucléaires ? Comment relancer le multilatéralisme, revivifier les approches politiques et négociées de certains problèmes, en termes diplomatiques (gestion des flux migratoires,nucléaire iranien, Inde/Pakistan) et même commerciaux ?
L'urgence pour l'Europe de prendre des initiatives politiques sur ces terrains, rend incompréhensible de la part du président Macron, l'absence de référence et d'articulation avec l'action des Nations unies, qui sont justement au coeur du multilatéralisme. Le mot ne figure pas une fois dans le texte ! C'est sur le terrain de la coopération renforcée avec l'ONU que devrait exister un grand projet européen de consolidation de la paix mondiale par la participation plus active de l'Union européenne à la prévention des conflits, à la limitation du commerce des armes, à la diffusion à grande échelle d'une éducation et d'une culture de la paix. L'Europe se grandirait si elle devenait la "fille aînée" de l'ONU !
En fait, à la lecture de la lettre d'Emmanuel Macron, on retire le sentiment d'une occasion ratée. Oui, il faut une "renaissance de l'Europe", une "refondation de l'Europe", sans rien écarter comme le reconnaît M. Macron qui veut promouvoir "tous les changements nécessaires à notre projet politique, sans tabou, pas même la révision des traités" (Chiche !).
Mais pour cela, il faut avoir une vision d'une Europe pour la paix, d'une Europe qui avance, ouverte, démocratique et fraternelle, et non pas celle d'une Europe qui regrouperait, comme dans les westerns, les chariots de la caravane en rond pour se protéger de l'attaque des méchants indiens....
Nous ne sommes pas naïfs : nous savons bien entendu que dans cette initiative, il y a un aspect tacticien évident, lié à la volonté affirmée d'Emmanuel Macron de prétendre à une forme de leadership européen et sur le plan extérieur de "prendre un peu d'air", face à la situation sociale, minée pour lui, par les protestations notamment des Gilets jaunes.
En même temps, le fait que le Président de la République française soit à l'initiative pour appeler au renforcement de l'Union européenne en faveur de la liberté et du progrès, voire même à sa "renaissance" (certains disent "refondation", re-création", "rénovation", pourquoi pas ?), ne peut nous laisser indifférent, à l'heure où l'obscurantisme, la démagogie populiste reprennent du "poil de la bête" en s'appuyant sur toutes les insatisfactions, les peurs, les fantasmes les plus primitifs.
100 ans après la fin de la guerre 1914-1918, ne "mégotons" pas non plus sur l'apport de la construction européenne à ces 73 années sans guerre mondiale, à "la réconciliation d’un continent dévasté", même si nous avons parfois frôlé le bord du gouffre dans les années 90 dans les Balkans. Mais, pourquoi après avoir parlé pour hier, du succès d'un "projet inédit de paix, de prospérité et de liberté", le président Macron nous propose-t-il un projet basé selon lui sur "Liberté, protection, progrès" et où la place principale est tenue par la "protection" ?
On nous propose une Europe dont la priorité concrète est de nous protéger d'abord des peurs : on protège la démocratie, on protège les frontières, on se protège des migrants et on se protège militairement. Certes, Emmanuel Macron parle plus positivement de protection sociale ou de "bouclier social", ainsi que de protection du climat et de la planète, mais c'est sur ces terrains qu'il est le plus imprécis. Quel financement avec la Banque centrale européenne, avec quels objectifs chiffrés, pour les PME, pour la transition écologique ? Sans des engagements chiffrés, nous savons bien que les choses ne bougeront pas, comme le rappellent de nombreux lycéens tous les vendredis, à propos du réchauffement climatique. On ne peut en rester à la promesse de créer des "agences" pour tout : "Agence européenne de protection des démocraties", "Office européen de l'asile", "Conseil européen de sécurité intérieure", "Conseil de sécurité européen", "Banque européenne du climat", conseil de "supervision européenne des grandes plateformes", "Conférence pour l’Europe". Les vieux politiques disaient autrefois autrefois : "pour noyer un problème, il suffit de créer une commission", attention à ne pas verser dans les mêmes artifices et ne pas créer des coquilles vides !
Le grand paradoxe de la tribune du Président de la République est que, alors que l'ADN de l'Europe est d'avoir contribué à la paix du continent et de la planète, cette question n'est pas traitée spécifiquement ! La sécurité du continent est toujours traitée, de manière ringarde, sous le seul angle de la réponse aux "menaces" comme "les stratégies agressives de grandes puissances" et pas de la réponse aux "défis" qui nous sont posés... Comment travailler à la résolution des conflits qui bordent notre voisinage : Ukraine, Syrie, Israël/Palestine ? Comment faire progresser la démilitarisation des relations internationales, en progressant dans l'élimination des armes nucléaires ? Comment relancer le multilatéralisme, revivifier les approches politiques et négociées de certains problèmes, en termes diplomatiques (gestion des flux migratoires,nucléaire iranien, Inde/Pakistan) et même commerciaux ?
L'urgence pour l'Europe de prendre des initiatives politiques sur ces terrains, rend incompréhensible de la part du président Macron, l'absence de référence et d'articulation avec l'action des Nations unies, qui sont justement au coeur du multilatéralisme. Le mot ne figure pas une fois dans le texte ! C'est sur le terrain de la coopération renforcée avec l'ONU que devrait exister un grand projet européen de consolidation de la paix mondiale par la participation plus active de l'Union européenne à la prévention des conflits, à la limitation du commerce des armes, à la diffusion à grande échelle d'une éducation et d'une culture de la paix. L'Europe se grandirait si elle devenait la "fille aînée" de l'ONU !
En fait, à la lecture de la lettre d'Emmanuel Macron, on retire le sentiment d'une occasion ratée. Oui, il faut une "renaissance de l'Europe", une "refondation de l'Europe", sans rien écarter comme le reconnaît M. Macron qui veut promouvoir "tous les changements nécessaires à notre projet politique, sans tabou, pas même la révision des traités" (Chiche !).
Mais pour cela, il faut avoir une vision d'une Europe pour la paix, d'une Europe qui avance, ouverte, démocratique et fraternelle, et non pas celle d'une Europe qui regrouperait, comme dans les westerns, les chariots de la caravane en rond pour se protéger de l'attaque des méchants indiens....
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samedi 2 mars 2019
publication des Cahiers de l'IDRP février - mars 2019
J'ai le plaisir de vous signaler la parution du n° de février - mars 2019 des "cahiers de l'IDRP", auxquels je collabore.
Très
centré sur les problématiques européennes traitées sous des angles
divers, vous y trouverez un article stimulant sur l'avenir de l'OTAN par
un spécialiste, Olvier Kempf, une réflexion sur la sécurité en
Europe,le rapport à l'arme nucléaire par Paul Quilès, président d'IDN,
ancien ministre, un article conjoint qui fait le point sur le mouvement
de paix allemand par Rainer Braun,une des figures principales de
celui-ci et Alain Rouy, dirigeant pacifiste français et germaniste,
enfin une réflexion sur les évolutions dans la luttes pour la paix
aujourd'hui de Daniel Durand.
Vous en souhaitant bonne lecture,
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