jeudi 31 mars 2022

Guerre(s) Russie - Ukraine : premières réflexions rapides (I)

(English translation below)

La guerre déclenchée par la Russie contre l'Ukraine dure depuis plus d'un mois et nul ne peut prédire quelle sera sa durée, soit en "haute intensité" comme ce début avril ou éventuellement en "basse intensité" si les forces russes diminuaient leurs attaques. Nous assistons avec indignation à ces images de guerre insupportables. Il faut plus que jamais tout faire pour obtenir un cessez-le-feu, le retrait des troupes russes et un processus permettant d'obtenir rapidement un accord de paix. Dans un monument aux morts de mon département de la Loire figure l'inscription vengeresse "Maudite soit la guerre !", je la partage complètement.
Il est encore bien tôt pour tirer des enseignements complets et définitifs de cette guerre, inédite sur le continent européen depuis 1945 puisqu'elle implique directement une puissance nucléaire, membre du Conseil de sécurité. Il est encore bien tôt pour analyser toutes les causes complexes ayant déclenché l'attaque voulue et décidée par Vladimir Poutine mais il est quand même possible de dégager de premières observations ainsi qu'un faisceau de problématiques à approfondir par les chercheurs.

Le premier niveau de remarques et d'observation, indiscutable, est celui de la réalité brute. La Russie a agressé l'Ukraine en envahissant son territoire le 24 février 2022, commettant ainsi une atteinte au droit international "en violation du paragraphe 4 de l’Article 2 de la Charte des Nations Unies" (résolution de l'AG de l'ONU du 3 mars 2022). Les troupes russes ont entamé une guerre classique et brutale, avec côté russe, l'utilisation de chars et de blindés, une maîtrise quasi totale du ciel avec des bombardements aériens importants, suivis par l'avancée de troupes au sol. Quelques armes modernes ont été employés comme des missiles hypersoniques, par contre, peu de drones de combat.
Une première constatation s'impose : les forces russes n'ont réussi que de faibles avancées sur le terrain alors que la disproportion des forces semblait énormes. Elles ont rencontré de nombreux problèmes de logistique (difficultés d'approvisionnement en carburant notamment) , des hésitations tactiques également. Cela amène une première question à creuser : et si l'armée russe n'était qu'un "tigre de papier", en dehors de la possession redoutable de l'arme nucléaire ?
Du côté ukrainien : l'armement a été fortement modernisé depuis 2014 et les accords de Minsk, avec l'aide militaire américaine substantielle, plus des livraisons d'armes depuis le début du conflit, notamment en missiles anti-chars et la fourniture intensive de drones américains et turcs. Les forces ukrainiennes ont pu maintenir leurs communications radio et internet grâce à l'aide du milliardaire américain (groupe Tesla) Elon Musk qui a déplacé au dessus du territoire ukrainien son réseau satellitaire.
Ainsi, malgré sa supériorité matérielle de départ, l'armée russe n'a pas réussi à acquérir au bout d'un mois de combat un avantage décisif.

Cependant, au delà de son caractère militaire tristement "classique" qui nous rappelle des jours sombres du XXe siècle, avec son cortège de destructions, de victimes civiles, de cortèges de réfugiés aux frontières, une évidence s'impose. Les quatre semaines qui viennent de s'écouler ont vu des phénomènes nouveaux, ceux de "guerres dans la guerre". Le premier d'entre eux est celui-ci : l' agression russe a suscité une condamnation quasi unanime dans le monde au niveau des États (la résolution de l'ONU du 3 mars a recueilli 145 voix contre 5 seulement) et au niveau des opinions publiques dans les pays industrialisés. Cette condamnation a été générale et globale : politique, morale et surtout, a suscité des réactions multiformes.
D'abord, il faut noter l'étrange passivité du Secrétaire général des Nations unies, le portugais, Antonio Gutteres, au niveau des initiatives diplomatiques, tant pour la paix ou pour mettre en place des sanctions officielles : pas de déplacement dans les capitales, tant en Europe qu'à Moscou. Cette passivité tranche avec ce que nous avions vu en 2003 lors des préparatifs de la guerre d'Irak avec l'activisme du secrétaire de l'ONU d'alors, Kofi Annan, pour empêcher la guerre.
Sa seule action concrète a consisté en la réunion de l'Assemblée générale de l'ONU et l'adoption d'une résolution de condamnation de portée générale. Certes, l'Assemblée générale n'a pas de pouvoirs coercitifs, encore que, dans le cadre d'un constat de l'incapacité et de la paralysie du Conseil de sécurité à cause du veto russe, il aurait été possible d'appliquer la résolution de 1950 (dite "résolution Acheson") qui permet à l'Assemblée de préconiser exceptionnellement des mesures (certes non contraignantes) en matière de rétablissement de la paix, ce qui aurait fourni un cadre juridique aux actions des États.Il est clair que M. Gutteres a laissé les grandes puissances occidentales "prendre la main" pour les mesures de rétorsion contre la Russie.
Les réactions internationales se sont développées autour de la mise en place de "sanctions" qui ont toutes pour caractéristique d'être prises hors des enceintes onusiennes, donc sans doute, si l'on suit de nombreux juristes, hors du droit international, puisqu'elles peuvent être classées dans le cadre des sanctions "unilatérales". En effet, les décideurs ont été soit des pays seuls avec les USA comme leader, soit des groupes de pays dont l'Union européenne, le "club des pays riches", le G7. les mesures prises ont été centrées sur les plans économiques et financiers.
On peut estimer que ces mesures étaient pleinement justifiées du fait de l'agression russe, mais cela n'empêche pas des réflexions de portée générale pour l'avenir. Ces "sanctions" ont été annoncées comme des moyens de pression pour obtenir la fin des combats mais comme elles ne se situent dans aucun cadre normatif juridique, leur champ d'application, leur durée dépendent du bon vouloir des pays ou groupes de pays concernés, avec toutes les tentations d'abus possibles. L'incertitude de leur statut les maintient sur un plan essentiellement "punitif", domaine qui devrait relever d'une structure de justice internationale. Ce non-contrôle (en poussant la réflexion théorique et politique), peut laisser planer un doute : ces sanctions ne peuvent-elles pas être utilisées par un pays dominant dans tel ou tel secteur pour obtenir des avantages économiques ou commerciaux particuliers (voir le débat autour de la fourniture possible de gaz de schiste par les USA à l'UE).
Finalement : est-on dans des "sanctions", donc une forme de justice ou dans une "guerre économique" qui ne voudrait pas dire son nom (voir la reculade à ce sujet du ministre des finances français Lemaire, lorsqu'il utilisa une fois ce terme). Mais à ce moment, remarquons qu'autant la guerre "classique" est très encadrée par le droit (droit de la guerre et droit dans la guerre), autant la guerre économique a des contours très flous.

Autre constatation nouvelle, cette "deuxième guerre" se double vite d'une "troisième guerre" qui est une "guerre sociétale". À côté des entités étatiques, des entités non-étatiques se placent elles-aussi sur le plan punitif des "sanctions" dont l'outil privilégié est le "boycott", ce sont les fédérations sportives, les organismes culturels qui appellent au boycott russe (interdiction de participation aux athlètes russes aux jeux para-olympiques, annulation de spectacles russes de chant, de danses).
Là aussi, la problématique est complexe. La réaction peut être considérée comme justifiée et même marquer un engagement très positif des sociétés civiles dans la condamnation d'une guerre injustifiable mais là encore, se pose le problème de l'absence de cadre normatif, de buts clairs, de durée. Comment éviter que d'un boycott et d'une action justifiée contre la guerre, on ne glisse pas à des actions partisanes, à l'attisement de haines entre peuples, à la réactivation de vieux fantasmes culturels (ici le "méchant russe") ?
Par contre, un côté positif de cet "engagement sociétal" dans le conflit a été le développement remarquable de la solidarité dans la population : générosité dans l'envoi de vivres et matériels, générosité dans l'accueil de réfugiés ukrainiens. Cet élan de solidarité s'explique par l'évidence de l'efficacité du geste. Efficacité qui est beaucoup moins visible dans la mise en oeuvre d'une "solidarité politique", c'est-à-dire l'action pour la paix et contre la guerre, où la mobilisation s'est révélée beaucoup plus complexe.

Pour résumer mon propos, quelles répercussions possibles de ces "trois guerres en une", peut-on déjà pointer ?
Sur le plan militaire : le conflit a remis au centre le poids politique et stratégique de l'existence et de la possession des armes nucléaires par un acteur du conflit. Tous les acteurs avaient en tête le risque de déflagration mondiale terminale qui existait. À l'opposé de l'échelle des armements, l'usage d'armes nouvelles a été confirmée comme les drones capables de compenser en partie une non-maîtrise du ciel en avions classiques. Chacun a pu constater qu’aujourd’hui, une guerre qui se déroule sous les caméras de télévision ou les vidéos des smartphones amène de nouveaux acteurs sur le champ de bataille : les opinions publiques. Les USA ont dénoncé depuis le mois de janvier dans les médias l'imminence d'une attaque russe en Ukraine : le 24 février, Vladimir Poutine n'avait-il pas déjà perdu la guerre ? Du moins, celle de l’opinion ?  
Sur le plan du multilatéralisme : l'absence d'initiatives de médiation au niveau onusien, laissée à des bonnes volontés régionales (Turquie, Israël), l'absence d’initiative remarquée et peu admissible des leaders de l'Union européenne (dont M. Macron) ont été remarquées. Ces ambiguïtés ont pu jouer sur un autre phénomène remarquable qui est la faiblesse des réactions populaires contre la guerre et pour la paix, en dehors peut-être de certaines manifestations en l'Allemagne. À la différence de 2003, on a constaté les difficultés de coordination internationale, le peu de mouvements d'ampleur dans les grands pays industrialisés comme France, Royaume-Uni, USA où le débat renaissant sur l'interdiction des armes nucléaires s'est trouvé pris à contre-pied.
Ces faiblesses ont eu une conséquence : ce sont les puissances occidentales qui ont été maîtresses du jeu, on a assisté au retour du leadership des USA à la tête d'un nouveau "monde libre". Des organismes non-onusiens comme le G7 ont repris du "poil de la bête".
Sur le plan du droit international : la place prise par la question des sanctions et du boycott pose la question de remettre sur le chantier de meilleures définitions du droit de la guerre économique, de la guerre sociétale et celui de l'information de guerre et dans la guerre.
Sur le plan des idées : on peut parler d'une réhabilitation du "ci vis pacem, para bellum" qui se traduit par l'annonce de la hausse des budgets militaires dans presque tous les pays européens (que deviendront les dépenses nécessaires pour les ODE, les Objectifs de développement durable) ? Des tabous culturels semblent tomber : il est sans doute exagéré de parler maintenant d'un nouveau "militarisme allemand" mais il y a eu des annonces préoccupantes (dépenses militaires en très forte hausse, installation d'un bouclier anti-missile,  ré-ouverture possible du débat sur le nucléaire militaire). Enfin, j'ai mentionné précédemment la résurrection de l’Otan, sortie de sa "mort cérébrale".

Au-delà de ces premières questions à pointer, existent d'autres champs d'études et de réflexions à creuser. Je citerai, sans ordre particulier, le débat nécessaire sur "l'information de guerre" ou "l'information dans la guerre" : ce sont de vieux problèmes mais qui se déploient dans des conditions nouvelles avec l'extension de l'information dans la mondialisation, le problème des sources (voir l'invraisemblable cacophonie autour des victimes sous le théâtre de Marioupol), le nouveau rôle des réseaux sociaux (les vidéos postées sur Tweeter comme source principale des agences de presse). Comment construire une information indépendante mondialisée ?
J'ai commencé d'évoquer la réflexion sur l'action des mouvements de paix : quelle intervention sur les nouveaux champs des guerres, en amont avant le conflit, quelle action sur les plans sociétaux, économiques, quelle place pour les idées de culture de paix ?
Il y aura aussi des débats rétro-actifs à approfondir. Il sera nécessaire, au delà de l'analyse de l'immédiateté, de repasser au crible les années post-Guerre froide après 1990 et les problématiques de sécurité commune entre États européens : les espoirs puis l'étouffement de l'OSCE, l'élargissement de l'UE comme cheval de Troie de l'OTAN, l'aveuglement après la guerre de Crimée et la complaisance des États européens, des Nations unies envers le non-respect des accords de Minsk par la Russie mais peut-être surtout par L'Ukraine. 

Voici autant de champs de réflexions sur lesquels j'espère pouvoir revenir dans d'autres publications.
Daniel Durand - 31 mars 2022

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The war unleashed by Russia against Ukraine has been going on for more than a month and no one can predict how long it will last, either in "high intensity" as it was at the beginning of April or possibly in "low intensity" if the Russian forces decrease their attacks. We are witnessing with indignation these unbearable images of war. More than ever, we must do everything possible to obtain a cease-fire, the withdrawal of Russian troops and a process that will allow a peace agreement to be reached quickly. In a monument to the dead in my department of the Loire, there is the vengeful inscription "Cursed be the war", I completely share it.
It is still very early to draw complete and definitive lessons from this war, unprecedented on the European continent since 1945 since it directly involves a nuclear power, member of the Security Council. It is still very early to analyze all the complex causes that triggered the attack desired and decided by Vladimir Putin, but it is still possible to draw some initial observations as well as a number of issues to be studied in greater depth by researchers.

The first level of remarks and observation, indisputable, is that of raw reality. Russia aggressed against Ukraine by invading its territory on February 24, 2022, thus committing a breach of international law "in violation of Article 2, paragraph 4, of the Charter of the United Nations" (UN General Assembly resolution of March 3, 2022). The Russian troops started a classical and brutal war, with the use of tanks and armored vehicles, an almost total control of the sky with important aerial bombardments, followed by the advance of ground troops. Some modern weapons were used, such as hypersonic missiles, but few combat drones.
The first observation is that the Russian forces only managed to make small advances on the ground while the disproportion of forces seemed enormous. They encountered numerous logistical problems (notably fuel supply difficulties), as well as tactical hesitations. This leads to a first question: what if the Russian army was only a "paper tiger", apart from the formidable possession of nuclear weapons?
On the Ukrainian side: weaponry has been heavily modernized since 2014 and the Minsk agreements, with substantial U.S. military aid, plus arms deliveries since the beginning of the conflict, including anti-tank missiles and the intensive supply of American and Turkish drones. The Ukrainian forces have been able to maintain their radio and internet communications thanks to the help of the American billionaire (Tesla group) Elon Musk, who moved his satellite network over Ukrainian territory.
Thus, despite its initial material superiority, the Russian army did not manage to gain a decisive advantage after a month of fighting.

However, beyond its sadly "classic" military character, which reminds us of the dark days of the twentieth century, with its procession of destruction, civilian victims, and processions of refugees at the borders, one obvious fact stands out. The last four weeks have seen new phenomena, those of "wars within wars". The first of these is this: the Russian aggression has aroused almost unanimous condemnation in the world at the level of States (the UN resolution of March 3 received 145 votes against only 5) and at the level of public opinion in the industrialized countries. This condemnation was general and global: political, moral and, above all, gave rise to a variety of reactions.
First of all, it is important to note the strange passivity of the Secretary General of the United Nations, the Portuguese, Antonio Gutteres, in terms of diplomatic initiatives, both for peace and to put in place official sanctions: no visits to capitals, both in Europe and in Moscow. This passivity contrasts with what we saw in 2003 during the preparations for the Iraq war with the activism of the then UN Secretary, Kofi Annan, to prevent the war.
His only concrete action was to convene the UN General Assembly and adopt a resolution of general condemnation. Although the General Assembly does not have coercive powers, it would have been possible to apply the 1950 resolution (known as the "Acheson resolution"), which allows the Assembly to exceptionally recommend measures (albeit non-binding) to restore peace, thus providing a legal framework for the actions of states. It is clear that Mr. Gutteres has let the major Western powers "take the lead" in retaliating against Russia.

International reactions have developed around the implementation of "sanctions", all of which have the characteristic of being taken outside of UN forums, and therefore, if we follow many jurists, outside of international law, since they can be classified as "unilateral" sanctions. In fact, the decision-makers were either individual countries with the USA as leader, or groups of countries including the European Union, the "club of rich countries", the G7. The measures taken were centered on economic and financial plans.
One may consider that these measures were fully justified because of the Russian aggression, but this does not prevent general reflections for the future. These "sanctions" were announced as a means of pressure to obtain an end to the fighting, but as they are not part of any legal framework, their scope and duration depend on the goodwill of the countries or groups of countries concerned, with all the possible temptations of abuse. The uncertainty of their status keeps them on an essentially "punitive" level, an area that should be the responsibility of an international justice structure. This non-control (if we push the theoretical and political reflection), can leave a doubt: can't these sanctions be used by a dominant country in such or such sector to obtain particular economic or commercial advantages (see the debate around the possible supply of shale gas by the USA to the EU).
Finally: are we talking about "sanctions", therefore a form of justice, or about an "economic war" that would not want to speak its name (see the backtracking on this subject by the French Minister of Finance Lemaire, when he once used this term). But at this point, let us note that while "classic" war is very much framed by the law (the law of war and the law of war), economic war has very blurred contours.

Another new observation is that this "second war" quickly doubles as a "third war" which is a "societal war". Alongside state entities, non-state entities are also taking part in the punitive aspect of the "sanctions", the main tool of which is the "boycott". These are the sports federations and cultural organizations that are calling for a Russian boycott (ban on the participation of Russian athletes in the Para-Olympic Games, cancellation of Russian singing and dancing performances).
Here again, the problem is complex. The reaction can be considered justified and even mark a very positive commitment of civil societies in the condemnation of an unjustifiable war, but here again, there is the problem of the absence of a normative framework, clear goals, duration. How can we avoid that a boycott and a justified action against the war does not slide into partisan actions, the stirring up of hatred between peoples, the reactivation of old cultural fantasies (in this case the "Russian villain")?
On the other hand, a positive side of this "societal engagement" in the conflict has been the remarkable development of solidarity in the population: generosity in sending food and materials, generosity in welcoming Ukrainian refugees. This surge of solidarity can be explained by the obvious effectiveness of the gesture. This effectiveness is much less visible in the implementation of a "political solidarity", i.e. the action for peace and against war, where the mobilization has proved to be much more complex.

To summarize my remarks, what are the possible repercussions of these "three wars in one"?
On the military level: the conflict brought back to the forefront the political and strategic weight of the existence and possession of nuclear weapons by an actor in the conflict. All the actors had in mind the risk of a terminal global deflagration that existed. On the other side of the scale of armaments, the use of new weapons was confirmed, such as drones, which are capable of partially compensating for the lack of control of the sky by conventional aircraft. Everyone has seen that today, a war that takes place under television cameras or smartphone videos brings new actors to the battlefield: public opinion. Since January, the United States has denounced in the media the imminence of a Russian attack in Ukraine: on 24 February, hadn't Vladimir Putin already lost the war? At least, the one with the public?  
On the level of multilateralism: the absence of mediation initiatives at the UN level, left to regional goodwill (Turkey, Israel), and the absence of a noticeable and not very acceptable initiative by the leaders of the European Union (including Mr. Macron) have been noticed.

International reactions have developed around the implementation of "sanctions", all of which have the characteristic of being taken outside of UN forums, and therefore, if we follow many jurists, outside of international law, since they can be classified as "unilateral" sanctions. In fact, the decision-makers were either individual countries with the USA as leader, or groups of countries including the European Union, the "club of rich countries", the G7. The measures taken were centered on economic and financial plans.
These ambiguities may have contributed to another remarkable phenomenon, which is the weakness of popular reactions against the war and for peace, except perhaps for certain demonstrations in Germany. Unlike in 2003, there were difficulties in international coordination and few large-scale movements in the major industrialized countries such as France, the United Kingdom and the United States, where the resurgent debate on the ban on nuclear weapons was caught in the middle.
The consequence of these weaknesses was that the Western powers were in control of the game, and we witnessed the return of US leadership to the head of a new "free world". Non-U.S. organizations such as the G7 have regained some of their strength.
On the level of international law: the importance of the question of sanctions and boycotts raises the question of putting back on the drawing board better definitions of the law of economic warfare, societal warfare and the law of information in war and in war.
On the level of ideas: we can speak of a rehabilitation of the "ci vis pacem, para bellum" which is reflected in the announcement of the increase of military budgets in almost all European countries (what will become of the expenses necessary for the ODE, the Sustainable Development Goals)? Cultural taboos seem to be falling: it is probably an exaggeration to speak now of a new "German militarism", but there have been worrying announcements (military expenditure in very sharp increase, installation of an anti-missile shield, possible re-opening of the debate on military nuclear power). Finally, I mentioned earlier the resurrection of Nato, which has come out of its "brain death".

Beyond these first questions, there are other fields of study and reflection to be explored. I will mention, in no particular order, the necessary debate on "war information" or "information in war": these are old problems but they are unfolding in new conditions with the extension of information in globalization, the problem of sources (see the incredible cacophony around the victims under the Marioupol theater), the new role of social networks (videos posted on Twitter as the main source of press agencies). How to build an independent globalized information?
I have started to talk about the reflection on the action of peace movements: what intervention on the new fields of wars, upstream before the conflict, what action on the societal and economic levels, what place for the ideas of culture of peace?
There will also be retroactive debates to be deepened. It will be necessary, beyond the analysis of immediacy, to re-screen the post-Cold War years after 1990 and the problems of common security between European states: the hopes and then the suffocation of the OSCE, the enlargement of the EU as a Trojan horse for NATO, the blindness after the Crimean war and the complacency of European states and the United Nations towards the non-respect of the Minsk agreements by Russia, but perhaps above all, by Ukraine.

Here are so many fields of reflection on which I hope to return in other publications.
Daniel Durand - March 31, 2022