jeudi 30 juin 2022

Visionnez l'enregistrement de la visio Table-ronde sur l'Ukraine

Visionnez l'enregistrement de la visio Table-ronde de l'IDRP sur l'Ukraine du 28 juin dernier en cliquant sur ce lien :

 

https://youtu.be/Q7efnJswQKw













L'IDRP, avec le soutien de l'Espaces-Marx Bordeaux-Gironde et de Dominique Belougne, son animateur, lance une série de visio-conférences. Cette première a été consacrée a un sujet d'actualité: la guerre entre la Russie et l'Ukraine.
 
Des analystes déclarent "le monde est revenu au XIXe siècle. L’acteur politique principal est, plus que jamais, la nation, et la relation politique principale est, plus que jamais, affaire de rapports de forces entre projets nationaux et projets impériaux".
D'autres font remarquer que "c’est la première fois depuis 1945 qu’un conflit sur le sol européen implique directement l’un des membres du Conseil de sécurité de l’ONU" (et doté de l'arme nucléaire).
Peut-on avancer l'idée que nous entrons dans une "Seconde guerre froide" ? ou, faut-il considérer comme le fait Antonio Gutterès que "Une guerre au 21e siècle est une absurdité" ?
 
Les réponses à ces questions ont un lien direct avec les politiques à décider ou à soutenir pour construire un 21e siècle de paix comme souhaite y contribuer l'IDRP.

La table-ronde n'a pas déçu les attentes : la qualité des intervenants a aidé à construire la réflexion des auditeurs.

Une expérience à renouveler certainement.




mardi 28 juin 2022

OTAN - G7 : NOUVELLE "SAINTE ALLIANCE" ?

Le sommet des pays du G7 s'est tenu ce dimanche 27 juin en Bavière tandis que le sommet de l'OTAN démarre lui ce 29 juin à Madrid.
Non prévu au départ, ce télescopage des dates prend un sens nouveau dans la situation internationale comme l'a mis en évidence le président des États-Unis, Jo Biden. Le G7 et l'Otan doivent «rester ensemble» contre l'agression russe de l'Ukraine, a-t-il déclaré avant un entretien avec le chancelier allemand Olaf Scholz.
Rappelons brièvement les caractéristiques des deux organisations internationales.
Le Groupe des sept (G7) est un groupe de discussion et de partenariat économique de sept pays qui étaient en 1975 les plus grandes puissances avancées du monde et qui détiennent environ aujourd'hui 45 % de la richesse nette mondiale : Allemagne, Canada, États-Unis, France, Italie, Japon et Royaume-Uni. Manquent trois puissances qui figurent dans les dix économies les plus puissantes : la Chine, l'Inde et la Corée du sud. Beaucoup d'associations altermondialistes, de gouvernements de pays en voie de développement contestent la légitimité de ce G7 créé en dehors du système multilatéral onusien, et accusent le groupe de vouloir « diriger le monde » et de contourner l'ONU.
L'OTAN, créée le 4 avril 1949, est une alliance militaire intégrée, qui englobe l'alliance politique conclue par les pays signataires du Traité de l'Atlantique nord, et l'organisation civile et militaire mise en place pour en réaliser les objectifs.
À la suite de l'agression de la Russie contre l'Ukraine, les pays membres de l'OTAN ont soutenu l'Ukraine en fournissant des armements lourds, une assistance technique, des formations militaires parce que l'OTAN estime que "la sécurité euro-atlantique se trouve menacée comme elle ne l’avait plus été depuis des décennies". Elle justifie ainsi qu'elle agit indirectement hors du sol de ses pays membres, contrairement aux buts initiaux de sa fondation en 1949.
Dans le cadre de cet engagement, elle devrait être rejointe par deux pays supplémentaires : la Suède et la Lituanie, ce qui va incontestablement renforcer un certain "encerclement" géo-stratégique de la Russie. Outil militaire, l'OTAN n'est évidemment pas en charge de la recherche de solutions politiques pour sortir du conflit, mais elle pèse quand même dans le débat lorsque son secrétaire général, Jens Stoltenberg déclare que la guerre pourrait durer "des années".
On ne peut pas examiner l'engagement actuel de l'OTAN sans prendre en compte sa volonté d'élargir depuis trente ans ses missions "hors zone", ce qui l'a amenée à être présente militairement notamment au Kosovo, en Afghanistan, en Libye.
Ses différents "concepts stratégiques" adoptés (1991 - 1999 - 2010) ont produit une "définition plus large de la sécurité de la zone euro-atlantique, la prise en compte des nouveaux risques apparus depuis la fin de la guerre froide". Le concept défini à Madrid va insister, selon le secrétaire général délégué de l’OTAN, M. Geoană, sur l'idée que le monde sera le "reflet d'une ère de compétition entre grandes puissances" et affirmera que la Russie représente désormais « l'une des menaces les plus importantes pour la sécurité en Europe et au-delà ». M.  Geoană a ajouté que "le rôle de la Chine en tant qu'acteur de transformation dans les affaires du monde serait également reconnu".
C'est compte tenu de ces évolutions que les déclarations du président Biden affirmant que OTAN et G7 devaient «rester ensemble»  amènent des réflexions nouvelles.
Cela signifie-t-il que l'OTAN deviendrait de plus en plus, non pas seulement une alliance de pays européens, mais aurait une dimension de plus en plus mondialiste ? La référence au G7, perçu comme "club des riches" n'est pas neutre. De plus, le Sommet de Madrid de l'OTAN va accueillir pour la première fois de son histoire le Premier ministre japonais KISHIDA et le président sud-coréen Yoon Seok-yeol.
Ces deux "premières" historiques risquent de renforcer, à juste titre, l'idée que l'OTAN devient la référence et même le bras armé, non pas forcément des "démocraties" ou des "états de droit" mais aussi celui des puissants de cette planète, des "saigneurs" de la terre comme le dénonçaient les militants altermondialistes dans les années 1990.
Cela ne ferait que consolider la défiance et la méfiance des pays dans de larges zones de la planète qui verraient se constituer ce nouveau bloc occidentalo-libéral comme un outil de domination des grandes puissances.
Est-il crédible de penser trouver une issue à la guerre en Ukraine uniquement par des moyens militaires, sans ouvrir parallèlement des créneaux politiques de négociations ? Porter, comme c'est annoncé, la force d'intervention rapide de l'OTAN à 300 000 hommes au lieu de 50 000, les dépenses militaires non plus à un "objectif" de 2 % du PIB mais à un "plancher" de 2 %, sont-elles les bonnes décisions ? Toutes les guerres ont eu une issue politique, à moins de décider, et ce sera un choix délibéré, pas seulement des Russes mais aussi des Occidentaux, de faire durer la guerre "pendant des années". Cela aurait pour conséquences, au-delà des indignations d'aujourd'hui, de faire supporter en fait pendant des années les souffrances au peuple ukrainien pour des objectifs qui les dépassent de plus en plus et deviennent des enjeux géo-stratégiques globaux et planétaires ?
Ne faut-il pas inverser les logiques actuelles ? La mondialisation irréversible des échanges internationaux, les mutations technologiques, l'évolution des nouvelles technologies de communication appellent des réponses de plus en plus globales et surtout appellent plus de coopérations, de collaborations. La sécurité commune et globale ne peut plus reposer aujourd'hui sur les rapports de forces militaires mais sur des relations multilatérales. Les organisations basées sur les dominations économiques ou militaires comme le G7 ou l'OTAN vont à l'inverse des besoins de l'humanité. Il faut trouver le chemin de leur dépassement, de leur disparition au profit de nouvelles structures qui correspondent vraiment à l'esprit coopératif de la Charte des Nations unies : "Nous, peuples des nations unies...".
Il existe des prises de conscience, mais encore bien minoritaires.
Ainsi, ce dimanche 26 août, les deux lieux de rendez-vous de l'OTAN et du G7, Madrid et Vienne, ont vu se rassembler des foules importantes (20 à 30 000 à Vienne, plus de 10 000 à Madrid) pour dénoncer le caractère guerrier de l'OTAN et l'incapacité des pays du G7 à s'attaquer à la pauvreté dans le monde et au réchauffement climatique. Mais, c'est bien insuffisant !
Surtout, cela ne devrait-il pas inciter partout progressistes, militants pour la paix, pour un monde plus juste et plus durable, à relancer le débat de manière large et populaire sur la raison d'être de ces institutions (OTAN, G7 mais aussi OMC), symboles de puissance dépassés, et de remettre en chantier le débat sur la démocratisation des institutions onusiennes. Cette réforme est indispensable à la construction d'un monde vraiment multilatéral mais le système onusien a besoin de réformes profondes pour se démocratiser, s'ouvrir aux changements du monde (sociétés civiles, collectivités locales) et gagner en efficacité. Cela implique aussi une pression de l'opinion plus forte pour faire appliquer les derniers traités irriguant le  droit international : cour pénale internationale, traité d'interdiction des armes nucléaires, contrôle du commerce des armes. Le chantier est vaste et ardu mais est indispensable si nous ne voulons pas voir se multiplier demain les crises et guerres comme celle d'Ukraine actuellement.
Le 29 juin 2022

vendredi 10 juin 2022

Ukraine : une table-ronde de l'IDRP exceptionnelle le 28 juin

 

L'IDRP vous propose une table-ronde exceptionnelle le 28 juin en visio-conférence. Retenez la date.
 
Pour rejoindre, cliquez sur le lien https://us02web.zoom.us/j/87533432394












L'IDRP, avec le soutien de l'Espaces-Marx Bordeaux-Gironde et de Dominique Belougne, son animateur, lance une série de visio-conférences. Cette première est consacrée a un sujet d'actualité: la guerre entre la Russie et l'Ukraine.
 
Des analystes déclarent "le monde est revenu au XIXe siècle. L’acteur politique principal est, plus que jamais, la nation, et la relation politique principale est, plus que jamais, affaire de rapports de forces entre projets nationaux et projets impériaux".
D'autres font remarquer que "c’est la première fois depuis 1945 qu’un conflit sur le sol européen implique directement l’un des membres du Conseil de sécurité de l’ONU" (et doté de l'arme nucléaire).
Peut-on avancer l'idée que nous entrons dans une "Seconde guerre froide" ? ou, faut-il considérer comme le fait Antonio Gutterès que "Une guerre au 21e siècle est une absurdité" ?
 
Les réponses à ces questions ont un lien direct avec les politiques à décider ou à soutenir pour construire un 21e siècle de paix comme souhaite y contribuer l'IDRP.

 La qualité des intervenants devrait aider à construire la réflexion des auditeurs de la table-ronde de ce mardi 28 juin. Nous vous y souhaitons nombreux.



jeudi 9 juin 2022

Vidéo de la Conférence de Daniel Durand sur l'Ukraine le 7 juin 2022

 

Si vous n'avez pas pu assister à la visioconférence de ce mardi 7 juin sur l'Ukraine avec Daniel Durand, elle est maintenant disponible sur le site du Mouvement de la paix en rubrique Vidéos, et dans la page sur l'Europe.

Voilà le lien direct, sur notre chaîne Youtube : https://www.youtube.com/watch?v=XJyKODeGtRk

Le Mouvement de la paix


dimanche 5 juin 2022

Guerre Russie Ukraine : bal des gagnants ou bal des perdants ?

(TRANSLATION BELOW)

100 jours de guerre en Ukraine. Le nombre de combattants tués s'élèverait peut-être à 15 000 à 20 000 tués de chaque côté. À cela s'ajoutent 4.200 civils qui ont été tués par des attaques armées et 4.000 autres blessés. De plus, 15,7 millions de personnes en Ukraine, soit l’équivalent d’un tiers de la population du pays, « ont un besoin urgent d’assistance et de protection », selon l'ONU et plus de 5 millions d’enfants ont vu leur éducation suspendue.
Lors de ce sinistre 100e jour anniversaire, le Kremlin estime avoir atteint « certains résultats » en 100 jours d'offensive. « La victoire sera nôtre », affirme le président Zelensky. Beaucoup plus réaliste est le coordonnateur de l'ONU pour l'Ukraine, Amin Awad, qui a déclaré ce jour-là : "Cette guerre n’aura pas de vainqueur" et il a ajouté avec raison : « Nous avons besoin de paix. La guerre doit cesser », a-t-il exhorté.

L'atmosphère dans les médias rappelle les déclarations cocardières dans les journaux français ou allemand en 1914-18 : elle est majoritairement en faveur de la poursuite de la guerre et des livraisons d'armes à l'Ukraine. Mais voyons les choses en face : la guerre s'enlise, la Russie n'occupe que 20 % du territoire ukrainien, et encore faut-il qu'elle soit capable de le tenir militairement et de faire fonctionner des structures de manière pérenne, ce qui semble douteux. L'armée ukrainienne est de plus en plus équipée de matériel militaire moderne américain, elle peut progressivement infliger des pertes plus importantes à l'armée, mais il lui faudra de long mois pour marquer des avantages décisifs, selon les spécialistes militaires. Combien y aura-t-il encore de militaires et civils ukrainiens tués ? Combien de cercueils de jeunes soldats russes renvoyés dans leur pays ?
Quelles que soient les déclarations martiales de dirigeants étrangers comme Jo Biden ou Jens Stoltenberg, le secrétaire général de l'OTAN , la réalité est, comme le dit l'ONU, que tout le monde sera perdant, y compris sur le plan militaire.
N'avons-nous pas le devoir d'appeler les opinions publiques à ouvrir les yeux pour voir que les plus grands perdants seront les peuples : ukrainiens d'abord bien sûr, mais aussi russe, et au-delà, les peuples européens et les peuples des pays en voie de développement ?
Ne faut-il pas faire comprendre que derrière la guerre militaire, alimentée par la machine de guerre russe mais aussi, aujourd'hui de plus en plus, par les livraisons d'armes des États-Unis, des pays européens dont la France, se cache une autre guerre : la guerre économique accompagnée d'une guerre commerciale ?

Le camp occidental (USA, G7, Union européenne) développe un embargo économique sur le gaz, le pétrole russes, les circuits financiers. Au départ, c'était dans le but déclaré de faire pression sur la Russie pour la contraindre à cesser les combats.
Aujourd'hui, l'absence de cadre juridique clair sur ces embargos, l'ampleur des mesures adoptées, les mesures économiques de réorientation à moyen et long terme, de certaines productions, laissent planer des doutes : le camp occidental, ainsi reformé, ne se sert-il pas de la guerre en Ukraine pour développer un affrontement économique de longue durée, au-delà d'un éventuel arrêt des combats, contre la Russie ?
Cette guerre économique pèse en premier, non sur les oligarques et proches du pouvoir poutinien, mais sur le peuple russe. Les conséquences se font sentir aussi sur les peuples européens, notamment avec le renchérissement du prix de l'énergie ; l'inflation renaissante en est une des conséquences.
Par ricochet, cette guerre économique entraîne une spirale d'affrontement sur ce terrain : les exportations russes sont bloquées et du coup, la Russie empêche les exportations ukrainiennes de céréales depuis les ports de la Mer noire, ce qui menace de provoquer de graves pénuries alimentaires notamment en Afrique.
La guerre économique produit donc d'abord des perdants parmi les peuples, sans réelle efficacité pour accélérer la fin des combats.
Y a-t-il des gagnants dans cette tragique comédie ? On peut affirmer que oui sans esprit particulier de complotisme.
Les gagnants les plus évidents sont les lobbies de l'armement, notamment états-uniens et bien sûr, dans une moindre mesure, français et autres européens. On peut y ajouter les lobbies de l'industrie fossile : gaz de schiste aux USA, charbonniers en Allemagne. Les autres gagnants sont les spéculateurs, les entreprises, qui, comme en Inde, bloquent les ventes de céréales et font des réserves.
Et pendant ce temps, les organismes de l'ONU ont du mal à financer les secours aux 15 millions d'Ukrainiens en précarité dans leur propre pays et la FAO se déclare inquiète sur la situation alimentaire à venir de nombreux pays pauvres !

L'invasion de l'Ukraine par la Russie a été menée en violation flagrante de la Charte des Nations unies et donc du droit international. Il est clair que l'objectif central ultime est le rétablissement du droit international dans cette partie de l'Europe comme partout dans le monde (nous pensons au Yémen, à la Palestine notamment). Voyons bien que, aujourd'hui, la prolongation de la guerre provoque et prolonge la mise en cause des droits humains les plus élémentaires : en premier, le droit des citoyens ukrainiens à vivre en paix et en sécurité, de leurs enfants à étudier. Mais cette violation des droits s'étend aussi à la vie démocratique en générale et ce, pour toute la société ukrainienne, son régime parlementaire, sa presse qui subissent l'état de guerre. Voyons aussi que les violations aux droits et libertés de base touchent également fortement les citoyens russes, notamment par la mise en cause de la liberté d'information, de manifestation. Enfin, comment ne pas voir que dans tous les pays européens, impactés par le conflit, les moyens d'information rencontrent des difficultés non négligeables pour accéder à toutes les sources d'information indépendantes. Là encore, sur le plan des droits humains, il n'y a que des perdants.

Une constatation s'impose de plus en plus : il faut arrêter le "bal des perdants".
Continuer la guerre ou laisser se continuer la guerre, c'est aggraver le nombre et le sort des perdants, c'est augmenter les souffrances des peuples.
Comme le déclare le représentant de l'ONU, il y a urgence à trouver les moyens d'un arrêt des combats et d'une solution politique.
Il faut arrêter le faux "bal des gagnants" : l'heure n'est pas à la poursuite des livraison d'armes, aux discours belliqueux, à savoir qui va gagner la guerre mais à rassembler les bonnes volontés. L'heure est à poser les bonnes questions : quand va-t-on arrêter cette guerre ? Quand va-t-on construire la paix ?
Les efforts des gouvernements, des opinions publiques doivent se concentrer sur les moyens d'exercer une pression politique maximum sur les deux acteurs du conflit pour qu'ils s'assoient à la table des négociations.
C'est la responsabilité des États, notamment de ceux de l'Union européenne de donner les signaux politiques en faveur du dialogue, pour trouver des voix d'une solution qui épargne la prolongation indéfinie des souffrances à la population ukrainienne.
Pour trouver ce chemin du dialogue, il faut arrêter de proclamer que la solution viendra de la défaite ou de l'écrasement d'un des deux acteurs. Il est contre-productif pour ne pas dire scandaleux que, dès qu'une bonne volonté se manifeste au niveau international pour essayer de faire démarrer un processus de paix, un choeur de censeurs s'élève pour dire : "Oh ! Est-ce que cette personnalité est bien qualifiée pour des négociations ? A-t-elle suffisamment condamné les Russes ? Sera-t-elle assez intransigeante ?". Cela a été le cas contre le Pape dans le journal Le Monde le 12 mai dernier ("Les ambiguïtés du pape François sur la guerre en Ukraine"). Les tentatives d'Erdogan, le président turc, de jouer le rôle d'intermédiaire, ont été, elles aussi, fraîchement accueillies. Les jours à venir diront quel accueil recevront les pourparlers du Président du Sénégal, Macky Sall, pour débloquer la crise des céréales, ce qui suppose que des concessions soient faites pour débloquer les ports de la Mer noire pour les marchandises ukrainiennes et russes, et pour ces dernières de trouver des solutions bancaires pour le paiement des achats malgré le blocage du système Swift.
La voie des négociations sera longue et difficile : elle passera nécessairement par des compromis. Pour cela, il faut des intermédiaires capables de gagner la confiance des deux parties. Le 6 mai dernier, fait unique, le Conseil de sécurité des Nations unies a adopté une résolution par consensus dans laquelle il a "apporté son ferme soutien aux efforts déployés par le Secrétaire général afin de parvenir à une solution pacifique".
Pourquoi le conseil de sécurité ne mandaterait-il pas un panel de personnalités pour explorer les voies du dialogue qui pourraient comporter des personnalités morales ou religieuses comme le pape, un représentant orthodoxe, un représentant des pays en voie de développement comme le Président de l'Union africaine, Macky Sall, un représentant de l'Union européenne comme le président Macron ?
Des progrès en ce sens ne seront obtenus que si la voix de l'opinion publique en faveur de la paix se fait plus forte et plus pressante. Elle n'est pas assez puissante aujourd'hui. Il faut s'attacher à relever ce défi.
7 juin 2022

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RAPPEL - RAPPEL

Visioconférence “Guerre Russie-Ukraine : guerre redoutée ? Guerre acceptée ?” avec Daniel Durand

 7 juin à 19h00 

LIEN :  https://zoom.us/j/7585066971

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Russia-Ukraine War: Winners' Ball or Losers' Ball?

100 days of war in Ukraine. The number of combatants killed may be as high as 15,000 to 20,000 on each side. In addition, 4,200 civilians have been killed by armed attacks and another 4,000 injured. In addition, 15.7 million people in Ukraine, equivalent to a third of the country's population, are "in urgent need of assistance and protection", according to the UN, and more than 5 million children have had their education suspended.
On this grim 100th anniversary, the Kremlin says it has achieved "certain results" in 100 days of offensive. "Victory will be ours," says President Zelensky. Much more realistic is the UN coordinator for Ukraine, Amin Awad, who said that day: "This war will have no winner" and he added with reason: "We need peace. The war must end," he urged.

The atmosphere in the media is reminiscent of the cocky statements in French or German newspapers in 1914-18: it is mostly in favour of continuing the war and delivering arms to Ukraine. But let's face it: the war is getting bogged down, Russia only occupies 20% of Ukrainian territory, and it still has to be able to hold it militarily and operate structures in a sustainable manner, which seems doubtful. The Ukrainian army is increasingly equipped with modern American military equipment and can gradually inflict greater losses on the army, but it will take many months for it to score decisive advantages, according to military experts. How many more Ukrainian soldiers and civilians will be killed? How many more coffins of young Russian soldiers will be sent home?
Whatever the martial declarations of foreign leaders like Jo Biden or Jens Stoltenberg, the Secretary General of NATO, the reality is, as the UN says, that everyone will lose, including militarily.
Don't we have a duty to call on public opinion to open its eyes to see that the biggest losers will be the peoples: Ukrainians first of all, of course, but also Russians, and beyond that, the peoples of Europe and the peoples of developing countries?
Shouldn't we make it clear that behind the military war, fuelled by the Russian war machine but also, today more and more, by arms deliveries from the United States and European countries, including France, lies another war: the economic war accompanied by a trade war?

The Western camp (USA, G7, European Union) is developing an economic embargo on Russian gas, oil and financial circuits. Initially, the declared aim was to put pressure on Russia to stop fighting.
Today, the absence of a clear legal framework for these embargoes, the extent of the measures adopted, the economic measures for the medium and long term reorientation of certain products, raise doubts: isn't the Western camp, thus reformed, using the war in Ukraine to develop a long-term economic confrontation against Russia, beyond the eventual cessation of the fighting?
This economic war weighs primarily on the Russian people, not on the oligarchs and those close to the Putin government. The consequences are also being felt by the people of Europe, notably with the rise in energy prices; the resurgence of inflation is one of the consequences.
In turn, this economic war leads to a spiral of confrontation on this terrain: Russian exports are blocked and, as a result, Russia prevents Ukrainian grain exports from the Black Sea ports, which threatens to cause serious food shortages, particularly in Africa.
Economic warfare therefore produces losers among the people, without any real effectiveness in accelerating the end of the fighting.
Are there winners in this tragic comedy? We can say yes, without any particular spirit of conspiracy.
The most obvious winners are the arms lobbies, especially the US and, to a lesser extent, the French and other European ones. To this can be added the fossil fuel industry lobbies: shale gas in the US, coal miners in Germany. The other winners are the speculators, the companies, which, as in India, are blocking the sale of grain and stockpiling.
Meanwhile, UN agencies are struggling to fund relief for the 15 million Ukrainians in need in their own country and the FAO is worried about the future food situation in many poor countries!


Russia's invasion of Ukraine was carried out in flagrant violation of the UN Charter and thus of international law. It is clear that the ultimate central objective is the re-establishment of international law in this part of Europe as well as everywhere else in the world (we are thinking of Yemen, Palestine in particular). Let us see that, today, the prolongation of the war provokes and prolongs the questioning of the most elementary human rights: first of all, the right of Ukrainian citizens to live in peace and security, of their children to study. But this violation of rights also extends to democratic life in general, with the whole of Ukrainian society, its parliamentary system and its press being affected by the state of war. Let us also see that the violations of basic rights and freedoms also strongly affect Russian citizens, notably by questioning the freedom of information and demonstration. Finally, how can we fail to see that in all the European countries affected by the conflict, the media are encountering considerable difficulties in accessing all the independent sources of information. Here again, in terms of human rights, there are only losers.

It is becoming increasingly clear that the "losers' ball" must be stopped.
To continue the war or to allow it to continue is to increase the number and the fate of the losers and to increase the suffering of the people.
As the UN representative states, it is urgent to find ways to stop the fighting and find a political solution.
We must stop the false "winners' ball": this is not the time to continue delivering arms, to talk about war, to know who will win the war, but to bring together people of good will. It is time to ask the right questions: when will we stop this war? When will we build peace?
The efforts of governments and public opinion must focus on ways of exerting maximum political pressure on the two actors in the conflict so that they sit down at the negotiating table.
It is the responsibility of the states, especially those of the European Union, to give political signals in favour of dialogue, to find ways of finding a solution that will spare the Ukrainian population from indefinite suffering.
To find this path of dialogue, we must stop proclaiming that the solution will come from the defeat or crushing of one of the two actors. It is counterproductive, not to say scandalous, that as soon as goodwill is shown at the international level to try to get a peace process off the ground, a chorus of censors rises up to say: "Oh, is this personality well qualified for negotiations? Has he condemned the Russians enough? Will he be uncompromising enough? This was the case against the Pope in Le Monde on 12 May ("Les ambiguïtes du pape François sur la guerre en Ukraine"). The attempts of Erdogan, the Turkish president, to play the role of intermediary, were also freshly welcomed. The coming days will tell how Senegalese President Macky Sall's talks to unblock the grain crisis will be received, which presupposes that concessions will be made to unblock the Black Sea ports for Ukrainian and Russian goods, and for the latter to find banking solutions for the payment of purchases despite the blocking of the Swift system.
The road to negotiations will be long and difficult: it will necessarily involve compromises. For this, intermediaries capable of gaining the trust of both parties are needed. Uniquely, on 6 May, the UN Security Council adopted a resolution by consensus in which it "expressed its strong support for the Secretary-General's efforts to achieve a peaceful solution".
Why doesn't the Security Council mandate a panel of eminent persons to explore avenues of dialogue which could include moral or religious figures such as the Pope, an Orthodox representative, a representative of developing countries such as African Union President Macky Sall, a representative of the European Union such as President Macron?
Progress in this direction will only be achieved if the voice of public opinion in favour of peace becomes stronger and more urgent. It is not strong enough today. We must work to meet this challenge.
7 June 2022

jeudi 2 juin 2022

Non à la disparition du corps diplomatique français !

Pour avoir fréquenté pendant plusieurs années dans mon activité internationale militante au sein du Mouvement de la paix de nombreux français, en particulier les équipes diplomatiques en charge des questions du désarmement à *Genève ou à New-York, je sais combien il y a besoin d'un service diplomatique ayant le sens du service public et de l'État. C'est pourquoi je soutiens entièrement la protestation des personnels qui protestent contre les décisions de démantèlement du président Macron. 

Daniel Durand

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APPEL DE L’INTERSYNDICALE A LA GRÈVE LE 2 JUIN ET A UNE CONSULTATION DE TOUS LES AGENTS SUR L’AVENIR DES MÉTIERS DU MINISTÈRE des AFFAIRES ÉTRANGÈRES

CFTC – ASAM – USASCC – SOLIDAIRES – CGT– FSU et ASAO

Avec le soutien d’un collectif de 450 « jeunes » agents du ministère.

Contre la disparition des métiers de la diplomatie, du consulaire, de la coopération et de l’action culturelle. 

Les réformes s’accumulent au MAE sur fond d’inter-ministérialité aveugle où les agents seraient interchangeables arbitrairement. Des métiers, des corps disparaissent. Le Quai d’Orsay disparaît petit à petit.
- La réforme de la ministre de la Transformation publique, Amélie de Montchalin, a livré la quasi-totalité des postes de travail des agents A, B et C du ministère sur la vaste transparence interministérielle PEP (Place de l’Emploi Public) et mis en extinction les deux premiers corps, des conseillers et ministres plénipotentiaires, ce qui percute directement l’avenir déjà assombri des secrétaires des affaires étrangères et de chancellerie et celui des attachés et secrétaires des systèmes d’information et des adjoints techniques et administratifs de chancellerie, au prix de l’attractivité des carrières. Cette « réforme », alors que le ministère est déjà très majoritairement ouvert aux compétences venues d’ailleurs comme le démontre la composition des équipes dans les postes et en Centrale (55% d’externes, dont 30% dans l’encadrement, fonctionnaires titulaires du MAE minoritaires), ne se justifiait pas. Elle permettra nombre de nominations de complaisance au détriment de la compétence, de l’expertise, des missions,et des politiques publiques, et ne réglera pas la situation des nombreux agents contractuels du Département soumis à une précarité toujours plus grande et à une criante inégalité de traitement.
- La dématérialisation des démarches des citoyens si elle peut contribuer à améliorer le service rendu au public, se déroule à marche forcée et commence déjà à avoir une incidence directe sur les métiers consulaires, leurs effectifs, leurs conditions de travail. Elle contribue, telle qu’elle est menée, à la dégradation accélérée du service rendu à nos compatriotes, notamment les plus fragiles. Sous couvert de progrès techniques, les promoteurs de ces réformes entendent surtout réduire ETP et masse salariale, ciblant particulièrement les agents C, B et les agents de droit local.
- Les métiers de la coopération internationale et de l’action culturelle se voient toujours plus entamés par la montée en puissance continue d’opérateurs et d’agences sur lesquelles la tutelle du MAE est de plus en plus théorique. Cette évolution conduit à des effectifs et des moyens réduits et à une autorité du Ministère battue en brèche dans le pilotage des politiques publiques.
- En interne, la politique du tout prestataire a envahi des pans entiers des services du MAE, en particulier ceux du numérique, avant extension aux services de gestion, eux-mêmes déjà soumis à une forte pression, en vue de leur inter-ministérialisation.
- Les suppressions continues d’ETP, dans tous les secteurs et toutes les catégories du Quai d’Orsay (-30% en 10 ans, -50% en 30 ans), et le recours croissant à des stagiaires et vacataires pour remplacer des emplois pérennes, pèsent toujours davantage sur les épaules des agents, chez lesquels les manifestations d’épuisement et de harcèlement s’accumulent, tandis qu’à la suite de l’ouverture bienvenue du recours au télétravail, on commence à voir pointer des logiques immobilières qui auront des effets directs sur le lien social, la cohésion des équipes, le sentiment d’appartenance à un collectif de travail.
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Ces mesures démantelant notre outil diplomatique sont un non-sens au moment où la guerre vient de faire son retour en Europe, après une pandémie inédite dans l’Histoire et le rapatriement de plus de 300.000 compatriotes en 15 jours, sans équivalent dans le monde, alors que le fractionnement du monde et la recomposition brutale de la mondialisation se déroulent précisément sous nos yeux et appellent une réponse active et de long terme.
C’est bien dans ce contexte que notre pays doit plus que jamais pouvoir compter sur l’expertise et les compétences de son service diplomatique qui est déjà, contrairement aux préjugés, particulièrement ouvert à des profils et des savoirs différents et à des origines sociales variées. Or, la réforme d’Amélie de Montchalin le réduira à un profil unique prétendument élitiste d’administrateurs généralistes interchangeables, qui ne correspond pas à la diversité et à la richesse maine de nos métiers.
La France doit tout autant sanctuariser son service consulaire, toujours plus raboté alors qu’il fait pourtant régulièrement la preuve de son efficacité à protéger et aider nos compatriotes à l’étranger. Avec des effectifs sans commune mesure avec ceux des grandes villes de France (13.000 ETP pour le ministère contre 50.000 pour la Ville de Paris), le Quai d’Orsay arrive à déployer un large éventail de services dans le monde entier au bénéfice de plus de deux millions de nos compatriotes.
Il s’agit aussi de ne plus saborder nos emplois et outils d’influence, dans le champ notamment de la coopération et de l’action culturelle, alors même que de nouveaux acteurs émergent, concurrençant nos valeurs, nos intérêts, notre langue et notre politique de rayonnement culturelle, éducative et scientifique.
Depuis bien longtemps, des bilans partagés avec le corps social du MAE auraient dû être dressés sur l’empilement des plans d’économies (RGPP, MAP, et autres AP), le reformatage incessant du réseau (consulats d’influence, fusions SCAC/EAF, PPD, bureaux de France, SAF puis SGA, etc.), les effets de la mobilisation des agents à l’étranger et en Centrale face aux conflits et catastrophes de tous ordres, les conditions de travail, l’image du Ministère, et tant d’autres défis. Il n’en a rien été, malgré les attentes des agents relayées par les revendications et propositions des organisations syndicales et des associations. Depuis des années, le MAE donne en réalité le sentiment d’être livré, et les agents avec lui, aux vents de réformes brutales, désormais ouvertement agressives et méprisantes à leur encontre.
C’est fort de ce constat qu’un collectif spontané de collègues du ministère, en particulier de jeunes collègues, s’est formé et compte désormais plus de 400 membres. Il a convergé avec les organisations de l’intersyndicale formée l’an dernier contre la réforme du MAE, d’où ressort cet appel à l’action.
Réagissons :

- d’abord par une grève le jeudi 2 juin, qui permettra aux agents de montrer qu’ils ne se résignent pas à voir leurs métiers et perspectives de carrière disparaître, et avec eux un pan complet de l’armature de notre Etat qui a fait ses preuves au cours de notre Histoire, et d’exprimer, à cette occasion, toutes leurs attentes sur les conditions d’organisation de leur recrutement et de reconnaissance de leurs compétences, notamment à travers leurs affectations et déroulement de carrière ;
- ensuite, par l’ouverture d’une consultation la plus large possible, sous la forme d’« assises du MAE», permettant l’évaluation et les propositions, avec les agents eux-mêmes, de leurs conditions de travail, de l’avenir de leurs missions, de leurs métiers et du Ministère au service de la France et des Français, en particulier de nos compatriotes expatriés.

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L’appel de 500 agents du ministère des affaires étrangères : « Nous faisons face à un risque de disparition de notre diplomatie professionnelle »


Dans une tribune au « Monde », un collectif de quelque 500 agents du ministère des affaires étrangères exprime sa colère face à la « suppression brutale du corps diplomatique », qui motive un appel à la grève le 2 juin. Publié le 25 mai 2022

A l’heure de la guerre en Ukraine, au lendemain d’une crise pandémique exceptionnelle, les agents du Quai d’Orsay ont décidé de faire grève le 2 juin à l’appel de l’intersyndicale regroupant la majorité des organisations syndicales et d’un collectif de quelque 500 agents dont de nombreux jeunes diplomates. Cette décision n’aura pas été facile à prendre tant elle n’est pas dans la culture maison.
Elle est l’expression d’une colère face à la suppression brutale du corps diplomatique, qui frappe non seulement les corps de conseillers des affaires étrangères et de ministres plénipotentiaires mais aura aussi des répercussions profondes sur l’avenir de tous les personnels, qu’ils soient secrétaires des affaires étrangères et de chancellerie, attachés et secrétaires des systèmes d’information et adjoints techniques et administratifs de chancellerie, qu’ils soient titulaires ou contractuels.
De très nombreuses personnalités ont alerté sur les risques d’une telle décision qui permettra des nominations de complaisance au détriment de la compétence et aura pour conséquence la déstructuration des carrières, une perte de l’expertise et une crise des vocations. Nous faisons face à un risque de disparition de notre diplomatie professionnelle. Les métiers du Quai d’Orsay s’apprennent en effet sur le temps long, par la multiplication d’expériences, notamment à l’étranger et dans des postes difficiles, et la transmission des savoirs et des expériences entre les agents.

Une remise en question du ministère

Surtout, s’engager au Quai d’Orsay est une vocation et un choix de vie, passionnant et riche d’opportunités bien sûr mais comportant également son lot de contraintes personnelles et familiales souvent sous-estimées. Les agents s’insurgent également face au soupçon, qui sous-tend cette réforme, d’un ministère replié sur lui-même. Et pour cause, car le ministère des affaires étrangères, par nature tourné vers la coordination interministérielle de l’action extérieure de l’Etat, est déjà très ouvert aux autres administrations : dans les ambassades et dans les services se côtoient des diplomates, des militaires, des policiers, des agents de Bercy, des membres des ministères de la culture, de l’éducation nationale, de l’agriculture, de l’écologie, etc.
Le ministère accueille aussi, dans des conditions souvent précaires, des contractuels talentueux qui viennent d’horizons très divers : secteur privé, ONG, organisations internationales. Au-delà, c’est la question des moyens humains donnés à notre outil diplomatique que cette grève veut poser. Déjà, en 2010, les anciens ministres Hubert Védrine et Alain Juppé alertaient : « Cessez d’affaiblir le Quai d’Orsay ! »
Aujourd’hui, les agents – de toutes les catégories et de tous les métiers, diplomatiques, consulaires, culturels et de gestion – ont la conviction que c’est l’existence même du ministère qui est désormais remise en question. En effet, cette décision s’ajoute à des décennies de marginalisation du rôle du ministère au sein de l’État, de démembrement et d’affaiblissement au profit d’opérateurs externes et de réduction vertigineuse des moyens : effectifs en baisse de 30 % en dix ans et de 50 % en trente ans ; budget atteignant à peine 0,7 % du budget de l’État.

Un sentiment d’injustice
Aujourd’hui, la réalité de notre outil diplomatique, c’est la multiplication de « postes de présence diplomatique », où une poignée d’agents assurent dans des conditions difficiles la représentation de la France, la défense de ses intérêts et le service public à la communauté française.
Le sentiment d’injustice est d’autant plus fort que les agents du Quai d’Orsay ont su se montrer à la hauteur, comme l’ont d’ailleurs relevé les plus hautes autorités de l’Etat, pour faire face aux crises qui secouent le monde et défendre les intérêts de la France : rapatriement des Français durant la pandémie, évacuation en Afghanistan, gestion de la guerre en Ukraine, pour ne parler que des exemples les plus récents.
Ils ne comprennent donc pas comment la position de la France sera mieux défendue par cette politique d’affaiblissement systématique du Quai d’Orsay. Dans un monde de plus en plus interdépendant, complexe et dangereux, être capable de lire et comprendre ses évolutions, d’y faire valoir nos principes et nos intérêts ne s’improvise pas.

Pour l’avenir de notre diplomatie
Au contraire, cela nécessite un ministère conforté et renforcé. C’est d’ailleurs le choix de tous nos autres grands partenaires internationaux : la France serait la seule puissance à se priver d’une diplomatie professionnelle.
C’est pourquoi, alors que ce malaise latent a été longtemps ignoré malgré l’action des organisations syndicales, malgré les rapports parlementaires, malgré le soutien d’éminentes personnalités, les agents ont souhaité exprimer leur colère tout en se disant prêts à renforcer le ministère via des réformes profondes, dont certaines avaient été esquissées dans le rapport de l’ambassadeur Jérôme Bonnafont.
A cette fin, ils proposent l’ouverture d’une grande consultation, en lien étroit avec les organisations syndicales, sous la forme d’Assises du Quai d’Orsay, pour écouter tous les agents et mettre sur la table l’ensemble des questions : nos missions, nos moyens et nos statuts. Il en va de l’avenir de notre diplomatie.
Le Collectif est le rassemblement spontané d’agents du ministère, en particulier de jeunes collègues, qui compte désormais quelque 500 membres. Il a convergé avec l’intersyndicale regroupant la majorité des organisations syndicales afin de déposer un préavis de grève pour le 2 juin.


Visioconférence “Guerre Russie-Ukraine : guerre redoutée ? Guerre acceptée ?” avec Daniel Durand

 

Visioconférence “Guerre Russie-Ukraine : guerre redoutée ? Guerre acceptée ?” avec Daniel Durand

Date(s) : 07/06/2022
Heure(s) : 19 h 00

Daniel Durand est chercheur en relations internationales et Directeur de l’IDRP, l’Institut de Documentation et Recherches sur la paix et éditeur d’un blog consacré aux relations internationales.

Il a été Secrétaire national du Mouvement de la paix de 1987 à 2002. Il a publié plusieurs livres sur le désarmement, l’ONU, la guerre d’Irak.
Son dernier ouvrage est : “1914-1918, cent ans après, LA PAIX !“, éditions Édilivre.
 
La conférence de Daniel Durand analysera la situation créée par la guerre menée par la Russie en Ukraine sur le plan des nouveaux débats en Europe sur la sécurité, sur les réactions des opinions publiques, les risques de dérapage vers une guerre généralisée, les défis posés à l’action pour la paix, les perspectives et enjeux qui en découlent sur le plan du multilatéralisme et de la place de l’ONU.
 
Pour assister à cette conférence qui aura lieu avec Zoom, il suffit de cliquer sur ce lien le 7 juin à 19h00 : https://zoom.us/j/7585066971

Vous pourrez rejoindre la conférence avec un ordinateur, ou avec une tablette ou un smartphone. Si vous souhaitez intervenir, votre appareil doit être muni d’un micro et d’une webcam.
Il suffira de cliquer sur le lien plus haut et suivre les indications. C’est gratuit.
 
Si vous n’avez ni ordinateur, tablette ou smartphone, vous pourrez rejoindre la conférence par téléphone au 01 86 99 58 31 (prix d’un appel normal) en indiquant le n° de réunion 7585066971.

La guerre en Ukraine et la situation internationale qui en découle appellent au-delà des actions, à des réflexions approfondies. Le Mouvement de la Paix a sollicité la contribution d’acteurs (militants, scientifiques, universitaires…) fortement impliqués dans les questions de guerre et paix et plus largement dans les relations internationales.