jeudi 29 octobre 2020

ONU : Et le mois d'octobre 2020 entra dans l'histoire

Le mois d'octobre est toujours un mois important dans la vie des Nations unies. C'est le 24 octobre 1945 qu'entra en vigueur la Charte des Nations unies, ce document fondateur de la grande alliance des peuples de la Terre qui commence de si belle façon : "Nous, peuples des Nations unies..". On peut considérer ce jour comme le jour anniversaire aussi de toute l'Organisation des Nations unies. En cette année 2020, nous célébrons le 75e anniversaire du rassemblement de 194 États maintenant sur la planète. En 1971, pour commémorer cet événement, l'Assemblée générale de l'ONU décida de faire du 24 octobre la "Journée des Nations unies". En 1978, l'Assemblée générale ajouta dans la foulée, du 24 au 30 octobre, une "Semaine du désarmement" pour rappeler le but premier de l'ONU : "Nous, peuples des Nations unies, RÉSOLUS, à préserver les générations futures du fléau de la guerre," et susciter des initiatives pour "booster" les progrès de celui-ci.
Le 24 octobre 2020 restera dans l'histoire de la paix et du désarmement puisque ce jour-là, un 50e État a ratifié le TIAN, Traité d'abolition des armes nucléaires, permettant son entrée en vigueur dès le 22 janvier prochain. Une situation absolument inédite est créée : pour la première fois, les armes nucléaires sont illégales. L'entrée en vigueur du Traité sur l'interdiction des armes nucléaires est l'aboutissement d'un mouvement mondial visant à attirer l'attention sur les conséquences humanitaires catastrophiques de toute utilisation d'armes nucléaires. Adopté le 7 juillet 2017 par 122 pays, lors d'une conférence des Nations Unies à New York, le Traité représente le premier instrument multilatéral juridiquement contraignant pour le désarmement nucléaire depuis deux décennies. Certes, les principales puissances nucléaires des États-Unis, du Royaume-Uni, de la Russie, de la Chine et de la France n'ont pas signé l'accord mais avec ce nouvel enrichissement du droit international, une situation inédite va s'ouvrir. L'idée que la meilleure manière de lutter contre les dangers des armes nucléaires est d'en interdire la possession trouve une traduction concrète sur laquelle vont s'appuyer des dizaines d'États et une opinion publique mondiale, tous décidés à faire entendre leur volonté de voir la planète débarrassée de ces armes de mort. Nous avons vécu une situation semblable lors de l'adoption de la Convention d'Ottawa, interdisant les mines anti-personnels. Les grands États poseurs de mines, États-Unis, Russie, Chine, ne la signèrent  pas, mais de fait, l'appliquent aujourd'hui.
Dans ce contexte, la France, puissance nucléaire, qui veut parfois se présenter comme le pays "vertueux" par excellence, a une grande responsabilité. Va-t-elle ou non saisir l'opportunité de faire progresser notre planète dans la construction de la paix, va-t-elle jouer un rôle d'incitateur auprès des autres pays nucléaires ?
Si le mois d'octobre se termine ainsi par cette fantastique lueur d'espoir pour une majeure partie de l'humanité, il avait connu aussi un début peu ordinaire.
Le 2 octobre était célébrée comme depuis treize ans (2007), la "Journée internationale de la non-violence", date anniversaire de la naissance du Mahatma Gandhi, pionnier de la non-violence et artisan de l'indépendance indienne. Cette journée est toujours d'une grande importance morale pour réfléchir aux paroles de Gandhi : « La non-violence est la plus grande force que l’humanité ait à sa portée. Elle est plus puissante que l’arme la plus destructive inventée par l’ingéniosité de l’homme ». Cette année, elle a été marquée par l'Appel renouvelé du Secrétaire de l'ONU à mettre en oeuvre un cessez-le-feu mondial pour se consacrer selon ses paroles "à notre ennemi commun : la COVID-19". "Le seul vainqueur, au cours d’un conflit en pleine pandémie, c’est le virus" a-t-il insisté. Au moment où se profile sur une partie importante du globe une nouvelle flambée de l'épidémie, ne faut-il pas faire pression sur tous les dirigeants, dans toutes les enceintes, pour redoubler d’efforts pour que ce cessez-le-feu mondial devienne une réalité d’ici à la fin de l’année, ce qui, selon Antonio Gutteres, "atténuerait d’immenses souffrances, réduirait le risque de famine et créerait des espaces de négociation en vue de la paix" ?
Une semaine après la journée de la non-violence, une autre nouvelle a réjoui tous ceux qui considèrent l'ensemble du système onusien comme essentiel dans la marche du monde aujourd'hui (voir mon article "75e anniversaire ONU : si elle n'existait pas, il faudrait l'inventer...").
Le 9 octobre, le prix Nobel de la paix a été décerné au Programme alimentaire mondial des Nations unies - le PAM - créé en 1962. Le PAM, qui emploie 17 000 personnes, est entièrement financé par des dons, la plupart venant des États. Il a levé 8 milliards de dollars en 2019. À travers le monde, pas moins d’1,1 million de femmes et d’enfants de moins de 5 ans reçoivent chaque mois un appui nutritionnel de la part du PAM. Il œuvre actuellement en Syrie, en République démocratique du Congo, au Nigeria, dans les États frappés par Boko Haram, au Burkina Faso, au Mali, au Niger et au Sud-Soudan. Le PAM se concentre sur l’aide d’urgence, ainsi que sur la reconstruction et l’aide au développement. Deux tiers de son travail s’effectue dans des zones de conflit. Mais il joue aussi un rôle éducatif dans la promotion d'une bonne alimentation avec des programmes alimentaires, éducatifs, nutritionnels. Le PAM est un exemple éclatant du rôle essentiel que joue la majorité des agences de l'ONU (PNUD, FAO, OMS, UNICEF, UNESCO, etc).
Enfin, dernière date de ce mois d'octobre exceptionnel, il faut noter que le 24 octobre célébrait aussi la "Journée mondiale d’information sur le développement". Cette journée vise à rappeler que les technologies de l'information et des communications représentent un formidable potentiel pour la réalisation des objectifs de développement durable. Des progrès considérables ont été accomplis ces dernières années dans l'accès aux technologies de l'information et des communications, notamment en ce qui concerne la progression régulière de l'accès à Internet (qui touche maintenant plus du quart de la population mondiale), la multiplication des propriétaires de téléphone portable et la disponibilité de contenu et de sites multilingues. Mais il reste néanmoins nécessaire de réduire la fracture numérique et de faire en sorte que les bienfaits des nouvelles technologies, surtout de l'information et des communications, s'offrent à tous. Il y a deux grands enjeux dans le développement des nouvelles technologies : le premier est de ne pas laisser la maîtrise de celles-ci aux seules mains des grandes sociétés privées et notamment des fameux GAFAM (Google, Apple, Facebook, Amazon, Microsoft) ce qui souligne l'importance de la place des "logiciels libres". Le second enjeu est celui des contenus et de leur manipulation éventuelle. Comme l'a rappelé Antonio Gutteres, le monde doit être sûr que « les communications numériques contribuent à la paix et ne sont pas utilisées à mauvais escient pour répandre la haine et l'extrémisme ». Nous reviendrons dans un prochain article sur ces deux problématiques.

Décidément, oui, si l'on prend un peu de recul, malgré le poids très lourd que fait peser sur une partie de la planète la relance de la pandémie de la COVID-19, ce mois d'octobre 2020 a été exceptionnel. Il a brisé la "morosité" politique ambiante et marquera sans doute l'histoire mondiale récente en montrant concrètement que l'avenir est au renforcement du multilatéralisme et de la coopération internationale dans la construction d'un monde de demain meilleur.



dimanche 18 octobre 2020

Je défends la liberté d'expression

Nous sommes tous concernés face à l'assassinat commis contre Samuel Paty, professeur d'histoire à Conflans-Sainte-Honorine. Il est nécessaire de se rassembler largement dans la condamnation de cet acte terroriste odieux.
Au travers de ce professeur, ce sont tous les enseignants qui sont touchés dans leurs missions fondamentales d’éducation, visant à donner à chaque individu les moyens d’analyse de la réalité, et donc les moyens de sa liberté de conscience. Défendre ces hommes et ces femmes en charge de ces missions, sur tous les sujets (liberté de conscience, d’expression, égalité des genres, laïcité, éducation à la citoyenneté et à la tolérance…) est fondamental quelles que soient les pressions et leurs auteurs. C'est ce large débat qui être mené demain sans en restreindre le champ et sans instrumentalisation politicienne.

dimanche 4 octobre 2020

Covid-19 : si on changeait d'heure ?

(See English translation below)

L'irruption, le développement puis le maintien de la pandémie de la Covid-19 pèsent sur notre vie personnelle, notre activité citoyenne locale, notre vie commune nationale  mais aussi sur la situation internationale, les rapports entre États, les manières de vivre des populations de la planète.

Au plan local, une étrange torpeur engourdit la vie démocratique et sociale. Les activités de la vie associative, syndicale sont réduites comme peau de chagrin, suspendues ou gelées. Des restrictions démocratiques (droits de se réunir, de circuler, de manifester) jamais vues hors périodes de l'Occupation et de la guerre de 14-18, sont acceptées avec peu de réactions sinon très symboliques (le dernier vote prolongeant l'état d'urgence sanitaire pour six mois cette semaine s'est déroulé devant moins de 50 députés, avec aucune intervention publique, pétitions ou délégations). On semble attendre que l'orage passe, subsiste encore l'illusion à tous les niveaux qu'il y aura peut-être des "lendemains qui chantent" ou une "sortie du tunnel". Mais en réalité, il n'y aura pas de "monde de demain" mais seulement un "monde d'aujourd'hui" bien réel. Il n'y aura pas d'ère "post-Covid" comme il n'y a pas eu d'ère "post-ViH" par exemple. Il faut apprendre à dominer "la bête" et vivre, vivre mieux tout en la maîtrisant. Depuis plusieurs mois et ce fut passionnant, ont fleuri dans les médias, des réflexions d'intellectuels, de politologues sur "le monde d'après", le "monde de demain" mais avec souvent la faiblesse de ne pas intégrer le  "monde d'aujourd'hui" dans ces projections.
Comment le faire ? Essayons d'imaginer que l'humanité vit sous un cyclone mais qui se serait installé de manière permanente sur nos têtes, avec de simples modalités d'intensité. Nous devons donc, dans le vent et la pluie, continuer à vivre, consolider notre maison et améliorer son confort, resserrer le contact et l'entraide avec les voisins, trouver des solutions pour aller travailler, pour assurer la scolarité de nos enfants. Il nous faut bien sûr être bien habillés, avec bottes et cirés, mais l'enjeu n'est pas uniquement de nous protéger mais de vivre, construire notre vie avec nos voisins tout en nous protégeant. C'est cela notre défi, où aucune exigence n'est rabaissée mais où des solutions originales et concrètes doivent être trouvées pour poursuivre notre marche en avant. Pour mobiliser les citoyens sur cette attitude de lucidité, nous n'avons pas besoin d'informations anxiogènes, mais de transparence, de responsabilisation et de mesures concrètes et adaptées aux situations réelles au lieu de mesures globales, plus punitives qu'efficaces. Si on veut faire redémarrer la vie associative, par exemple, avant qu'une partie du tissu social ne se déchire, notamment pour tout ce qui concerne les retraités, le 3e âge, il ne suffira pas d'ajouter quelques financements complémentaires mais de monter des dispositifs humains au niveau des collectivités locales pour aider ces associations à gérer les nouvelles contraintes de fonctionnement qui, sinon, apparaîtront comme insurmontables et empêcheront les reprises d'activités.
En bref, il faut effectuer un changement d'horaire : ce mois d'octobre est traditionnellement celui des changements d'heure. Mettons nos pendules à l'heure... mais de la Covid-19 et agissons dans ce cadre.

Au niveau international, le même raisonnement prévaut. En effet, quels sont les grands traits de la situation nouvelle actuelle ?
Profitant de la confusion liée à la pandémie, des puissances régionales montrent leurs muscles et gesticulent au risque de relancer des tensions guerrières dramatiques comme la Turquie en Méditerranée ou en Tunisie, la Chine à Hong-Kong ou Taïwan, les États-Unis qui annulent le traité INF sur les "euromissiles" ou boycottent l'OMS et la Cour pénale internationale. Peut-on laisser faire ces dérives et cette situation ne montre-t-elle pas que des défis anciens doivent aujourd'hui être considérés de manière nouvelle?

« Le virus est aujourd'hui la principale menace mondiale pour la sécurité dans notre monde » a rappelé Antonio Gutteres, secrétaire général des Nations unies. À l'heure de la COVID-19, le "tissu social planétaire", qu'on appelle le plus souvent "multilatéralisme" risque de se déchirer sous les assauts des individualismes nationaux, des égoïsmes de puissances. Or, le gage de survie et d'avenir pour la communauté mondiale est de consolider ce "filet de sécurité" que nous avons tissé et tissons obstinément depuis 75 ans. Il s'agit de la multitude de traités et d'accords internationaux, de l'action des dizaines d'institutions et d'agences de l'ONU, de l'organisation de forums, de lieux de rencontres autour de "l'arbre à palabres" onusien qui ont commencé de "civiliser" les relations internationales.  Toutes ces procédures provoquent parfois des pertes de temps mais sont indispensables pour nouer les compromis et les accords politiques qui construisent la vie commune de notre humanité.

Nous sommes face à plusieurs autres défis que j'ai soulignés dans mon article précédent sur le 75e anniversaire des Nations unies.
Le premier défi est celui du multilatéralisme et de la gouvernance mondiale et la nécessité de tout faire pour les défendre.
Le deuxième défi est de ne pas laisser la pandémie nous faire revenir en arrière sur le plan de la lutte contre la pauvreté et les inégalités mondiales.
Le troisième défi est celui de dégager des nouveaux moyens pour l'action de la communauté internationale dans cette période difficile, au travers de la lutte contre certains super-profits et contre les dépenses inutiles comme les dépenses militaires.

Mais le principal défi pour moi, ne consiste-t-il pas dans la capacité des dirigeants étatiques, des animateurs de la société civile, à ne pas rétrécir l'horizon des propositions d'actions mais au contraire à faire preuve d'audace et d'innovation des maintenant ?
Alors qu'il existe une pression des forces économiques dominantes pour rétrécir les champs d'actions au sanitaire et à l'économique (sous forme d'aide sans contrôle aux entrepreneurs), ne faut-il pas soutenir les propositions hardies du Secrétaire général de l'ONU qui plaide pour « une nouvelle génération de protection sociale, y compris pour les plus vulnérables, basée sur la couverture maladie universelle et la possibilité d'un revenu de base universel » ou qui juge nécessaire « de faire face aux profondes inégalités qui empêchent la dignité et les opportunités pour tous » et préconise d'investir davantage dans la cohésion sociale, en « reconnaissant que la diversité est une richesse et non une menace » ?
Sur le plan de la paix et du désarmement, la communauté internationale va ainsi être, très bientôt, confrontée à un nouveau challenge. Dans quelques semaines, le TIAN (traité d'interdiction des armes nucléaires) va recueillir les 50 ratifications nécessaires des États pour son entrée en vigueur. L'humanité va avoir une chance historique d'ouvrir une voie concrète pour l'élimination à jamais de ces armes redoutables et inhumaines.
Les gouvernements de la planète vont-ils saisir cette chance ? Les États nucléaires vont-il se raidir dans leur opposition ? Les États hésitants vont-ils s'enhardir pour dire : "oui, vraiment, il est temps d'essayer" ? Les États promoteurs de l'interdiction vont-ils faire preuve d'initiatives et d'ouverture diplomatique pour faire avancer les négociations pour une application concrète de l'interdiction ? Enfin, les forces de la société civile vont-elles réussir à faire de ce chantier une grande cause de l'humanité ?
 
Pour impulser ces grandes visions d'avenir, comme je l'ai écrit dans un dernier article, nous avons un outil, les Nations unies, mais travaillons à ce qu'il intègre vraiment "la société civile, les villes, les entreprises, les collectivités et la jeunesse », comme le souhaite le Secrétaire général de l'ONU. Ce doit être au coeur des réformes nécessaires de l'institution.
N'attendons pas des "jours meilleurs", des jours "post-covid", si incertains, tant au plan local de nos sociétés qu'à l'échelle internationale.
"Demain" ne se construit-il pas "aujourd'hui", dans "la lutte obstinée de ce temps quotidien" comme l'écrit le poète ?

Daniel Durand
Directeur de l'Institut de documentation et de recherches pour la paix (IDRP)  


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 Covid-19: what if we change the time?
The outbreak, development and then the maintenance of the Covid-19 pandemic weighs on our personal life, our local civic activity, our national life together, but also on the international situation, the relations between States, the way of life of the populations of the planet.
At the local level, a strange torpor is numbing democratic and social life. The activities of associations and trade unions are reduced to a state of sadness, suspended or frozen. Democratic restrictions (rights to meet, to move around, to demonstrate) never seen outside the periods of the Occupation and the war of 14-18, are accepted with little if any symbolic reaction (the last vote extending the state of health emergency for six months this week took place before less than 50 deputies, with no public intervention, petitions or delegations). We seem to be waiting for the storm to pass, and the illusion remains at all levels that there may be a "tomorrow that sings" or a "way out of the tunnel". But in reality, there will be no "tomorrow's world" but only a very real "today's world". There will be no "post-Covid" era, just as there has been no "post-ViH" era, for example. We must learn to dominate "the beast" and live, live better while mastering it. For several months now, and it has been fascinating, there have been many reflections in the media by intellectuals and political scientists on the "world after", the "world of tomorrow", but often with the weakness of not integrating the "world of today" into these projections.
How can this be done? Let's try to imagine that humanity lives under a cyclone, but which would have settled permanently on our heads, with simple modalities of intensity. We must therefore, in the wind and rain, continue to live, consolidate our house and improve its comfort, strengthen contact and mutual aid with our neighbours, find solutions to go to work, to ensure the schooling of our children. Of course we must be well dressed, with boots and oilskins, but the challenge is not only to protect ourselves but to live, to build our life with our neighbours while protecting ourselves. This is our challenge, where no requirements are lowered but where original and concrete solutions must be found to continue our progress. To mobilise citizens on this attitude of lucidity, we do not need anxiety-provoking information, but transparency, accountability and concrete measures adapted to real situations instead of global measures, more punitive than effective. If we want to restart associative life, for example, before part of the social fabric is torn apart, particularly as regards pensioners and the elderly, it will not be enough to add a few extra funds but to set up human resources measures at local authority level to help these associations manage the new operating constraints which will otherwise appear insurmountable and prevent them from resuming their activities.
In short, a change of schedule must be made: October is traditionally the month of time changes. Let's set our clocks to the right time... but the Covid-19 and let's act accordingly.
At the international level, the same reasoning prevails. Indeed, what are the main features of the current new situation? Taking advantage of the confusion linked to the pandemic, regional powers are showing their muscles and gesticulating at the risk of relaunching dramatic war tensions, such as Turkey in the Mediterranean or Tunisia, China in Hong Kong or Taiwan, the United States cancelling the INF treaty on "euromissiles" or boycotting the WHO and the International Criminal Court. Can we allow these abuses to continue and does this not show that old challenges must now be considered in a new way?;
"The virus is today the main global threat to security in our world", said UN Secretary-General Antonio Gutteres. At the time of COVID-19, the "planetary social fabric", most often referred to as "multilateralism", is in danger of being torn apart by the onslaught of national individualism and the selfishness of powers. The guarantee of survival and the future for the world community is to consolidate this "safety net" that we have been obstinately weaving and weaving for 75 years. It is the multitude of international treaties and agreements, the action of dozens of UN institutions and agencies, the organisation of forums and meeting places around the UN "palaver tree" that have begun to "civilise" international relations. All these procedures sometimes waste time, but they are essential for reaching the compromises and political agreements that build the common life of the United Nations.
We face several other challenges that I highlighted in my previous article on the 75th anniversary of the United Nations. The first challenge is that of multilateralism and global governance and the need to do everything possible to defend them. The second challenge is not to let the pandemic make us turn back the clock on the fight against poverty and global inequality. The third challenge is to find new ways for the international community to act in these difficult times, through the fight against certain super-profits and against unnecessary spending such as military spending.
But the main challenge for me is not the capacity of state leaders, of civil society leaders, not to narrow the horizon of proposals for action but, on the contrary, to show boldness and innovation now.
At a time when there is pressure from the dominant economic forces to narrow the fields of action to health and the economy (in the form of unchecked aid to entrepreneurs), should we not support the bold proposals of the UN Secretary General who advocates for "a new generation of social protection, including for the most vulnerable, based on universal health coverage and the possibility of a universal basic income" or which considers it necessary "to address the deep inequalities that prevent dignity and opportunities for all" and advocates greater investment in social cohesion, "recognising that diversity is a richness and not a threat"?
In the field of peace and disarmament, the international community will thus very soon be faced with a new challenge. In a few weeks' time, the TIAN (Treaty on the Prohibition of Nuclear Weapons) will receive the 50 ratifications required from States for its entry into force. Humanity will have a historic opportunity to pave the way for the elimination of these dreadful and inhuman weapons forever. Will the world's governments seize this opportunity? Will the nuclear states stiffen in their opposition? Will hesitant states take the bold step of saying "yes, really, it is time to try"? Will pro-banning states show initiative and diplomatic openness to move negotiations forward towards a concrete implementation of the ban? Finally, will the forces of civil society succeed in making this project a great cause for humanity?
To give impetus to these great visions for the future, as I wrote in a last article, we have a tool, the United Nations, but let's work to ensure that it really integrates "civil society, cities, businesses, communities and youth", as the UN Secretary General wishes. This must be at the heart of the necessary reforms of the institution.
Let's not wait for "better days", "post-covid" days, which are so uncertain, both locally in our societies and internationally.
Isn't "tomorrow" being built "today", in "the obstinate struggle of this daily time" as the poet writes?
Daniel Durand
Director of the Institute for Documentation and Research for Peace (IDRP) 


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