Les États vont-ils accepter d'entamer des discussions pour examiner les conditions d'une négociation sur une convention d'abolition des armes nucléaires ? C'est un des enjeux de la période. La diplomatie française est une des plus hostiles à cette démarche, y compris au sein de l'UE et, en privé, de nombreux diplomates européens regrettent cette obstination française. Cette opposition repose sur le raisonnement suivant : la Convention est une construction théorique, le désarmement nucléaire n'avancera pas par des "visions" ou proclamations mais par des mesures concrètes et ce, en fonction, du contexte stratégique et aujourd'hui, i y a encore énormément de conditions à remplir pour envisager un jour l'abolition des armes nucléaires.
Ce raisonnement peut faire illusion mais l'exemple de la négociation sur l'interdiction des armes chimiques, il y a vingt-cinq ans, montre sa fausseté. En 1990, la menace chimique, les risques de prolifération sont considérables. Le contexte stratégique s'est amélioré après la chute du mur de Berlin mais reste instable. La France a un stock d''armes chimiques mais bien moins important que celui des États-Unis et de l'Union soviétique. Les principaux pays commencent alors à exprimer leur accord pour aller à l'abolition des armes chimiques. Le Président F. Mitterrand, après avoir beaucoup hésité, organise à Paris, en janvier 1991, une Conférence internationale qui va "booster" les discussions qui reprennent ensuite à la Conférence du Désarmement à Genève. L'ambassadeur de France de l'époque, M. Pierre Morrel, va jouer un rôle décisif dans la réussite des négociations qui aboutissent en 1993, à la signature de la Convention pour l'interdiction de la production et de l'usage des armes chimiques. Celle-ci est ratifiée en 1996, un organisme de suivi de la destruction et la vérification est créé dans chaque pays, la France détruit ses stocks, et aujourd'hui, il ne reste des armes chimiques seulement qu'aux États-Unis et en Russie : les derniers stocks devraient finir d'être détruits d'ici 2012.
Les armes chimiques présentaient des problèmes aussi complexes à traiter sinon plus que les armes nucléaires, en terme de vérification, de cooûts de destruction. Avant 1990, elles étaient présentées aussi comme essentielles pour la sécurité de la France.
Pourquoi le processus qui a été possible en 1991-93 ne serait-il plus valable aujourd'hui ? Il n'existe aucune raison de sécurité nationale, de contexte stratégique, de risque de prolifération qui soit différente aujourd'hui de celui d'il y a vingt-cinq ans !
À moins que... derrière la défense des armes nucléaires françaises ne se cache une simple volonté de puissance ou d'apparence de puissance et de place au Conseil de sécurité de l'ONU ? Cela expliquerait pourquoi la France fait tout pour dénigrer les propositions d'Obama, celles des ONG ; pourquoi elle avait aussi en 2005 bloqué toute proposition de réforme de l'ONU et du Conseil de sécurité. Cette petite vision ne prend donc pas en compte ni les intérêts de la paix et du désarmement, ni à terme les intérêts bien compris de notre pays...
06/05/2010
Ce raisonnement peut faire illusion mais l'exemple de la négociation sur l'interdiction des armes chimiques, il y a vingt-cinq ans, montre sa fausseté. En 1990, la menace chimique, les risques de prolifération sont considérables. Le contexte stratégique s'est amélioré après la chute du mur de Berlin mais reste instable. La France a un stock d''armes chimiques mais bien moins important que celui des États-Unis et de l'Union soviétique. Les principaux pays commencent alors à exprimer leur accord pour aller à l'abolition des armes chimiques. Le Président F. Mitterrand, après avoir beaucoup hésité, organise à Paris, en janvier 1991, une Conférence internationale qui va "booster" les discussions qui reprennent ensuite à la Conférence du Désarmement à Genève. L'ambassadeur de France de l'époque, M. Pierre Morrel, va jouer un rôle décisif dans la réussite des négociations qui aboutissent en 1993, à la signature de la Convention pour l'interdiction de la production et de l'usage des armes chimiques. Celle-ci est ratifiée en 1996, un organisme de suivi de la destruction et la vérification est créé dans chaque pays, la France détruit ses stocks, et aujourd'hui, il ne reste des armes chimiques seulement qu'aux États-Unis et en Russie : les derniers stocks devraient finir d'être détruits d'ici 2012.
Les armes chimiques présentaient des problèmes aussi complexes à traiter sinon plus que les armes nucléaires, en terme de vérification, de cooûts de destruction. Avant 1990, elles étaient présentées aussi comme essentielles pour la sécurité de la France.
Pourquoi le processus qui a été possible en 1991-93 ne serait-il plus valable aujourd'hui ? Il n'existe aucune raison de sécurité nationale, de contexte stratégique, de risque de prolifération qui soit différente aujourd'hui de celui d'il y a vingt-cinq ans !
À moins que... derrière la défense des armes nucléaires françaises ne se cache une simple volonté de puissance ou d'apparence de puissance et de place au Conseil de sécurité de l'ONU ? Cela expliquerait pourquoi la France fait tout pour dénigrer les propositions d'Obama, celles des ONG ; pourquoi elle avait aussi en 2005 bloqué toute proposition de réforme de l'ONU et du Conseil de sécurité. Cette petite vision ne prend donc pas en compte ni les intérêts de la paix et du désarmement, ni à terme les intérêts bien compris de notre pays...
06/05/2010
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