Les échos des discussions dans les différents Comités (Désarmement, Non-prolifération, énergie civile) de la Conférence d'examen du TNP à New-York montrent que les divergences entre délégations sont très fortes sur des points importants et que le contexte de la Conférence ne semble pas devenir très stimulant.
Au comité I (désarmement), Tim Wright (coordinateur de ICAN international) relève que ce lundi 17 mai, la France a estimé que le langage du projet de résolution en 26 points sur "l'élimination" était trop "fort", et qu'elle préférait une déclaration plus vague des États-parties afin de créer "les conditions pour un monde sans armes nucléaires" plutôt qu'un appel à réaliser l'abolition des armes nucléaires. Le représentant de l'Union européenne a repris le même registre de dilution du contenu de l'article VI en suggérant que le texte final réaffirme "l'engagement de construire un monde plus sûr pour tous afin de créer les conditions d'un monde sans armes nucléaires conformément avec les buts du TNP". (À noter, que dans les pays européens, l'Autriche, elle, a fait une déclaration forte de soutien au projet de Convention d'abolition des armes nucléaires).
Dans le même tir groupé, le représentant des États-Unis a déclaré que les progrès sur la non-prolifération et la conformité étaient essentiels dans la possibilité de construire "de solides progrès vers une vision d'un monde sans armes nucléaires".
"Progrès vers une vision" ou "conditions d'un monde sans armes nucléaires", il est clair qu'il y a un pressing très fort des puissances nucléaires pour affaiblir les références fortes à la mise en oeuvre de l'article VI du TNP, contenues dans les 26 points du projet de texte, le "draft paper" qui circule actuellement.
Ces positions ne peuvent que susciter la méfiance et l'irritation de nombre de puissances non-nucléaires. Dans ce climat, l'annonce par les cinq membres permanent du Conseil de sécurité (tous puissances nucléaires) plus l'Allemagne du dépôt d'un projet de résolution au Conseil proposant de nouvelles sanctions contre l'Iran, et ce 24 heures seulement après le projet d'accord sur l'enrichissement de l'uranium entre Brésil,Turquie et Iran a créé un mauvais climat dans la Conférence.
On aurait pu penser que les États-Unis auraient pu plutôt essayé de travailler avec le Brésil et la Turquie (membre de l'OTAN) pour renforcer et faire aboutir le projet, celui-ci ne reprend-il pas l'essentiel du plan déposé en 2009 par le "Groupe de Vienne" (AIEA + États-Unis + France + Russie) ? Cela aurait constitué un vrai signe positif pour faire évoluer positivement la Conférence ?
Au lieu de cela, l'attitude adoptée par l'administration Obama peut laisser planer des doutes aujourd'hui sur un éventuel changement de positionnement ou de hiérarchie dans l'importance accordée à la réussite du TNP.
La spécialiste Rebecca Jonhson sur son blog (http://acronyminstitute.wordpress.com/2010/05/18/day-14/) remarque que le dépôt de cette résolution au Conseil de Sécurité intervient juste avant les premières auditions de la Commission des Affaires étrangères du Sénat pour la ratification du nouveau traité START. Les considérations "domestiques" de l'administration Obama prendraient-elles le dessus sur la vision primitivement annoncée de la priorité donnée au désarmement nucléaire ? Tim Wright souligne qu'au même moment, également, un communiqué de presse de la Maison Blanche, annonce qu'un plan de 80 Mds de $ est prévu pour la modernisation de l'arsenal nucléaire US pour qu'il demeure "sûr, sécurisé et fiable".
Encore une fois, il est clair que si tous les États, et notamment les États nucléaires, ne mettent pas plus en accord leurs paroles et leurs actes, il sera difficile de recréer un climat de confiance dans le TNP. Une non-réussite de la Conférence ou une déclaration finale faible serait ressentie comme un échec, y compris pour l'image des États-Unis qui, jusqu'à présent, étaient apparus, ces derniers mois, aux yeux de l'opinion et des médias, comme des "chevaliers blancs" de la réussite de la Conférence du TNP et d'une avancée vers un monde sans armes nucléaires.
Le rôle de la France, dans ce contexte, apparaît de moins en moins positif : la délégation minimise la portée des engagements à prendre par les pays nucléaires pour appliquer l'article VI, M. Danon a été péremptoire dans son intervention pour affirmer que l'Iran trichait et préparait l'arme nucléaire... Là encore, n'y-t-il pas quelque chose comme la "paille des mots et le grain des choses" ?
19 mai 2010
Au comité I (désarmement), Tim Wright (coordinateur de ICAN international) relève que ce lundi 17 mai, la France a estimé que le langage du projet de résolution en 26 points sur "l'élimination" était trop "fort", et qu'elle préférait une déclaration plus vague des États-parties afin de créer "les conditions pour un monde sans armes nucléaires" plutôt qu'un appel à réaliser l'abolition des armes nucléaires. Le représentant de l'Union européenne a repris le même registre de dilution du contenu de l'article VI en suggérant que le texte final réaffirme "l'engagement de construire un monde plus sûr pour tous afin de créer les conditions d'un monde sans armes nucléaires conformément avec les buts du TNP". (À noter, que dans les pays européens, l'Autriche, elle, a fait une déclaration forte de soutien au projet de Convention d'abolition des armes nucléaires).
Dans le même tir groupé, le représentant des États-Unis a déclaré que les progrès sur la non-prolifération et la conformité étaient essentiels dans la possibilité de construire "de solides progrès vers une vision d'un monde sans armes nucléaires".
"Progrès vers une vision" ou "conditions d'un monde sans armes nucléaires", il est clair qu'il y a un pressing très fort des puissances nucléaires pour affaiblir les références fortes à la mise en oeuvre de l'article VI du TNP, contenues dans les 26 points du projet de texte, le "draft paper" qui circule actuellement.
Ces positions ne peuvent que susciter la méfiance et l'irritation de nombre de puissances non-nucléaires. Dans ce climat, l'annonce par les cinq membres permanent du Conseil de sécurité (tous puissances nucléaires) plus l'Allemagne du dépôt d'un projet de résolution au Conseil proposant de nouvelles sanctions contre l'Iran, et ce 24 heures seulement après le projet d'accord sur l'enrichissement de l'uranium entre Brésil,Turquie et Iran a créé un mauvais climat dans la Conférence.
On aurait pu penser que les États-Unis auraient pu plutôt essayé de travailler avec le Brésil et la Turquie (membre de l'OTAN) pour renforcer et faire aboutir le projet, celui-ci ne reprend-il pas l'essentiel du plan déposé en 2009 par le "Groupe de Vienne" (AIEA + États-Unis + France + Russie) ? Cela aurait constitué un vrai signe positif pour faire évoluer positivement la Conférence ?
Au lieu de cela, l'attitude adoptée par l'administration Obama peut laisser planer des doutes aujourd'hui sur un éventuel changement de positionnement ou de hiérarchie dans l'importance accordée à la réussite du TNP.
La spécialiste Rebecca Jonhson sur son blog (http://acronyminstitute.wordpress.com/2010/05/18/day-14/) remarque que le dépôt de cette résolution au Conseil de Sécurité intervient juste avant les premières auditions de la Commission des Affaires étrangères du Sénat pour la ratification du nouveau traité START. Les considérations "domestiques" de l'administration Obama prendraient-elles le dessus sur la vision primitivement annoncée de la priorité donnée au désarmement nucléaire ? Tim Wright souligne qu'au même moment, également, un communiqué de presse de la Maison Blanche, annonce qu'un plan de 80 Mds de $ est prévu pour la modernisation de l'arsenal nucléaire US pour qu'il demeure "sûr, sécurisé et fiable".
Encore une fois, il est clair que si tous les États, et notamment les États nucléaires, ne mettent pas plus en accord leurs paroles et leurs actes, il sera difficile de recréer un climat de confiance dans le TNP. Une non-réussite de la Conférence ou une déclaration finale faible serait ressentie comme un échec, y compris pour l'image des États-Unis qui, jusqu'à présent, étaient apparus, ces derniers mois, aux yeux de l'opinion et des médias, comme des "chevaliers blancs" de la réussite de la Conférence du TNP et d'une avancée vers un monde sans armes nucléaires.
Le rôle de la France, dans ce contexte, apparaît de moins en moins positif : la délégation minimise la portée des engagements à prendre par les pays nucléaires pour appliquer l'article VI, M. Danon a été péremptoire dans son intervention pour affirmer que l'Iran trichait et préparait l'arme nucléaire... Là encore, n'y-t-il pas quelque chose comme la "paille des mots et le grain des choses" ?
19 mai 2010
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