samedi 22 mai 2010

TNP - La persistance du double standard

La deuxième semaine de la Conférence du TNP, ce lundi 10 mai, a été consacrée aux discussions dans les commissions II (non-prolifération) et III (énergie nucléaire civile).
Dans la commission II, l'essentiel des débats a tourné sur la généralisation ou non des garanties suppléémentaires contenues dans le Procole additionnel : les délégations occidentales et particulièrement la France, ont insisté pour que le Protocole additionnel devienne la norme des garanties remplies par les États non-nucléaires. Cette insistance a irrité de nombreux pays non-nucléaires, comme le Brésil ou le Venezuela, qui ont fait remarquer qu'il était demandé toujours plus de normes et d'engagements aux États non-nucléaires alors que les États nucléaires rechignaient à prendre aucun engagement concret (agenda, garanties de sécurité) pour le désarmement et l'application de l'article VI. Bref, ce sentiment d'assysmétrie, voire de double standard, n'a pas fait progresser la confiance dans une interprétation juste du TNP.
Cette situation provoque un raidissement des positions et une tension plus grande, perceptible aussi dans le comité III. Aussi, Mme Florence Mangin, Ambassadrice, Représentante permanente de la France auprès de l’Office des Nations Unies à Vienne, a pu déclarer que "Le nucléaire civil peut être, aux yeux de la France, le ciment d’une nouvelle solidarité internationale," et que "Le TNP, porteur d’un projet commun de paix, de développement mutuel et de prospérité partagée, est la clé de voûte de cette solidarité nucléaire"; son discours était miné par l'intervention française au même moment au Comité II disant que le coopération nucléaire civile serait suspendue si un pays ne souscrivait pas à toutes les garanties de non-prolifération exigées par les occidentaux.
Enfin, il faut noter que les discours, notamment français, qui font le lien systématique entre nucléaire militaire et sécurité nationale, loin d'encourager à diminuer le rôle des armes nucléaires et encourager le désarmement, ne font qu'encourager certains États dans l'idée qu'avoir l'arme nucléaire serait bon aussi pour leur sécurité.
La seule ou presque bouffée d'oxygène de la journée est venue de la présentation, hors séance officielle, par l'ambassadeur de  Suisse d'une étude prônant l'interdiction des armes nucléaires. Cette étude a été réalisée par les experts de l'Institut d'études internationales de Monterrey, qui ont été mandatés par le Département fédéral des affaires étrangères (DFAE).
Leur étude montre de quelle manière la légitimité des armes nucléaires pourrait être abolie par l'intermédiaire d'un traité international mais aussi comment les armes nucléaires mettent à mal l'argument d'un effet dissuassif. Une doctrine d'Etat, dans laquelles les armes nucléaires jouent un rôle, doit être considérée comme tout aussi inacceptable que l'utilisation d'armes biologiques et chimiques, dont l'interdiction est déjà réglementée au niveau international, selon les auteurs.
L'étude ne trouve en outre aucune justification à la théorie qui prétend que la Seconde guerre mondiale a pu prendre fin grâce au lancement de bombes atomiques sur le Japon. Selon elle, prétendre que les armes nucléaires ont permis d'assurer la paix durant les années de Guerre froide relève également du mythe.
L'étude montre par ailleurs quelle forme pourrait prendre une convention de renoncement aux armes nucléaires.  Elle souligne qu'une telle convention doit prévoir des mesures punitives, auxquelles aucun Etat ne pourrait échapper.
La Suisse a joué par le passé un rôle diplomatique actif sur les négociations concernant le contrôle des armes légères, celui des transferts d'armement. Qu'elle décide d'avoir une politique plus active en faveur du désarmement nucléaire ne peut avoir qu'un effet bnéfique dans la lutte pour un monde sans armes nucléaires.
10/05/2010

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