En France, le budget de la Défense devrait contribuer pour 3,5 milliards d'euros sur trois ans, de 2011 à 2013, à la réduction des déficits publics après qu'une somme de 5 Mds d'euros ait été envisagée.Ces coupes budgétaires devraient être compensées partiellement par quelque 2 milliards d'euros de "recettes exceptionnelles", à savoir vente d'actifs immobiliers et de fréquences 4G, réservées par l'armée.Mais semble-t-il, le ministère devra trouver 1,5 milliards € d’économies de fonctionnement supplémentaires. Reports de charge et recours aux recettes exceptionnelles ne suffiront pas : certains programmes d'équipements pourraient être touchés : l'idée serait de préserver ceux sur le point d'être lancés et de privilégier, pour les autres, le décalage du programme voire sa suppression.
Selon Le Monde (édition datée du 3/07/2010) et Patrick Herter, la dissuasion nucléaire ne sera pas touchée (10% du budget total et 25% des crédits d’équipement), les grands programmes d’armement seront maintenus : le Rafale pour 40 milliards €, la rénovation des sous-marins nucléaires, de nouvelles frégates, le nouveau véhicule blindé de l’armée de terre, l’équipement des fantassins et l’avion de transport européen pour 25 milliards €, seuls seraient reportées la rénovation du Mirage 2000-D, la modernisation d’une partie de l’armée de terre (programme Scorpion).
Au niveau européen, plusieurs pays ont annoncé également des réductions de budgets.
L'Allemagne prévoit une réduction des dépenses militaires d'1 milliard d'euros en quatre ans, et envisage de supprimer la conscription obligatoire, ce qui l'obligerait à une modification de sa Constitution et à un débat de fond important sur la nature de l'armée allemande.
Le ministère britannique de la Défense (MoD) devrait subir une réduction de 10% à 20% de son budget annuel de 36,9 milliards de livres (44,8 milliards d'euros), dans le cadre des coupes annoncées par le gouvernement pour réduire le déficit budgétaire du pays. Le ministre des Finances George Osborne a confirmé que le coût du renouvellement du système de missiles balistiques Trident, qui équipe les sous-marins nucléaires britanniques, soit 20 milliards de livres (24,3 milliards d'euros), devra être assumé par le seul ministère de la Défense, sans crédits exceptionnels.
La France, le Royaume-Uni, l'Allemagne, l'Italie et l'Espagne – les cinq principales puissances européennes, dont le PIB réuni est légèrement inférieur à celui des Etats-Unis – ont consacré 165 milliards d'euros aux dépenses militaires en 2009 (200 milliards d’euros pour l'ensemble des Etats membres de l’Union européenne).
Aux États-Unis même, le secrétaire d'État à la Défense, Robert Gates, a annoncé une série de mesures devant contribuer à économiser 100 milliards de dollars (77,6 milliards d'euros) en cinq ans. Parmi ces annonces figurent une baisse du budget consacré aux sous-traitants, une réduction du nombre de postes de généraux et hauts fonctionnaires, ainsi que la suppression d'un des commandements militaires du Pentagone. Il ne s'agit pas de réduire le budget de défense mais de mieux l'utiliser, a expliqué Robert Gates, en soulignant que « les différents services pourront garder les économies dégagées pour les réinvestir ».
Les dépenses de l'armée américaine ont plus que doublé depuis 2001 et atteigbent les 768 milliards de dollars dont 159 milliards concernent les opérations extérieures (Irak, Afghanistan). Elles représentent près de 40 % des dépenses militaires mondiales, et sont deux fois plus élevées que la somme de celles des quatre autres pays ayant les plus gros budgets (Royaume-Uni, Chine, France et Russie).
Du côté chinois et meême russe, le paradoxe est que les hausses observées jusqu'à présent visaient autant à diminuer le format des armées pour les moderniser et les rendre plus proches des "standards" occidentaux qu'à développer de nouveaux armements... la Chine avec des estimations de budget autour de 75 à 80 Mds de $ au lieu de 45 Mds de $, il y a deux ans, demeure bien loin du leader US.
Que vont changer ces diminutions budgétaires si elles sont confirmées dès l'année prochaine sur le plan des stratégies de défense et du renforcement de la paix mondiale ?
J'essaierai d'apporter quelques éléments de réflexion dans un prochain article : "Dépenses militaires : II - Tirer ou non profit de la crise ? Repenser la militarisation du monde."
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