(English translation below)
Pour écrire cet article, j'ai consulté plusieurs sites pacifistes que vous trouverez en fin d'article.
Depuis la fin de la Guerre froide, la mobilisation pour la paix pour chaque grand conflit a eu sa singularité. La première guerre d'Irak en 1991, lancée par une coalition internationale, pour punir l'Irak de son invasion du Koweit, bien qu'approuvée par une résolution de l'ONU, a vu une réaction forte des opinions publiques occidentales, qui ont condamné le retour de la guerre dans les relations internationales comme moyen de régler les conflits. "Quelle connerie la guerre !" était au coeur des rassemblements fin de l'année 1990, très importants jusqu'au déclenchement des bombardements alliés en janvier 1991 mais qui se sont essoufflés dans la quinzaine suivante.
Le conflit dans les pays de l'ex-Yougoslavie s'est étalé sur plusieurs années et a permis des interventions des Mouvements de paix dès le début du conflit (Caravane européenne de la paix en septembre 1992 qui se rend à Ljubljana, Zagreb, Belgrade, Sarajevo et organise dans cette dernière ville une chaîne de la paix de 7000 personnes entre les cinq édifices religieux de la ville). Ce n'est que lorsque le conflit s'enlise dans la guerre civile et que des bombardements de l'OTAN interviennent sur la Serbie, que l'intervention du Mouvement de la paix devient plus difficile même si des manifestations ont lieu à Paris, à Strasbourg jusqu'en 1999 sous le slogan "Ni bombardements, ni épuration ethnique".
La guerre d'Irak, début 2003, est marquée par plusieurs semaines de débats, qui permettent une mobilisation de l'opinion publique. Celle-ci culmine le 15 février 2003 avec des manifestations sur l'ensemble de la planète (plusieurs millions de manifestants recensés). Ces mobilisations faiblissent progressivement après l'entrée en guerre mais, malgré tout, le mouvement anti-guerre en Irak reste présent dans les esprits. Des manifestations ressurgissent aux États-Unis en septembre 2005 ou mars 2007.
Par contre, les conflits en Libye, en Syrie, au Yemen ont eu du mal à venir dans l'agenda des initiatives publiques pour la paix, en Europe, mais aussi en France bien que notre pays soit impliqué soit par sa participation (Libye), soit par des ventes d'armes (Yemen).
Comment s'est déroulé le débat autour de la guerre d'Ukraine ?
L'invasion russe en Ukraine se produit le 24 février 2022 sans que des mouvements d'opinion se soient manifestés réellement auparavant, même si des articles d'alerte sont publiés par plusieurs mouvements en janvier et février. Les trois premiers week-ends du 28 février, du 2 mars et du 9 mars voient des réactions anti-guerre, de solidarité au peuple ukrainien se produire en Europe, Amérique du nord, Japon : les foules peuvent être importantes comme en Allemagne, à Cologne et Berlin. Dès le 9 mars, on voit les mobilisations faiblir et peu à peu, sinon s'éteindre, avoir beaucoup de mal à être organisées et à rassembler plus que quelques dizaines de militants et militantes (voir la journée du 2 avril en France et au Royaume Uni sur les sites).
Un autre signe de la complexité des mobilisations réside dans l’absence de véritable coordination internationale ou même de mot d'ordre de journée internationale véritablement lancé et repris en mars et avril.
Plusieurs explications "basiques" peuvent être à ce stade apportées et qui ne sont pas originales et spécifiques à cette guerre d'Ukraine. Comme pour tous les conflits, il y a une réaction spontanée des opinions qui se révoltent à l'annonce d'une guerre et des menaces qu'elle peut entraîner sur leur futur. Dans les semaines suivantes, en fonction de l'évolution du conflit, si les menaces d'extension semblent maîtrisées, il y a une "accoutumance" qui s'installe et les protestations se rétrécissent au niveau militant.
Pour la guerre d'Ukraine, compte-tenu de la proximité géographique, de la saturation médiatique sur les destructions, les déplacés, le sentiment de solidarité humanitaire s'est développé vite et de manière forte. Il prime sur les initiatives politiques qui semblent loin de nos possibilités d'intervention individuelles.
D'une manière plus générale, on peut s'interroger pour essayer de comprendre quels autres facteurs ont pu intervenir pour gêner les mouvements de paix dans leur appréhension de la thématique de la guerre en Ukraine. Je vois deux catégories de raisons.
Premièrement, depuis une dizaine d'années, la priorité d'action de beaucoup de mouvements s'est déplacée sur des actions "sectorielles" : le désarmement nucléaire a repris de la vigueur autour de la campagne menée sur le traité d'interdiction de celles-ci jusqu’à l'extraordinaire percée de l'adoption du TIAN en septembre 2019. Pour d'autres groupes, l'action contre le commerce des armes a concentré des efforts là encore avec succès puisque le TCA a été signé en 2019. par contre, l'intervention sur les conflits locaux a été plus difficile. Des signaux avertisseurs auraient dû alerter avec la difficulté de mobiliser sur les questions de la Syrie et de la Libye.
Concernant plus spécifiquement l'Ukraine, la crise de 2014 qui s'était traduite par l'annexion de la Crimée et la neutralisation du Donbass n'avait pas vraiment suscité de réactions.
Deuxième catégorie de difficultés : on peut estimer que tant en 2014 qu'en 2022, la difficulté principale a d'abord été une difficulté d'ordre politique. Comment agir contre l'agresseur, comment resituer l'action pour la paix dans un cadre où l'agresseur principal et immédiat n'est apparemment pas l'impérialisme américain et son complice habituel, l'OTAN ? Certains mouvements radicaux (comme le CMP, No to NATO, les radicaux américains) ont réussi quand même, au prix d'une acrobatie théorique, à rendre l'OTAN et les USA responsables de la crise ukrainienne mais la majorité des mouvements de paix "sérieux" a condamné sans hésiter l'agression russe mais ensuite, pour autant, n'a pas réussi à développer des actions contre la Russie tout en critiquant aussi les "pousse aux crimes" de l'OTAN (pas de délégations dans les ambassades russes, par ex).
On avait connu ce type de difficultés politiques en 1999 avec la Serbie et l'OTAN. En France, le Mouvement de la paix avait réussi à tenir un équilibre avec le slogan "Ni bombardements, ni épuration ethnique" mais cela n'avait pas été sans débats internes vifs. Les anti-OTAN continuent de présenter cette époque sans nuances en condamnant les bombardements de l'OTAN et en oubliant les crimes de Milosevic (voir par ex le site du WPC). De même aujourd'hui, des organisations arrivent, en privilégiant les pressions de l'OTAN depuis 20 ans, en survalorisant le rôle des milices d'extrême-droite en Ukraine, à faire oublier qu'il y a une invasion russe (voir toujours WPC, US Peace Council, United National Antiwar Coalition ou No to NATO).
La difficulté à mobiliser contre la guerre et surtout pour une solution politique négociée a donc des causes multiples, auxquelles il faut rajouter les difficultés de la "bataille informationnelle" et de la pression médiatique que j'ai évoquées dans le IIIe volet de mes articles.
Au delà de ces considérations sur les stratégies à court terme, je pense qu'il faut aussi élargir encore la réflexion sur le fond : la lutte pour la paix ne doit-elle pas évoluer aussi en fonction des nouvelles stratégies guerrières, qu'elles soient appelées "boussole stratégique" ou "concept stratégique" ? En développant les réflexions qui suivent, j'ai conscience d'être aux limites du chercheur en relations internationales et de celles du militant, longtemps impliqué dans l'action pour la paix. Je souhaite ne pas apparaître en simple "yaqua" ou "ifoque", mais en simple lanceur d'idées pour stimuler un débat qui semble nécessaire.
Je reprendrai l'exemple français car il me semble significatif des débats existant aux États-Unis, au sein de l'OTAN et de l'UE. Je rappelle les citations du chef d'état-major français que j'ai évoquées dans mon dernier article.
En parlant du nouveau "concept stratégique français", il a déclaré qu'il fallait aujourd'hui : "gagner la guerre avant la guerre" !
« Avant, les conflits s’inscrivaient dans un schéma paix / crise / guerre”. Désormais, c’est plutôt un triptyque compétition / contestation / affrontement. […] La compétition est devenue l’état normal, que ce soit dans le champ économique, militaire, culturel ou politique, et les conflits dits périphériques appartiennent à cette compétition. On a vécu vingt ans durant lesquels la logique était l’engagement sur le terrain, mais aujourd’hui’ ce n’est plus l’unique solution », a ainsi développé le général Burkhard devant la presse.
L'enjeu pour les pacifistes est considérable : comment anticiper aujourd'hui l'action contre la guerre et pour la paix si la paix est remplacée par la "compétition permanente" ? L'action pour la paix doit-elle être permanente ? Sur le principe, c'est notre vision générale de l'action pacifiste mais concrètement, le mettons-nous en œuvre ? Quels dispositifs de veille active, d'interventions concrète de terrain en direction de l'opinion (et pas seulement, en se contentant d'une simple déclaration ou communiqué de presse) ?
Face à une compétition "multi-champs" (économique, militaire, culturel ou politique, précise le général Burkhard), que peut signifier une ACTION pour la paix (là encore, je précise bien action et non posture déclarative) multi-terrain : la "paix" par le désarmement (amplifier initiatives sur ventes d'armes françaises voir Salon du Bourget mais pas seulement), la baisse des dépenses militaires (comment reprendre des initiatives illustrant le contraste dépenses militaires et besoins de santé, d'éducation devant les écoles, les hôpitaux), le renforcement de la place de l'ONU et multilatéralisme (comment reprendre critique forte des G7, des Davos, etc), la pertinence des traités (quelles actions pédagogiques d'explication, quelle utilisation du siège des Nations unies à Genève).
Quelle "paix économique" : comment mieux voir le lien conflits et guerre et réalisation des ODD ; comment lier paix et pillages commerciaux des richesses des pays en voie de développement ; enfin, comment continuer et renforcer l'action menée pour lier paix et action pour une planète durable (l’embargo contre le gaz durable aboutit à favoriser l'exploitation du gaz de schiste US et la réouverture de mines de charbon !)?
Quelle "paix de l'information" pacifiée par la promotion du contrôle des faits (voir article précédent) ; quels soutiens à des médias indépendants orientés vers la défense de la paix ? Quelle implication dans les réseaux sociaux par les comités de paix (il y un retard considérable, en France notamment sur l'utilisation de Facebook,Twitter, Instagram et besoin de formations massives des militants), la promotion de l'information collaborative, le soutien aux logiciels libres.
Quelle "paix citoyenne", quel soutien à l'engagement citoyen par l'éducation à la paix qui existe déjà, notamment en France, mais pour en faire une exigence de masse. Quel renforcement des coopérations pacifiques . Pour celles-ci, ne faudrait-il pas promouvoir l'idée de sommets mondiaux pour la paix réguliers, qui dépasseraient les structures actuellement sclérosées du CMP ou du BIP ?
Après cette énumération, on va me rétorquer : il n'y a rien de très nouveau dans tout cela, ce n'est que la répétition des Objectifs de la culture de paix.
Tout à fait d'accord, mais peut-être faut-il justement reprendre les objectifs de la culture à la lumière des nouveautés du monde, des nouveautés des stratégies des militaires et monter, nous aussi, de véritables stratégies.
Exemple : on voit bien que nous avons des difficultés à aborder la "guerre économique" d'un point de vue pacifiste, à aborder l'augmentation des dépenses d'armement de manière non formelle et routinière, dans leur globalité en lien avec les besoins sociaux, les injustices et inégalités mondiales (ODD), l'avenir de la planète sans se mettre à la remorque des organisations ou coalitions existantes mais en faisant de la paix le moteur des mouvements. Comment reprendre la question du respect et de la promotion du "droit international" de manière simple et politique et pas seulement technique. Nous rencontrons les mêmes difficultés pour développer des mouvements d'opinion, la "guerre sociétale" : créer des centrales d'action, de réseaux sociaux avec des activistes spécialisés, la création des éléments de langage".
Idem pour l'information, comment combattre la guerre de l'information, avec quelles ressources ? Comment fait-on pour être des producteurs d’informations, pour alimenter les réseaux sociaux. Nos smartphones sont devenus des producteurs de vidéos : ne réalisons pas un événement, pas un rassemblement, pas une réunion, pas une manifestation sans deux ou trois vidéos de une à deux minutes, sur Twitter, Facebook, Instagram, Diaspora. Il existe des réseaux alternatifs libres hors GAFAM, pourquoi ne pas les investir avec nos contenus, en faire des points de références ?
En fait, aujourd'hui, je pense que le mouvement pacifiste, sous toutes ses formes et dans toutes ses composantes, est confronté à de nouveaux enjeux, face aux changements dans le monde. le défi posé est comment concrètement "mondialiser la paix", pour reprendre un de nos slogans ? N'est-il pas urgent de travailler à créer un grand mouvement mondial pour la paix, qui reprendrait les chantiers du "Forum du Millénaire" de l'an 2000 (voir http://www.onecountry.fr/index.php?page=article&article=82), pour démilitariser les relations internationales et démilitariser les esprits des humains ?
Pourquoi le Mouvement de la paix n'y travaillerait-il pas en menant un grand forum national de débats et de remise à plat des enjeux d'aujourd'hui s'étalant sur toute l'année 2023 ?
Peut-être, pourrions ainsi, en parodiant la formule des militaires "gagner la paix avant la paix" ?
Daniel Durand - 11 avril 2022
NB : Sites consultés :Mouvement de la paix en France (https://mvtpaix.org) de Peace Action aux USA (https://www.peaceaction.org/), de La Fondation pour la paix de Barcelone (http://fundipau.org/), de Stop the war coalition au Royaume-Uni (https://www.stopwar.org.uk/), de la Campaign for Peace, Disarmament and Common Security aux USA (https://www.cpdcs.org/), de United National Antiwar Coalition aux USA (https://www.unacpeace.org/)de la Société allemande pour la paix et des résistants à la guerre, DFG-VK (https://dfg-vk.de/), du réseau No to War, no to NATO (https://www.no-to-nato.org/), du Bureau International de la paix (https://www.ipb.org/), du Conseil mondial de la paix (https://www.wpc-in.org/).
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War(s) Russia - Ukraine: what challenges for the peace movements? (IV and end)
To write this article, I consulted several peace websites that you will find at the end of the article.
Since the end of the Cold War, the mobilisation for peace for each major conflict has had its own singularity. The first Iraq war in 1991, launched by an international coalition to punish Iraq for its invasion of Kuwait, although approved by a UN resolution, saw a strong reaction from Western public opinion, which condemned the return of war to international relations as a means of settling conflicts. "What bullshit is war!" was at the heart of the rallies at the end of 1990, which were very important until the start of the allied bombing in January 1991 but which lost momentum in the following fortnight.
The conflict in the countries of ex-Yugoslavia lasted for several years and allowed the Peace Movements to intervene from the beginning of the conflict (European Peace Caravan in September 1992, which went to Ljubljana, Zagreb, Belgrade and Sarajevo and organised a peace chain of 7,000 people between the five religious buildings in the city). It is only when the conflict gets bogged down in civil war and NATO bombings intervene on Serbia, that the intervention of the Peace Movement becomes more difficult even if demonstrations take place in Paris and Strasbourg until 1999 under the slogan "No bombing, no ethnic cleansing".
The Iraq war, at the beginning of 2003, was marked by several weeks of debates, which allowed a mobilisation of public opinion. This culminated on 15 February 2003 with demonstrations all over the world (several million demonstrators were counted). These mobilisations progressively weakened after the start of the war but, despite everything, the anti-war movement in Iraq remained present in people's minds. Demonstrations resurfaced in the United States in September 2005 and March 2007.
On the other hand, the conflicts in Libya, Syria and Yemen have had difficulty in getting onto the agenda of public initiatives for peace in Europe, but also in France, even though our country is involved either through its participation (Libya) or through arms sales (Yemen).
How did the debate on the war in Ukraine unfold?
The Russian invasion of Ukraine occurred on 24 February 2022 without any real movement of opinion beforehand, although warning articles were published by several movements in January and February. The first three weekends of 28 February, 2 March and 9 March saw anti-war reactions and solidarity with the Ukrainian people in Europe, North America and Japan: the crowds could be large, as in Germany, in Cologne and Berlin. From 9 March onwards, we see mobilisations weakening and gradually, if not dying out, having great difficulty in being organised and gathering more than a few dozen activists (see the 2 April in France and the UK on the sites).
Another sign of the complexity of the mobilisations is the absence of any real international coordination or even of an international day of action that was really launched and taken up in March and April.
Several "basic" explanations can be given at this stage, which are not original and specific to this war in Ukraine. As with all conflicts, there is a spontaneous reaction of opinions that revolt at the announcement of a war and the threats that it may entail on their future. In the following weeks, depending on the evolution of the conflict, if the threats of extension seem to be under control, there is a "habituation" that settles in and the protests shrink to the militant level.
In the case of the war in Ukraine, given the geographical proximity and the media saturation of the destruction and the displaced, the feeling of humanitarian solidarity developed quickly and strongly. It takes precedence over political initiatives that seem far from our individual possibilities of intervention.
In a more general way, we can try to understand what other factors may have hindered the peace movements in their understanding of the war in Ukraine. I see two categories of reasons.
Firstly, over the last ten years or so, the priority of action for many movements has shifted to "sectoral" actions: nuclear disarmament has gained momentum around the campaign on the nuclear ban treaty until the extraordinary breakthrough of the adoption of the TIAN in September 2019. . For other groups, action against the arms trade has focused efforts, again with success as the ATT was signed in 2019. Warning signs should have been given with the difficulty of mobilising on the issues of Syria and Libya.
With regard to Ukraine more specifically, the 2014 crisis which resulted in the annexation of Crimea and the neutralisation of the Donbass did not really provoke any reaction.
Second category of difficulties: it can be said that both in 2014 and in 2022, the main difficulty was first of all a political one. How to act against the aggressor, how to resituate the action for peace in a framework where the main and immediate aggressor is apparently not US imperialism and its usual accomplice, NATO? Some radical movements (like the CMP, No to NATO, the American radicals) have managed, at the price of a theoretical acrobatics, to make NATO and the USA responsible for the Ukrainian crisis, but the majority of "serious" peace movements have condemned the Russian aggression without hesitation, but then, for all that, have not succeeded in developing actions against Russia, while also criticising the "pushes for crimes" of NATO (no delegations in the Russian embassies, for example)
This type of political difficulty was experienced in 1999 with Serbia and NATO. In France, the Mouvement de la paix had managed to maintain a balance with the slogan "Neither bombing nor ethnic cleansing" but this had not been without heated internal debate. The anti-NATO movement continues to present this era without nuance by condemning the NATO bombings and forgetting the crimes of Milosevic (see for example the WPC website). In the same way today, some organisations manage, by privileging the pressures of NATO for 20 years, by overvaluing the role of the extreme right militias in Ukraine, to make people forget that there is a Russian invasion (see always WPC, US Peace Council, United National Antiwar Coalition or No to NATO).
The difficulty of mobilising against the war and especially for a negotiated political solution has multiple causes, to which we must add the difficulties of the "informational battle" and the media pressure that I mentioned in the third part of my articles.
Beyond these considerations on short-term strategies, I think that we must also broaden our thinking on the substance: should the struggle for peace not also evolve according to new war strategies, whether they are called "defence policies" or "deterrence"? In developing the following reflections, I am aware of being at the limits of the researcher in international relations and of those of the activist, long involved in action for peace. I do not wish to appear as a simple "yaqua" or "ifoque", but as a simple thrower of ideas to stimulate a debate that seems necessary.
I will take the French example because it seems to me significant of the debates existing in the United States, within NATO and the EU. I recall the quotes from the French Chief of Staff that I mentioned in my last article.
Speaking about the new "French strategic concept", he said that today it was necessary to "win the war before the war"!
"Before, conflicts were part of a peace / crisis / war pattern. From now on, it is more like a triptych of competition / contestation / confrontation. [Competition has become the normal state of affairs, whether in the economic, military, cultural or political field, and the so-called peripheral conflicts belong to this competition. We lived through twenty years during which the logic was engagement on the ground, but today' this is no longer the only solution", General Burkhard thus developed before the press.
The challenge for pacifists is considerable: how can we anticipate action against war and for peace today if peace is replaced by "permanent competition"? Action for peace must be permanent? In principle, this is our general vision of peace action, but in practice, do we implement it? What are the mechanisms for active monitoring, for concrete interventions in the field aimed at public opinion (and not just by being satisfied with a simple declaration or press release)?
Faced with a "multi-field" competition (economic, military, cultural or political, as General Burkhard points out), what can an ACTION for peace mean (here again, I specify action and not declarative posture) on a multi-field basis: "peace" through disarmament (amplify initiatives on French arms sales, see the Paris Air Show, but not only that), the reduction of military expenditure (how to take up initiatives illustrating the contrast between military expenditure and health and education needs in front of schools and hospitals), Strengthening the role of the UN and multilateralism (how to take up strong criticism of the G7, Davos, etc.), the relevance of the treaties (what educational explanatory actions, what use should be made of the United Nations headquarters in Geneva).
What "economic peace": how to better see the link between conflicts and war and the achievement of the MDGs; how to link peace and commercial plundering of the wealth of developing countries; finally, how to continue and strengthen the action taken to link peace and action for a sustainable planet (the embargo against sustainable gas leads to the exploitation of US shale gas and the reopening of coal mines!)?
What "peace of information" pacified by the promotion of fact-checking (see previous article); what support for independent media oriented towards the defence of peace? What involvement in social networks by peace committees (there is a considerable delay, in France in particular, in the use of Facebook, Twitter, Instagram and the need for massive training of activists), the promotion of collaborative information, support for free software.
What kind of "citizen peace", what kind of support for citizen commitment through peace education, which already exists, particularly in France, but to make it a mass requirement. How to strengthen peaceful cooperation. For these, should we not promote the idea of regular world peace summits, which would go beyond the currently sclerotic structures of the WPC or the BIP?
After this list, I will be told that there is nothing very new in all this, it is only the repetition of the Objectives of the Culture of Peace.
I agree, but perhaps we should take up the objectives of culture in the light of what's new in the world, what's new in the strategies of the military, and develop real strategies ourselves.
For example, it is clear that we have difficulty in tackling "economic warfare" from a pacifist point of view, in tackling the increase in arms spending in a non-formal and routine way, in their globality in relation to social needs, injustices and global inequalities (ODD), the future of the planet, without following the lead of existing organisations or coalitions, but making peace the driving force of movements. How to take up the issue of respect and promotion of "international law" in a simple and political way and not just a technical one. We encounter the same difficulties in developing opinion movements, the "societal war": creating centres of action, social networks with specialised activists, creating the elements of language.
The same goes for information, how to fight the information war, with what resources? How can we be producers of information, to feed social networks. Our smartphones have become video producers: we can't hold an event, a rally, a meeting or a demonstration without two or three one- or two-minute videos on Twitter, Facebook, Instagram or Diaspora. There are free alternative networks outside GAFAM, why not invest them with our content, make them points of reference?
In fact, today, I think that the peace movement, in all its forms and in all its components, is confronted with new challenges, in the face of changes in the world. The challenge is how to concretely "globalise peace", to use one of our slogans? Is it not urgent to work to create a great world movement for peace, which would take up the work of the "Millennium Forum" of the year 2000 (see http://www.onecountry.fr/index.php?page=article&article=82), to demilitarise international relations and demilitarise the minds of human beings?
Why wouldn't the Peace Movement work on this by conducting a major national forum for debate and rethinking today's issues throughout the year 2023?
Perhaps, parodying the military formula, we could "win the peace before the peace"?
Daniel Durand - 11 April 2022
NB: Websites consulted: Mouvement de la paix in France (https://mvtpaix.org), Peace Action in the USA (https://www.peaceaction.org/), Barcelona Peace Foundation (http://fundipau.org/), Stop the war coalition in the UK (https://www.stopwar.org.uk/), Campaign for Peace, Disarmament and Common Security in the USA (https://www.cpdcs. org/), the United National Antiwar Coalition in the USA (https://www.unacpeace.org/), the German Society for Peace and War Resisters, DFG-VK (https://dfg-vk.de/), the No to War, no to NATO network (https://www.no-to-nato.org/), the International Peace Bureau (https://www.ipb.org/), the World Peace Council (https://www.wpc-in.org/).
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