dimanche 30 décembre 2018

I/III - Rétrospective 2018 : conflits, le primat de la politique sur la force

L'année 2018 a été marquée pour les Français, les Européens mais aussi pour les peuples autrefois "coloniaux", par le 100e anniversaire de la fin de la guerre 1914-1918, qui dévasta en grande partie l'Europe et causa plus de 18 millions de victimes.
La célébration à Paris fut civile et non pas militaire, malgré la pression de l'état-major, mais fut entachée par les déclarations inexcusables et scandaleuses du Président de la République, aboutissant à un éloge du traître Pétain. Le Forum pour la paix, souhaité par Emmanuel Macron et organisé les 11-12-13 novembre à Paris aurait pu être une bonne idée, mais son "verrouillage" vis a vis des ONG et de la société civile, la timidité devant des projets trop "subversifs" pour le pouvoir, lui a enlevé beaucoup de sa portée universelle. Ces "cafouillages", pour ne pas dire plus, de la Présidence française ont brouillé le message de soutien au multilatéralisme dans le monde, exprimé par Emmanuel Macron, à la tribune de l'Assemblée générale des Nations unies en septembre, qui s'opposait aux déclamations unilatérales de Donald Trump. Le comportement erratique de ce dernier, annonçant le retrait des USA du Traité INF sur les "euro-missiles", soutenant le président turc Erdogan, s'obstinant dans son projet de mur à la frontière mexicaine, fermant les yeux devant les provocations du président israélien Netanyahou, relançant des sanctions condamnables contres l'Iran, a fait, en partie oublier, ses efforts pour normaliser les relations avec la Corée du nord. La reprise des relations entre les deux Corées est une bonne chose, tout comme le fait que l’Éthiopie et l’Érythrée aient mis fin à 20 ans de conflit, en signant le 9 juillet, une "déclaration conjointe de paix et d’amitié", accord qui met fin à une guerre déclenchée en 1998 et qui a fait près de 80 000 morts. Bonne nouvelle également que le démarrage de pourparlers inter-yéménites, à Stockholm, sous l'égide de l'ONU, entre les rebelles Houthis, appuyés par l'Iran, et les partisans du gouvernement Hadi, soutenus militairement par une coalition menée par l'Arabie saoudite.
Ce conflit a levé un coin du voile sur les dérives des ventes d'armes françaises à ce dernier pays, armes qui auraient été utilisées, selon Amnesty International et l'ACAT, dans le bombardement des populations civiles yéménites, en contradiction avec le traité sur le commerce des armes, signé par la France et qui impose des critères éthiques à tous les transferts d'armements.
Cette question des ventes d'armes françaises aux pays du Moyen-Orient ainsi que les bombardements français sur la Syrie en avril dernier, décrédibilisent la position de la France dans la région. En l'occurrence, celle-ci s'est substituée illégalement au Conseil de sécurité, et n'a rien fait avancer sur le terrain, notamment, la diplomatie française n'a pris aucune initiative pour que l'OIAC (Organisme de contrôle de la Convention d'interdiction des armes chimiques) puisse renforcer son contrôle sur les stocks chimiques, existant encore sur le terrain.
Aujourd'hui, il est urgent de déboucher sur une solution politique en Syrie, en profitant de la défaite militaire des terroristes de Daesh, en discutant et enimpliquant toutes les parties concernées par le conflit, donc aussi avec les Russes, les Iraniens et les autorités actuelles de Damas.
En effet, 2018 a montré encore une fois, au travers des questions de Corée, d'Éthiopie / Érythrée, peut-être du Yémen que seules des initiatives politiques persévérantes peuvent produire des solutions à des conflits. La poursuite des affrontements à Gaza, l'accentuation de la colonisation en Cisjordanie et des agressions de l'armée israélienne, illustrent malheureusement l'échec des solutions de force. Le décès de l'écrivain et militant de la paix israélien, Amos Oz, nous appelle à renouveler l'action pour une solution de paix avec deux états israélien et palestinien, vivant côte à côte avec Jérusalem comme capitale. (à suivre II/III - Rétrospective 2018 : paix, développement durable ensemble)

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