2018 a été une année de contrastes, de reculs et d'avancées, illustrant combien l'action des citoyens et citoyennes, des opinions publiques est primordiale aujourd'hui pour faire progresser les solutions aux problèmes de notre planète, qui ne peuvent plus reposer sur la seule action des États. Avec opiniâtreté, l'action pour faire ratifier le traité d'interdiction des armes nucléaires s'est poursuivie : à ce jour, 69 pays l'ont signé et 19 l'ont ratifié sur les 50 signatures nécessaires. Les huit rassemblements organisés en France le 14 octobre sur les sites nucléaires militaires ont eu un succès limité mais ont montré qu'il fallait agir partout pour exiger que la France signe ce traité et prenne des initiatives pour le faire soutenir.
Faire s'exprimer l'opinion publique à des niveaux inédits, c'est ce qu'ont décidé les quatre ONG (Notre affaire à tous, la Fondation pour la Nature et l'Homme (ex-fondation Nicolas Hulot), Greenpeace France et Oxfam) dont la pétition qui vise à soutenir un recours contre l'État français en justice pour qu'il «respecte ses engagements climatiques et protège nos vies, nos territoires et nos droits» va bientôt franchir le cap des 2 millions de soutiens, obtenus en moins de deux semaines.
Agir ensemble dans le cadre de la maison commune des terriens, l'Organisation des Nations unies, est une des leçons, une nouvelle fois, de l'année 2018. Sans l'existence des Nations unies, la difficile question des migrations n'aurait pas pu être abordée de façon sereine et équilibrée comme cela a été fait en décembre à Marrakech. L'Assemblée générale de l’ONU a ainsi ratifié à une très forte majorité le pacte de Marrakech pour des migrations sûres, ordonnées et régulières. Cinq pays seulement ont voté contre : États-Unis, Hongrie, République tchèque, Pologne et Israël. Certes, ce texte n’est pas contraignant. Néanmoins, tout en reconnaissant la souveraineté nationale, il recense une série de principes, comme la défense des droits humains et celle des enfants. Il prône aussi l’interdiction des détentions arbitraires, n’autorisant les arrestations qu’en dernier recours. Plus de 60 000 migrants clandestins sont morts depuis 2000 lors de leur périple, selon l’ONU. En même temps, voyons que 15 % seulement des migrants vivent dans des pays développés. 85% d'entre eux sont déplacées à l’intérieur de leur propre pays ou dans un autre pays en développement.
Résoudre les conflits existants mais aussi faire des progrès dans les objectifs de développement durable promus par les Nations unies, est plus que jamais un immense défi politique pour asseoir des solutions de paix sur des consensus sociaux.
Les taux d’extrême pauvreté ont été réduits de plus de moitié depuis l’an 2000, une réalisation remarquable, certes, mais une personne sur dix dans les régions en développement vit encore avec moins de 1,90 dollar par jour et des millions d’autres ne gagnent guère plus. Des progrès significatifs ont été enregistrés dans de nombreux pays d’Asie de l’est et du sud-est, mais jusqu’à 42% de la population subsaharienne continue de vivre sous le seuil de pauvreté (statistiques de la Banque mondiale). Alors que le taux de mortalité des enfants de moins de cinq ans a baissé dans son ensemble, la proportion des décès est en augmentation en Afrique subsaharienne et en Asie du sud. Quatre décès sur cinq d’enfants ayant moins de 5 ans ont lieu dans ces régions.
En même temps, alors qu'il faut intensifier les financements publics et privés pour atteindre ces objectifs de développement durable d'ici 2030, l’aide publique au développement s’est établie à 146,6 milliards de dollars en 2017, en baisse de 0,6% par rapport à 2016 en termes réels.
Le bilan de l'année 2018 montre clairement que partout, où il y a volonté politique accompagnée de moyens, des résultats positifs significatifs sont obtenus sur la voie de la construction d'un monde vivable, durable et pacifié. C'est un formidable encouragement à agir dans ce monde que l'on présente trop souvent écrasé par le poids des fatalités, des puissances financières ou économiques. Le fameux "YES, WE CAN" révèle encore une fois toute sa potentialité humaine ! (à suivre : III/III - Rétrospective 2018 : et si la paix et le multilatéralisme étaient au coeur de 2019 ?)
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