dimanche 29 avril 2012

Vienne 2012 : nouveau cycle autour du TNP (1)


Du 30 avril au 11 mai s'ouvre au Centre des Nations unies à Vienne (Autriche) un nouveau cycle de discussions destiné à préparer la prochaine Conférence d'examen du Traité de non-prolifération nucléaire qui aura lieu en 2015.
La précédente Conférence s'était achevée en mai 2010 à New-York par l'adoption par consensus d'un texte intitulé "Conclusions et recommandations d'action pour les actions à venir" comprenant 64 actions relatives au désarmement nucléaire, à la non-prolifération nucléaire, aux usages pacifiques de l’énergie nucléaire. Enfin, un texte spécifique concernait le Moyen-Orient, en particulier la mise en œuvre de la résolution de 1995 sur l'établissement d'une zone sans armes de destruction massive au Moyen-Orient ainsi que ces thématiques décision de tenir en 2012 une Conférence internationale sur le sujet.
Si tout le monde s'était félicité de l'adoption d'un texte, le bilan de cette Conférence avait été considéré comme relativement maigre (voir article sur mon blog : http://culturedepaix.blogspot.com/2010/06/tnp-le-debat-sur-une-convention-est.h).
Trois points à retenir :
Premièrement, une majorité de pays avait fait référence pour la première fois de l'histoire du TNP dans leurs interventions, et même dans leurs réflexions ou stratégies, à une Convention d'abolition des armes nucléaires.
Deuxièmement : les pays nucléaires avaient bataillé dur pour édulcorer le texte dans sa partie désarmement et qu'ils avaient réussi en partie leur objectif, bien qu'ils n'aient pu empêcher l'émergence de la notion de Convention d'abolition tout en réussissant à limiter les autres engagements de désarmement au niveau de ceux de la Conférence de 2000.
Troisièmement : les puissances nucléaires officielles se sont engagées à présenter à la réunion préparatoire de 2014 un bilan de leurs efforts pour l'application de l'article VI prônant l'élimination des armes nucléaires.

La réunion de Vienne jouera plus un rôle de préparation de ce nouveau cycle de discussions 2012-2015 que de réunion innovante. Les États-Unis, renouvelant leur Président en novembre prochain : cela incitera plus à la prudence qu'aux audaces, même chose sans doute pour la délégation française (dirigée par un nouvel ambassadeur, M. Jean-Hugues Simon-Michel) en attente d'un nouveau Président de la République.
Des événements survenus pendant ces deux dernières années pèseront sans doute sur le climat de la réunion de Vienne.
La catastrophe de Fukujima rappellera que l'ouverture de l'énergie civile à tous les pays pose des problèmes graves de sécurité nucléaire et écologique. Or, en 2010, des pays comme la Russie et la France (vendeurs de centrales obligent) s'étaient illustrés par leur valorisation sans retenue de l'article IV du TNP sur l'usage "pacifique" du nucléaire...
Les risques de conflits régionaux liés à la possession de l'arme nucléaire sont toujours pesants : menaces d'attaque israélienne sur l'Iran pour empêcher celui-ci d'acquérir éventuellement de telles armes, menaces de nouvel essai nucléaire en Corée du Nord et de représailles de ses voisins ou des États-Unis, tensions toujours existantes entre l'Inde et le Pakistan.
Au Moyen-Orient, compte-tenu du débat autour de l'Iran, la proposition de tenir une Conférence sur la création éventuelle d'une zone dénucléarisée avance lentement. Finalement, la Finlande a proposé que cette Conférence se tienne, non pas en 2012, mais en 2013 à Helsinki. Cette proposition a été acceptée par l'ONU, reste à la mettre en oeuvre et obtenir la participation des principaux intéressés dont Israël et l'Iran.
Dans les éléments plus positifs de ces deux dernières années, il faut relever que le soutien à une Convention d'abolition des armes nucléaires a grandi au sein de l'Assemblée générale des Nations unies : 143 pays la soutiennent aujourd'hui.
Dans l'opinion publique française, un sondage IFOP de ce mois d'avril indique que 81 % des français soutiennent l'ouverture de discussions sur ce sujet, ce qui a été toujours refusé par la diplomatie française.
Les interventions des diplomates à Vienne seront ainsi des indicateurs intéressants de l'évolution des opinions et des rapports de force au niveau des États tant nucléaires que non-nucléaires, même si peu d'événements originaux se produiront sans doute.
Par contre, parallèlement au cycle diplomatique qui donne parfois l'impression de tourner en rond, des événements plus stimulants risquent de se passer au niveau des ONG présentes dans les coulisses, car celles-ci sont en pleine réflexion stratégique (à suivre).



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