vendredi 27 avril 2012

Mon village ou ma planète ?


Dans ce blog consacré aux relations internationales, nous n'avons abordé que sous cet angle, le déroulement de la campagne des élections présidentielles françaises.
Or, une des contradictions de la campagne électorale des élections présidentielles aura été la faible place tenue par les problèmes internationaux alors qu'on constate, en fait, que bien des motivations des électeurs, notamment de ceux de Marine Le Pen, trouvent leurs racines dans l'évolution du monde. Pèse toujours ce vieux postulat que les enjeux internationaux sont affaire de spécialistes, hors de portée du simple quidam ; que plus on est en butte aux difficultés quotidiennes, plus son horizon intellectuel se rétrécit aux limites de son quartier ou de son village.
Or, qu'a fait Mme Le Pen pendant cette campagne sinon exacerber les craintes des gens de perdre l'identité de leur village, de voir déstabiliser leur mode de vie local dans leur quartier ou leur lotissement face un monde qui bouge, une mondialisation menaçante pour l'emploi, une Europe d'une règlementation jugée excessive, la présence mal vécue d'"autres" venus d'ailleurs, considérés comme "étrangers", deux ou trois générations après leur venue ?
Les hommes politiques doivent avoir le courage politique de montrer que les Français sont à une nouvelle étape de leur histoire. Il y a eu l'époque où on ne connaissait guère que sa paroisse, puis celle de la révolution industrielle et la 1ère Guerre mondiale qui ont fait prendre conscience de la réalité de la nation française tout comme la barbarie nazie a obligé à élargir l'horizon à l'Europe. Aujourdhui, les flux migratoires, les délocalisations économiques, les spéculations financières mondiales ou la catastrophe de Fukujima font prendre conscience, même si c'est pour s'en effrayer, que nous sommes sur une même planète...
Mme Le Pen trompe nos concitoyens en semant l'illusion que nous pourrions nous protéger du monde en édifiant des barrières comme dans le village d'Astérix le gaulois et en rejetant les autres : c'est une escroquerie intellectuelle !
Les problèmes d'immigration, d'intégration dépendent tout autant de mesures nationales de contrôle et de limitation, de politiques éducatives et de logement que d'actions internationales pour faire reculer la pauvreté mondiale, tarir les conflits régionaux. Comment y arriver sans s'attacher à la rénovation et à l'efficacité de l'ONU ?
Les politiques d'emploi dépendent tout autant de mesures nationales de dynamisation de la recherche et de la formation, de réindustrialisation, d'un certain "patriotisme économique", que d'une action publique, appuyée sur les luttes sociales en Europe et au niveau mondial (BIT) pour créer et imposer des normes sociales minimales sur tous les continents.
Les valeurs républicaines françaises sont fondées sur l'intérêt collectif avant (ou au moins au même niveau) que l'intérêt individuel, d'où l'importance que nous attachons aux services publics pour tous. Comment les conserver chez nous si nous ne menons pas une action vigoureuse en Europe et dans le monde pour faire émerger la défense de "biens communs mondiaux" (équivalents mondiaux de cette idée de services publics), qu'il s'agisse de l'eau, de l'énergie, de l'accès à l'information et au numérique, de la protection de la couche d'ozone ?
Arrêtons de séparer artificiellement problèmes locaux et enjeux internationaux dans les débats.
L'enjeu est de montrer à nos concitoyens qu'il s'agit de rendre le monde vivable pour tous pour qu'il le soit pour chacun, de montrer qu'il y a continuité et relation entre mon quartier, mon village et la planète...
D'aucuns appellent cela construire une culture de paix. Peu importe le terme, mais la responsabilité reste : parier sur l'intelligence des humains et non sur leurs peurs et leurs malheurs immédiats, qui sont, notamment chez les électeurs du Front national, mais pas seulement, le premier ressort des égoïsmes.
Nous ne sommes donc pas, au contraire, en dehors des préoccupations affichées dans les articles habituels de ce blog...



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