mardi 27 février 2024

Ukraine : le droit international, pas les troupes

(English translation below)

« Il n’y a pas de consensus aujourd’hui pour envoyer de manière officielle, assumée et endossée, des troupes au sol. Mais en dynamique, rien ne doit être exclu. Nous ferons tout ce qu’il faut pour que la Russie ne puisse pas gagner cette guerre », a déclaré le 26 février dernier, le président Emmanuel Macron, lors d’une conférence de chefs d’États européens, réunis à Madrid.
Pour le quotidien espagnol, El Païs, “ce qui est significatif, c’est que Macron, en résumant les résultats du sommet, l’a considéré comme une hypothèse plausible”.
Le président français a « brisé un tabou » selon le journal « Courrier international ».
« Irresponsabilité, folie », les réactions politiques en France, à ces propos, sont très négatives. À l’étranger, on peut noter que le secrétaire général de l’OTAN, Jens Stoltenberg, a été plus prudent et a déclaré que l’Alliance militaire n’avait pas l’intention d’envoyer des troupes de combat en Ukraine. « Les alliés de l’OTAN apportent un soutien sans précédent à l’Ukraine. Nous le faisons depuis 2014 et nous avons intensifié nos efforts après l’invasion à grande échelle. Mais il n’est pas prévu que des troupes de combat de l’OTAN soient déployées sur le terrain en Ukraine».
Mélanges de « comm » et d’approximation diplomatique, nous connaissons toutes les déclarations, suivies de marches arrières, sur la Russie en 2022, sur l’engagement au Sahel, de ce président, qui ignore tout des « temps longs » de la diplomatie, au profit des « coups » de communication, au risque de « retours de bâton » brutaux, comme il vient d’en essuyer un avec les agriculteurs français.

Au delà de l’irresponsabilité du président Macron qui envisage l’envoi de troupes en Ukraine, c’est-à-dire en fait, décide une entrée en guerre avec la Russie, sans consultation du Parlement français, notons-le, je voudrais insister sur un autre aspect.
Par cette déclaration de « bravache », il confirme en fait, qu’il ferme la porte à toute issue diplomatique et pacifique à la guerre russo-ukrainienne. « Empêcher la Russie de gagner » devient de fait, une simple clause de style. Emmanuel Macron estime, au travers de ces déclarations, que l’option militaire est la seule qui reste sur la table et donc que cette crise doit se terminer par une victoire totale du camp occidental sur la Russie, en l’occurrence.
Quelle illusion ! Premièrement, de nombreux spécialistes militaires disent que le conflit va durer plusieurs années, ce qui signifie que, pendant ce temps, les populations civiles ukrainiennes vont continuer de payer le lourd prix des morts et des destructions.
Deuxièmement, l’expérience des conflits des deux premières décennies de ce siècle montre que, partout, où ce sont des solutions militaires qui ont été priorisées, elles ont été en échec. Qu’on pense à la victoire des talibans en Afghanistan, au chaos en Irak, à l’effondrement de l’État en Libye, aux coups d’états militaires, et au renvoi peu glorieux des troupes françaises au Sahel.
Veux-t-on, là aussi, créer puis laisser subsister une crise, un abcès purulent, en Europe comme le sont devenus la Libye pour l’Afrique ou l’Afghanistan pour l’Asie du Sud-Est ?
Troisièmement, le point, peut-être le plus important pour moi, est que le président Macron, en écartant de fait toute perspective de solution diplomatique, démontre que les grandes puissances ne respectent pas le droit international et l’article Un de la Charte des Nations Unies. Celui-ci dit :
« Maintenir la paix et la sécurité internationale et à cette fin : prendre des mesures collectives efficaces en vue de prévenir et d’écarter les menaces à la paix, et réaliser, par des moyens pacifiques, conformément aux principes de la justice et du droit international, l’ajustement ou le règlement de différends ou de situations, de caractère international, susceptibles de mener à une rupture de la paix ».
Cette obligation du droit international de régler les conflits par la diplomatie s’impose à tous, à toutes les parties et à toutes les grandes puissances en particulier.
Malgré les campagnes d’intoxication médiatique les plus extravagantes, dans lesquelles, on nous ressort, par exemple, la menace des chars russes sur les Champs-Élysées. il faut garder la tête froide.
Ce qu’écrivait déjà, en septembre dernier, le journaliste suisse, spécialiste de la Russie, Éric Hoesli, dans le journal Le Temps, est toujours vrai : « La guerre ne va pas venir jusqu’à nous, la Russie ne va pas, comme certains le prédisaient dans les semaines suivant l’invasion, conquérir la Pologne ou les pays baltes. Il n’y a plus grand monde même pour penser que l’ensemble de l’Ukraine soit menacé. Dans les esprits, l’enjeu s’est circonscrit et comme rétréci au Donbass et à la Crimée. Même en Russie, il n’y a plus que quelques ultras échauffés pour rêver d’une conquête de Kiev, de Dnipro ou de Kharkiv ».
La situation concrète est celle-ci : à l’est de l’Europe, un pays, la Russie, a contrevenu gravement au droit international et à la Charte des Nations unies. Il faut donc défendre fermement la souveraineté et l’intégrité de l’Ukraine. Cette défense doit se faire en déployant tous les moyens politiques et diplomatiques que le droit international nous propose.
Selon une étude menée par Datapaxis et YouGov pour le Conseil européen pour les relations internationales (ECFR), seuls 10 % des Européens croient en une victoire ukrainienne, alors qu’ils sont 20 % à penser que la Russie va l’emporter. Mais pour quasiment un Européen sur quatre, ce ne sont pas les armes qui mettront fin à la guerre. Ainsi, 37 % estiment qu’elle se soldera par un accord entre les deux pays. 41 % des Européens considèrent même que l’Union européenne devrait pousser l’Ukraine à négocier un accord de paix.
Comment y arriver en créant un rapport de forces à l’échelle internationale ? Je crois qu’il y a besoin d’un sursaut politique et éthique au niveau des états aux Nations unies, en s’appuyant en particulier sur les états du sud (« the Global South ») et les états émergents (comme les BRICS), les opinions publiques et les réseaux d’ONG pour créer une « coalition des bonnes volontés » (« coalition of the will »), promouvant l’exigence de solutions politiques au cœur de tous les efforts internationaux. Cela signifie de tourner le dos aux scénarios récents de réunions internationales, visant le renforcement des dépenses et équipements militaires, le renforcement des alliances militaires, la fuite en avant au seul bénéfice des lobbies militaro-industriels.
C’est cette démarche de bonne volonté qui honorerait le Président français, espérons que nombreux seront les parlementaires à l’exiger, si se tient, comme cela vient d’être annoncé ce lundi 27 février, une session de l’Assemblée nationale pour discuter d’une déclaration du gouvernement, « relative à l’accord bilatéral de sécurité conclu avec l’Ukraine » le 16 février, qui sera suivie d’un débat et d’un vote.
Daniel Durand

Président de l’IDRP – 27 février 2024

*******************************************

Ukraine: international law, not the troops

 There is no consensus today to send ground troops in an official, accepted and endorsed manner. But in dynamics, nothing should be excluded. We will do everything necessary to ensure that Russia cannot win this war  ,” declared President Emmanuel Macron on February 26, during a conference of European heads of state, meeting in Madrid.
For the Spanish daily, El Païs, “ what is significant is that Macron, in summarizing the results of the summit, considered it as a plausible hypothesis ”.
The French president has “  broken a taboo  ” according to the newspaper “  Courrier international  ”.
“  Irresponsibility, madness  ”, the political reactions in France to these remarks are very negative. Abroad, it can be noted that NATO Secretary General Jens Stoltenberg was more cautious and said that the military alliance did not intend to send combat troops to Ukraine. “  NATO allies are providing unprecedented support to Ukraine. We have been doing this since 2014 and we intensified our efforts after the large-scale invasion. But there are no plans for NATO combat troops to be deployed on the ground in Ukraine .”
Mixtures of “  comm  ” and diplomatic approximation, we know all the declarations, followed by backtracking, on Russia in 2022, on the commitment to the Sahel, of this president, who knows nothing of the “  long times  ” of diplomacy , for the benefit   of communication  “ blows ”, at the risk of brutal “ backlashes  ”, as he has just experienced one with French farmers.

Beyond the irresponsibility of President Macron who is considering sending troops to Ukraine, that is to say in fact, deciding to enter into war with Russia, without consulting the French Parliament, let us note, I would like emphasize another aspect.
By this declaration of “  bravado  ”, he in fact confirms that he is closing the door to any diplomatic and peaceful outcome to the Russo-Ukrainian war. “  Prevent Russia from winning” becomes in fact a simple clause of style. Emmanuel Macron believes, through these declarations, that the military option is the only one left on the table and therefore that this crisis must end with a total victory of the Western camp over Russia, in this case.
What an illusion! First, many military experts say the conflict will last for several years, meaning that during that time Ukraine's civilian populations will continue to pay a heavy price in death and destruction.
Secondly, the experience of the conflicts of the first two decades of this century shows that wherever military solutions were prioritized, they failed. Let us think of the victory of the Taliban in Afghanistan, the chaos in Iraq, the collapse of the state in Libya, the military coups, and the inglorious dismissal of French troops to the Sahel.
Here too, do we want to create and then allow a crisis, a purulent abscess, to persist in Europe, as Libya has become for Africa or Afghanistan for South-East Asia?
Thirdly, the point, perhaps the most important for me, is that President Macron, by effectively ruling out any prospect of a diplomatic solution, demonstrates that the great powers do not respect international law and Article One of the Charter of United Nations. It says:
To maintain international peace and security and to this end: take effective collective measures with a view to preventing and removing threats to peace, and to achieve, by peaceful means, in accordance with the principles of justice and international law, the adjustment or settlement of disputes or situations of an international character likely to lead to a breach of the peace  .
This obligation of international law to resolve conflicts through diplomacy is binding on everyone, on all parties and on all great powers in particular.
Despite the most extravagant media intoxication campaigns, in which we are reminded, for example, of the threat of Russian tanks on the Champs-Élysées. you have to keep a cool head.
What the Swiss journalist and Russia specialist Éric Hoesli already wrote last September in the newspaper Le Temps is still true: “  The war is not going to come to us, Russia is not going to, as some predicted in the weeks following the invasion, conquer Poland or the Baltics. There are not many people left who even think that the whole of Ukraine is threatened. In people's minds, the issue has become circumscribed and narrowed to Donbass and Crimea. Even in Russia, there are only a few heated ultras left to dream of a conquest of Kiev, Dnipro or Kharkiv  .”
The concrete situation is this: in the east of Europe, a country, Russia, has seriously contravened international law and the Charter of the United Nations. We must therefore firmly defend Ukraine's sovereignty and integrity. This defense must be done by deploying all the political and diplomatic means that international law offers us.
According to a study carried out by Datapaxis and YouGov for the European Council on International Relations (ECFR), only 10% of Europeans believe in a Ukrainian victory, while 20% think that Russia will win. But for almost one in four Europeans, it is not weapons that will end the war. Thus, 37% believe that it will result in an agreement between the two countries. 41% of Europeans even consider that the European Union should push Ukraine to negotiate a peace agreement.
How can we achieve this by creating a balance of power on an international scale? I believe that there is a need for a political and ethical surge at the state level at the United Nations, drawing in particular on the southern states (“  the Global South  ”) and emerging states (like the BRICS) , public opinion and NGO networks to create a “  coalition of  the will  ”  , promoting the demand for political solutions at the heart of all international efforts. This means turning our back on recent scenarios of international meetings, aimed at strengthening military spending and equipment, strengthening military alliances, and rushing forward for the sole benefit of military-industrial lobbies. It is this approach of good will which would honor the French President, let us hope that many parliamentarians will demand it, if a session of the National Assembly is held, as has just been announced this Monday, February 27, to discuss a government statement, “  relating to the bilateral security agreement concluded with Ukraine  ” on February 16, which will be followed by a debate and a vote. 

  Daniel Durand President of the IDRP – February 27, 2024


 

mardi 20 février 2024

Ukraine - La paix, but central de notre action

(English translation below)

Il y a deux ans exactement, la Russie lançait son agression contre l'Ukraine. Elle était ainsi, au début de ce 21e siècle, après les États-Unis en Irak en 2003, la deuxième grande puissance du Conseil de sécurité à violer ouvertement le droit international et la Charte des Nations unies (comme elle l'avait déjà fait en 2014 en occupant la Crimée).
Très vite,comme je l'ai écrit, il y a un an, deux scénarios se sont affrontés, si on écarte d’entrée celui qui aurait consisté à accepter sans protester le fait accompli de l’agression russe contre un pays indépendant, membre des Nations unies,
Le premier scénario, celui de rechercher une sortie de crise politique au conflit, a été quasiment étouffé dans l’œuf sous l'accusation de faire le jeu de Poutine. Les expressions ou initiatives pour la paix du Pape François, du premier ministre israélien, de la Turquie, de la Chine, de l'Inde, de l'Arabie saoudite, ont été rejetées sans discussion. Un "main stream", une pensée dominante, s'est installée dans les médias européens, reprenant presque tous les vieux poncifs de la propagande de guerre, décrits par l'universitaire Anna Morelli dans son ouvrage " Principes élémentaires de propagande de guerre".
C’est un second scénario, qui a été choisi très rapidement, par les pays européens et les États-Unis, qui ont formé un nouveau "bloc occidental". Il a été décidé, même si cela n’est pas assumé officiellement, de répondre "à la guerre par la guerre", en multipliant les sanctions économiques et politiques contre la Russie et en accordant une aide militaire de plus en plus importante au gouvernement ukrainien, tant sous forme de crédits que de fournitures d'armes.
Au bout de deux ans, il faut constater que cette option militaire, soutenue et choisie par les occidentaux, est en échec : chaque jour voit de nouvelles victimes militaires ou civiles, de nouvelles destructions. Des sources américaines estiment à environ 300 000 le nombre de militaires, tués, dont deux-tiers côté russe. Le HCR estime à plus de 10 000 le nombre de civils ukrainiens tués. Avec cynisme, l’armée russe s'est adaptée à ces combats stagnants et détruit méthodiquement des installations tant militaires que civiles, en commettant, de ce fait, de plus en plus de crimes de guerre. C'est la logique implacable de toutes les guerres : nous l'avons constaté en Irak, en Syrie, etc..
Cette option militaire du bloc occidental s'effectue de plus en plus en contradiction avec le droit international.
En effet, les grandes puissances du Conseil de sécurité des Nations unies, n'ont pas fait le maximum pour aboutir à l'arrêt des combats et à une solution diplomatique négociée, comme les y oblige l'article 1 de la Charte des Nations unies :
"Maintenir la paix et la sécurité internationale et à cette fin : prendre des mesures collectives efficaces en vue de prévenir et d'écarter les menaces à la paix, et réaliser, par des moyens pacifiques, conformément aux principes de la justice et du droit international, l'ajustement ou le règlement de différends ou de situations, de caractère international, susceptibles de mener à une rupture de la paix".
C'est là que réside le coeur du droit international, le but central de la création des Nations unies. Il existe bien sûr un droit pour une nation agressée de se défendre, mais ce droit n'est que temporaire en attendant la mise en oeuvre de mesures pour "réaliser, par des moyens pacifiques, conformément aux principes de la justice et du droit international, l'ajustement ou le règlement de différends".
Ce droit n'est d'ailleurs énoncé que dans l'article 51, à la fin du Chapitre VII (articles 39 à 51) et il dit précisément :
"Aucune disposition de la présente Charte ne porte atteinte au droit naturel de légitime défense, individuelle ou collective, dans le cas où un Membre des Nations unies est l'objet d'une agression armée, jusqu'à ce que le Conseil de sécurité ait pris les mesures nécessaires pour maintenir la paix et la sécurité internationales".
En ne menant aucun effort diplomatique sérieux pour ouvrir la voie à un processus de paix, les puissances occidentales ont conforté la Russie dans sa posture scandaleuse de pays qui se défend contre "les méchants occidentaux" et ont instrumentalisé le conflit et enclenché une surenchère de surarmement, pour gagner des avantages militaires et stratégiques, dans le cadre d'un futur affrontement qu'elles ne cherchent même plus à cacher, demain, contre la Chine. 

Tous ces choix politiques ont été faits, soyons clairs, sur le dos du peuple ukrainien que chaque jour de guerre supplémentaire enfonce dans ses souffrances, même si de nombreux experts militaires disent froidement que le conflit peut durer longtemps, voire de "très nombreuses années" (déclaration du secrétaire général de l'OTAN, Jens Stotenberg, 15 février 2023).
On assiste à une situation où la prolongation de la guerre fait le bonheur des lobbies d'armement tant russes et bien sûr iranien, nord-coréen, chinois que états-uniens, français, britanniques ou allemands.
Les déclarations alarmistes de dirigeants de pays européens ou de l'OTAN se multiplient sur la guerre probable en Europe et visent à créer une atmosphère alarmiste, justifiant une relance du surarmement.
Depuis maintenant des semaines, le ministre de la Défense allemand, Boris Pistorius [SPD], martèle sur toutes les ondes que l’Allemagne doit se préparer à une éventuelle guerre en Europe, estimant possible une confrontation avec la Russie d’ici cinq ans.
"Une défense forte nécessite une base industrielle solide. Celle-ci verra le jour si nous, Européens, regroupons nos commandes, si nous mettons en commun nos moyens et donnons ainsi à l'industrie des perspectives pour les 10, 20 ou 30 prochaines années", a souligné le chancelier Olaf Scholz, le 12 février dernier, en visitant l'usine d'obus Rheinmetall.
La présidente de l’exécutif européen, Ursula von der Leyen a estimé samedi 17 février qu'un nouveau poste de commissaire européen à la Défense devrait être créé au sein de la prochaine Commission européenne.
Ce choix de l'escalade militaire se manifeste en France par la décision du Président Macron d'accorder trois milliards d'euros de crédits militaires supplémentaires à l'Ukraine ce week-end et par, le lendemain, l'annonce du ministre Lemaire de couper un milliard d'euros dans le Fonds d'aide au développement pour les pays pauvres !
En définitive, si on rapproche ces deux constations : la première que la guerre va durer plusieurs années sans avantages décisifs pour une partie, la seconde qu’il y aura une intensification des dépenses d’armement et des fournitures d’armes ; la conclusion semble évidente. L’option militaire, malgré les beaux discours dans les forums inter-ministériels ou les couloirs de l'OTAN ne vise donc pas à abréger les souffrances de la population ou à raccourcir la durée de la guerre.
Il est nécessaire plus que jamais de sortir de cette impasse mortifère : agir pour la paix et l’arrêt des combats est une exigence éthique et morale, c'est la mise en oeuvre prioritaire du droit international et de l'article 1 de la Charte des nations unies qui s'impose à tous : "réaliser, par des moyens pacifiques, conformément aux principes de la justice et du droit international, l'ajustement ou le règlement de différends".
Ceux qui déclarent que tout cessez-le-feu serait « déposer les armes », « entériner l’occupation » du territoire ukrainien, soient font fi des souffrances quotidiennes de la population lorsqu’il s’agit de “conseilleurs” extérieurs au pays, soient s’enferment dans une position nihiliste sans issue.
Une situation diplomatique n’est jamais figée définitivement, son évolution dépend des volontés politiques mises en œuvre. Travailler à des formules de cessez-le-feu global ou partiel ou temporaire n’est pas remettre en cause la souveraineté de l’Ukraine.
Cette exigence doit se tourner en priorité aujourd'hui vers le Président Macron et les dirigeants occidentaux pour qu'ils agissent conformément au droit international, pour mettre la pression diplomatique sur la Russie.
La mobilisation de l'opinion publique en France n'est pas à la hauteur des exigences. On constate même à la lecture de certaines déclarations, syndicales notamment, qu'on s'appuie sur la position d’« union sacrée » d’une partie des forces syndicales et militantes ukrainiennes pour appeler au soutien de cette résistance populaire (allant pour certains jusqu'à pour certains le soutien à la poursuite des fournitures d'armement), en ne rappelant pas l'urgence de l'ouverture d'un processus diplomatique pour la paix ou en y mettant des conditions préalables.  C’est une impasse politique qui nous ramènerait aux heures sombres de "l'union sacrée" de 1914.
Agir pour faire aboutir l'arrêt des combats en Ukraine et le démarrage d'une processus de paix doit être notre priorité, en ayant à l'esprit lés paroles d'Antonio Gutteres, Secrétaire général des nations unies, cette semaine, à la Conférence de Munich sur la sécurité : « Nous avons désespérément besoin d’une paix juste et durable pour l’Ukraine, pour la Russie et pour le monde. Une paix conforme à la Charte des Nations Unies et au droit international, qui établit l'obligation de respecter l'intégrité territoriale des États souverains".

Daniel Durand

Président de l'IDRP
20 février 2020

**************************************************

Ukraine - Peace, the central goal of our action

Exactly two years ago, Russia launched its aggression against Ukraine. It was thus, at the beginning of this 21st century, after the United States in Iraq in 2003, the second great power on the Security Council to openly violate international law and the Charter of the United Nations (as it had already done in 2014 by occupying Crimea).
Very quickly, as I wrote, a year ago, two scenarios clashed, if we exclude from the outset the one which would have consisted of accepting without protesting the fait accompli of Russian aggression against an independent country, a member of the United Nations,
The first scenario, that of seeking a way out of the political crisis in the conflict, was almost nipped in the bud under the accusation of playing into Putin's hands. Expressions or initiatives for peace from Pope Francis, the Israeli Prime Minister, Turkey, China, India, Saudi Arabia, have been rejected without discussion. A " main stream ", a dominant thought, has taken hold in the European media, repeating almost all the old clichés of war propaganda, described by the academic Anna Morelli in her work " Elementary principles of war propaganda ".
This is a second scenario, which was chosen very quickly, by European countries and the United States, who formed a new “ Western bloc ”. It was decided, even if this is not officially accepted, to respond " to war with war ", by increasing economic and political sanctions against Russia and by granting increasingly significant military aid to the Ukrainian government. , both in the form of credits and arms supplies.
After two years, it must be noted that this military option, supported and chosen by the West, is in failure : every day sees new military or civilian victims, new destruction. American sources estimate the number of soldiers killed at around 300,000, two-thirds of them on the Russian side. UNHCR estimates the number of Ukrainian civilians killed at more than 10,000. The Russian army cynically adapted to this stagnant fighting and methodically destroyed both military and civilian installations, thereby committing more and more war crimes. This is the implacable logic of all wars: we have seen it in Iraq, in Syria, etc.
This military option of the Western bloc is carried out more and more in contradiction with international law.
Indeed, the great powers of the United Nations Security Council have not done their utmost to achieve an end to the fighting and a negotiated diplomatic solution, as required by Article 1 of the United Nations Charter. :
" To maintain international peace and security and to this end: take effective collective measures with a view to preventing and removing threats to peace, and to achieve, by peaceful means, in accordance with the principles of justice and law international, the adjustment or settlement of disputes or situations, of an international character, likely to lead to a breach of the peace ".
This is where the heart of international law lies, the central purpose of the creation of the United Nations. There is of course a right for an attacked nation to defend itself, but this right is only temporary pending the implementation of measures to "achieve, by peaceful means, in accordance with the principles of justice and international law, adjustment or settlement of disputes ".
This right is only stated in article 51, at the end of Chapter VII (articles 39 to 51) and it specifically states:
" No provision of this Charter infringes the natural right of self-defense, individual or collective, in the event that a Member of the United Nations is the object of armed aggression, until the Security Council has taken the necessary measures to maintain international peace and security .
By not leading any serious diplomatic effort to open the way to a peace process , the Western powers have reinforced Russia in its scandalous posture as a country defending itself against " the evil Westerners " and have exploited the conflict and triggered an escalation of over-armament. , to gain military and strategic advantages, as part of a future confrontation that they no longer even seek to hide, tomorrow, against China. 

All these political choices were made, let's be clear, on the backs of the Ukrainian people who are further suffering with each additional day of war, even if many military experts say coldly that the conflict could last a long time, even " many years. " (statement by NATO Secretary General Jens Stotenberg, February 15, 2023).
We are witnessing a situation where the prolongation of the war is to the delight of arms lobbies, both Russian and of course Iranian, North Korean, Chinese, as well as American, French, British and German.
Alarmist statements from leaders of European countries or NATO are increasing on the probable war in Europe and aim to create an alarmist atmosphere, justifying a relaunch of over-armament.
For weeks now, German Defense Minister Boris Pistorius [SPD] has been insisting on all the airwaves that Germany must prepare for a possible war in Europe , considering a confrontation with Russia possible within five years.
A strong defense requires a solid industrial base. This will come into being if we, Europeans, group our orders, if we pool our resources and thus give the industry prospects for the next 10, 20 or 30 years ", underlined Chancellor Olaf Scholz on February 12, while visiting the Rheinmetall shell factory.
The President of the European executive, Ursula von der Leyen, estimated on Saturday February 17 that a new position of European Defense Commissioner should be created within the next European Commission.
This choice of military escalation is manifested in France by President Macron's decision to grant three billion euros in additional military credits to Ukraine this weekend and by, the next day, Minister Lemaire's announcement of cut a billion euros from the Development Aid Fund for poor countries!
Ultimately, if we bring together these two observations: the first that the war will last several years without decisive advantages for one side, the second that there will be an intensification of arms expenditure and arms supplies; the conclusion seems obvious. The military option, despite the fine speeches in inter-ministerial forums or the corridors of NATO, therefore does not aim to reduce the suffering of the population or to shorten the duration of the war.
It is necessary more than ever to end this deadly impasse: acting for peace and an end to the fighting is an ethical and moral requirement, it is the priority implementation of international law and Article 1 of the Charter of the United Nations which is binding on all: "to achieve, by peaceful means, in accordance with the principles of justice and international law, the adjustment or settlement of disputes ".
Those who declare that any ceasefire would be “ laying down their arms ”, “ endorsing the occupation ” of Ukrainian territory, are ignoring the daily suffering of the population when it comes to “ advisors ” from outside the country, or lock themselves into a nihilistic position with no way out.
A diplomatic situation is never definitively fixed ; its evolution depends on the political will implemented. Working on formulas for a global or partial or temporary ceasefire does not call into question Ukraine's sovereignty.
This requirement must be focused primarily ontoday towards President Macron and Western leaders to act in accordance with international law, to put diplomatic pressure on Russia.
The mobilization of public opinion in France does not meet the requirements . We even see when reading certain declarations, particularly from the unions, that we rely on the position of " sacred union " of part of the Ukrainian trade union and activist forces to call for support for this popular resistance (going for some even support for the continuation of arms supplies), by not recalling the urgency of the opening of a diplomatic process for peace or by putting preconditions for it. It is a political impasse that would take us back to the dark hours of the "sacred union " of 1914.
Acting to bring about an end to the fighting in Ukraine and the start of a peace process must be our priority, having to spirit of the words of Antonio Gutteres, Secretary-General of the United Nations, this week at the Munich Security Conference: " We desperately need a just and lasting peace for Ukraine, for Russia and for the world. A peace consistent with the Charter of the United Nations and international law, which establishes the obligation to respect the territorial integrity of sovereign States ."

Daniel Durand

President of the IDRP
February 20, 2020