dimanche 22 avril 2018

Genève 1998 - Genève 2018 : vingt ans de surplace ?

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Il y a vingt ans , en 1998, se tenait la 1ère Prepcom à Genève du processus d'examen continu du Traité de non prolifération nucléaire. Celui-ci venait, trois ans auparavant, d'être prorogé indéfiniment avec la promesse de conclure un Traité d'interdiction des essais nucléaires, de créer une zone sans armes nucléaires au Moyen-Orient et d'avancer sur le chemin de l'élimination "de bonne foi" des armes nucléaires en application de l'article VI du Traité. Sur ces trois engagements, seul le premier a été en partie réalisé: le TICEN a été signé en 1996 mais non entré encore en vigueur. J'étais présent à cette Prepcom de 1998, alors comme responsable national du Mouvement de la paix. Nous étions très lucides sur l'énorme effort de pression politique qu'il faudrait mener,notamment auprès des États "dotés" de l'arme nucléaire. Dans une lettre à tous les ambassadeurs de la Conférence, nous écrivions le 21 avril 1998 : "Le mouvement de la paix [demande] :
- l'accélération des mesures quantitatives de désarmement nucléaire par les cinq puissances, dans un meilleur respect de l'article VI du TNP,
- la discussion concrète pour démarrer la négociation vers un Traité d'abolition ou d'interdiciton complète des armes nucléaires, complétant le TNP, ce qui constituerait la seule parade réelle aux risques de prolifération
".

Pour montrer la volonté de l'opinion publique, nous avions appelé nos concitoyens français de la région Rhône-Alpes, à venir en délégations à l'ouverture de la Prepcom, le lundi 27 avril 1998. Près de 80 Rhône-alpins avaient répondu à cet appel. Une délégation des mouvements français, membres d'Abolition 2000, avaient été reçue par Mme Joëlle Bourgois, alors représentante de la France à la Conférence du désarmement, pour marquer cette volonté.

Que s'est-il passé depuis vingt ans ? À chaque étape de l'examen du TNP, à toutes les séances plénières, à toutes les Prepcoms, nous, ONG, avons argumenté pour montrer que la seule lutte efficace contre la prolifération était, non seulement d'améliorer les garanties de surveillance des tentatives de prolifération, mais d'abord et surtout, d'avancer concrètement sur la mise en oeuvre du désarmement nucléaire.
En 20 ans, les cinq puissances n'ont rien, ou si peu, fait en ce sens ! Cette stagnation explique l'impuissance de la communauté internationale à empêcher la Corée du nord, après l'Inde, le Pakistan et Israël de rejoindre le groupe des "dotés clandestins" ! On sait que d'autres pays comme l'Arabie Saoudite commencent à être impatients et prêts à franchir le pas. Vingt ans d'impuissance, c'est assez !

Heureusement, malgré cette impuissance et cette mauvaise volonté, nous avons réussi à faire se lever un vent frais d'espoir : les deux tiers des pays de la planète ont adopté en juillet 2017, le principe d'un Traité d'interdiction des armes nucléaires, un tiers l'a déjà signé en bonne et due forme en septembre, les processus de ratification ont commencé. Les puissances nucléaires, les pays qui les suivent servilement au sein de l'OTAN, doivent se ressaisir. le processus de soutien au Traité d'interdiction des armes nucléaires offre à tous les pays, et notamment aux pays nucléaires "dotés", le moyen de reprendre la mise en oeuvre concrète de l'article VI du TNP. Il est un instrument complémentaire et non un élément de division. Demain, avec un Traité d'interdiction généralisé, le processus de contrôle et de vérification du TNP pourra se déployer d'une manière renforcée.

Depuis 20 ans, que nous agissons et expliquons, nous n'avons pas perdu notre détermination, mes amis pacifistes et moi, à penser que le sens de l'histoire, l'avenir de paix pour l'humanité passe par une planète débarrassée, au plus tôt, des armes nucléaires !

Daniel Durand
1998 - 2018

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