jeudi 18 novembre 2010

Petits cailloux sur le chemin de la paix : tolérance, ONU, remaniement ministériel...

Pas de réflexion unique sur un sujet cette semaine, mais plutôt un retour sur des informations peu médiatisées, mais qui me semblent intéressantes pour la vie de notre petite "boule" ronde.
Certains médias ont beaucoup parlé d'une "journée de la gentillesse", samedi dernier 13 novembre, initiative fort louable mais, par contre, peu a été dit, ce mardi 16 novembre, sur la Journée internationale de la tolérance (célébrée chaque année à cette date depuis 1996). Le Secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, a rappelé que « La tolérance est le fondement du respect entre les peuples et les communautés. Elle est indispensable à l'édification d'une société mondiale partageant un certain nombre de valeurs. C'est une vertu et une qualité mais par-dessus tout un acte -- qui consiste à tendre la main à autrui et à percevoir les différences non pas comme des obstacles mais comme des invitations au dialogue et à la compréhension ». Soixante après que les signataires de la Charte des Nations Unies se sont résolus « à pratiquer la tolérance » et « à vivre en paix l'un avec l'autre dans un esprit de bon voisinage », la tolérance demeure l'un des axes principaux de l'action des Nations Unies. La Journée internationale rappelle à l'opinion publique mondiale que la tolérance est une condition essentielle pour la paix, la démocratie et le développement durable. « La tolérance ne va pas de soi. Elle doit être enseignée, entretenue et communiquée. L'éducation, tant à l'intérieur qu'à l'extérieur de la salle de classe, est essentielle pour renforcer la tolérance et combattre la haine et la discrimination », a encore indiqué le secrétaire de l'ONU.
On peut souligner aussi que la Directrice générale de l'Organisation des Nations Unies pour l'éducation, la science et la culture (UNESCO), Irina Bokova, a aussi, pour sa part, souligné l'importance de la tolérance dans un message adressé à l'occasion de la Journée internationale. « Les enjeux sont immenses. Dans un monde plus connecté que jamais, où la communication n'a jamais été aussi facile et où l'écart entre le « local » et le « global » ne tient qu'à un clic, la tolérance doit rester le maître mot de notre pensée et de notre action. Elle ne peut être tenue pour acquise. La Journée internationale pour la tolérance est une occasion privilégiée de nous mobiliser tous ensemble dans ce sens », a dit Irina Bokova. « Les risques sont réels. Alors même que les vieux clivages disparaissent, de nouveaux murs se dressent entre les peuples et les communautés -- les murs de la peur, du préjugé, de l'ignorance et de la haine. Chaque jour nous rappelle qu'il ne suffit pas de communiquer -- nous devons tisser des liens. Il ne suffit pas d'échanger, il nous faut partager. La tolérance est le point de départ », a-t-elle martelé.
Communiquer / échanger / partager : il y a là matière à réflexion pour les défenseurs d'une culture de paix... Ne faudrait-il pas plus valoriser en France cette journée de la tolérance, qui pourrait constituer un "rebond" important des débats après ceux qui commencent à se dérouler lors de chaque 21 septembre, journée de la paix.

Le Secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, a appelé également vendredi les dirigeants du G20, réunis en sommet à Séoul, à investir dans le développement, pour aider non seulement des millions de gens qui souffrent de la crise économique mais aussi pour améliorer la vie des plus pauvres de la planète. « Investir dans le développement, c'est investir dans la redressement de tout le monde », a-t-il dit au G20, qui réunit les principales puissances économiques mondiales, lors d'une réunion consacrée au développement. Le Secrétaire général a rappelé l'engagement renouvelé exprimé par les dirigeants du monde lors du sommet tenu à New York en septembre à réaliser les Objectifs du millénaire pour le développement d'ici à 2015. « Lors de ce sommet, nous avons entendu un mot qui a été répété à plusieurs reprises. Ce mot est "responsabilité". Les promesses faites doivent être des promesses tenues. Nos mots doivent se traduire en action sur le terrain », a dit Ban Ki-moon. Il a donc insisté sur la nécessité de continuer à se concentrer sur les Objectifs du millénaire pour le développement, mais aussi à procéder à des investissements stratégiques et à respecter les promesses en termes de financement.
Ces déclarations de Ban Ki-moon ont le mérite de recentrer les appréciations à fournir sur le déroulement du G20. Les commentaires sur ce somment ont souvent été totalement déconnectées des réalités des populations de notre planète, au profit d'un discours exclusivement monétaire et financier. La deuxième caractéristiques de ces commentaires a été de discuter de ce sommet, de son efficacité ou non, sans poser la question de sa place, voire de sa légitimité, par rapport à l'architecture à vocation démocratique de notre monde, celle du système des Nations unies.

L'évolution de ce système, son amélioration, voire sa "démocratisation" sont de la responsabilités des États ou gouvernements du monde, donc des citoyens électeurs, censés contrôler et faire pression sur leurs représentants. De ce point de vue, le Président actuel de l'Assemblée générale de l'ONU, le suisse Joseph Deiss, a rappelé leur responsabilité aux États membres pour faire avancer la réforme du Conseil de sécurité. « Il doit être très clair que la solution est entre vos mains », a dit Joseph Deiss aux Etats membres. La configuration du Conseil de sécurité, 15 membres, dont cinq membres permanents avec un droit de veto (Chine, France, Royaume-Uni, Russie et Etats-Unis), n'a pas changé depuis sa création après la Deuxième guerre mondiale. De nombreux pays, des ONG, font valoir que cette structure ne représente pas les réalités du monde d'aujourd'hui.
« C'est votre détermination à faire quelque chose de ce processus qui conduira à des progrès. Il est donc essentiel de montrer la flexibilité, la volonté de compromis, la bonne foi, la créativité et le respect mutuel dans une atmosphère à la fois transparente et ouverte à tous », a-t-il ajouté. Selon le Président de l'Assemblée générale, la réforme du Conseil est indispensable pour réaffirmer le rôle central des Nations Unies dans la gouvernance mondiale, soulignant qu'il y avait « pratiquement un consensus complet » mondial sur la nécessité de s'adapter aux changements qui ont eu lieu depuis 1945.

Créer les conditions d'un rôle central à l'ONU, c'est ce qu'a déclaré lundi dernier, Martine Aubry lors de la réunion du Conseil de l'Internationale socialiste réuni à Paris, où elle a délivré devant ses pairs, pour la première fois, un long discours de politique étrangère. Elle n'a pas fait de déclarations très nouvelles mais a réaffirmé la nécessité de donner un "rôle central de l'Organisation des Nations unies, à condition de la renforcer, en rendant le Conseil de sécurité plus représentatif, en renforçant le rôle pivot de l'ONU, en la dotant de moyens civils et militaires permanents". Dans une période où la politique française semble, au travers du vertige médiatique que va apporter à Nicolas Sarkozy la présidence pendant un an du G20 ou au travers de la fascination envers l'OTAN, dédaigner les initiatives françaises dans les enceintes de l'ONU, il semble positif que l'ensemble de la gauche française montre clairement les alternatives pour construire un monde véritablement multilatéral.
Il n'est pas sûr que la nomination de Michèle Alliot-Marie au poste de Ministre des Affaires Étrangères laisse augurer une ére d'ouverture et d'initatives, tant sur le plan multilatéral que sur celui du désarmement, à moins que ne se perdent les habitudes de garder le petit doigt sur la couture de la jupe ou du pantalon...
Alain Juppé, le nouveau ministre de la Défense, a dit qu'il garderait sa liberté "d'appréciation politique"... Ira-t-elle jusqu'à proposer à sa collègue des initiatives politiques allant dans le sens du texte qu'il avait signé le 14 octobre 2009, avec Michel Rocard, Alain Richard (ancien ministre PS de la défense) et le général Norlain, "pour un désarmement nucléaire mondial" ? L'avenir le dira, même si le passé nous rappelle que M. Juppé fut le Premier ministre zélé de Jacques Chirac en 1995 pour la reprise des essais nucléaires dans le Pacifique, puis en 1996 d'une première tentative de réintégrer le commandement militaire de l'OTAN...
L'exigence de lucidité et de vigilance semble plus que jamais à l'ordre du jour en cette fin d'année 2010....
18 novembre 2010



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