Le premier janvier 2017, l'Organisation des Nations unies aura donc un nouveau secrétaire général, Antonio Guterres, 67 ans. Il a été Premier ministre portugais socialiste entre 1995 et 2002. Il fut aussi Haut-Commissaire des Nations unies pour les réfugiés pendant dix ans de 2005 à 2015.
Il succédera, pour un mandat de cinq ans, à l'actuel secrétaire général de l’ONU, le sud-coréen Ban Ki-Moon, lorsque ce dernier quittera son poste le 31 décembre.
Ce changement de responsable de l'ONU est attendu : beaucoup d'observateurs espèrent qu’il donnera plus d’impulsion à la fonction. Certes, le chef de l'ONU a des capacités d'action limitées et celle-ci dépend des décisions des États Membres. Pour autant, les qualités individuelles de l'individu peuvent être déterminantes pour redynamiser la maison et offrir un nouveau souffle à l’ONU, qui en a bien besoin.
Le plus important défi rencontré par les Nations unies aujourd'hui est bien évident l'aggravation de conflits non résolus, spécialement au Moyen-Orient avec la guerre en Syrie et ses 250 000 morts en cinq ans, et le pourrissement du conflit israélo-palestinien. Les attentes sont donc déjà fortes pour que M. Guterres reprenne l'initiative sur ces grandes crises actuelles (on peut y ajouter le Yémen ou le Soudan du Sud).
Il a donc très normalement annoncé que la recherche d'une diplomatie en faveur de la paix, sera l'une des premières priorités de son mandat et a également mis en garde contre le danger de l'impact de ces conflits sur la sécurité mondiale.
Il s'est dit également prêt à œuvrer pour un rapprochement entre la Russie et les États-Unis, qu’il considère comme les deux principaux pays du monde à l’heure actuelle.
Il faut rappeler que si l’ONU n’empêche évidemment pas la totalité des guerres, il convient aussi de prendre en compte l’ensemble de son action : d’une part, par ses institutions spécialisées (de l’Organisation mondiale de la santé au Haut-commissariat des Nations unies pour les réfugiés) ; d’autre part, par son travail de prévention et de "facilitateur de contacts".
L’ONU, en tant que telle, n’est pas responsable des profondes divisions de la communauté internationale. Elle n’en est pas la cause, mais le simple reflet.
Le deuxième grand chantier auquel devra s'atteler M. Guterres sera la complète mise en oeuvre et la réussite de l’Agenda 2030 pour le développement durable, très ambitieux. Quinze ans après la signature des Objectifs de développement pour le millénaire, l’ONU a enregistré des succès humanitaires : dans les années 1990, 50 % de la planète vivait avec moins de 1,25 dollar par jour. La proportion est de 14 % en 2015. L'enjeu est donc de franchir un nouveau cap dans le développement d'ici 2030.
Les cinq ans à venir seront aussi décisifs dans la mise en oeuvre de «l’accord de Paris» signé lors du sommet sur le climat de la COP21.
Forte de ses 193 Etats membres, l’ONU reste le lieu privilégié du multilatéralisme qui permet la rencontre, même dans les moments d'extrême tension, des adversaires politiques : russes et américains discutant sur l'Iran ou l'Ukraine, Iran et Arabie saoudite s’asseyant à la même table des négociations pour engager un dialogue sur l’avenir politique de la Syrie.
C’est cela le principe même de la diplomatie onusienne : encourager une discussion permanente entre les États, quel que soit leur régime.
Mais, pour que l'ONU reste ce lieu indispensable de la diplomatie, elle devra sans doute aussi accepter de se réformer. Le futur secrétaire général de l'organisation pourra-t-il "booster" ce processus ? On lui prête un tempérament plus fougueux que son prédécesseur, l'avenir tranchera.
Dans une série d'articles à venir (conflits, désarmement, inégalités et développement), nous reviendrons sur ces enjeux du futur mandat de M. Guteres.
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