La situation grave dans plusieurs points du monde et notamment à Gaza laisse dans l'ombre certaines autres informations qu'il est bon de connaître aussi. En voici un échantillonnage pour novembre :
1/ La Chine semble pouvoir déployer d’ici 2 ans des missiles nucléaires à bord de ses sous-marins nucléaires lanceurs d’engins, indique le brouillon d’un rapport rédigé pour le Congrès américain, par la US-China Economic and Security Review Commission. Pendant longtemps, la Chine a eu une capacité sous-marine largement symbolique. Mais elle est maintenant sur le point de disposer d’une dissuasion nucléaire en mer presque continue. En septembre dernier, la Chine a lancé son premier porte-avions, acheté à l’Ukraine puis remis en état.
Même si la Chine a beaucoup augmenté ses dépenses militaires lors des dernières années, ces annonces montrent en même temps qu'elle avait un retard important sur les quatre autres puissances nucléaires en terme de "palette" d'armements.
2/ Une conférence internationale « L'arme nucléaire et la sécurité internationale au XXIème siècle » a été organisée à Moscou le 9 novembre dernier. Il y a été relevé que la menace nucléaire subit aujourd'hui des transformations : le risque du recours à l'arme nucléaire dans un conflit local devenant plus tangible. Au fur et à mesure que le nombre de pays développant des études nucléaires continue de croître, l'arme nucléaire est considérée souvent comme l'unique garantie d'indépendance dans un conflit contre une grande puissance.
De plus, il faut maintenant prendre en considération le risque du terrorisme nucléaire. La création d'une charge nucléaire dans une entreprise privée n'est plus du domaine de la science-fiction. Surtout si l'on tient compte du fait qu'il y a suffisamment de sources d'uranium de qualité militaire pour que ce risque soit pris au sérieux.
Richard Burt, animateur du projet Global Zero a rappelé à cette Conférence, que les efforts conjoints pour garantir la sauvegarde de la paix mondiale doivent aller de pair avec l'abandon de la dissuasion nucléaire en tant que fondement de l'équilibre des forces. En la matière, la Russie et les Etats-Unis doivent servir d'exemple aux autres pays.
3/ Le chef de l'Agence Internationale pour l'Énergie Atomique (AEIA), Yukiya Amano a déclaré le 11 novembre que les autorités iraniennes ont commencé à détruire la base militaire de Parchin, où selon les représentants des pays occidentaux auraient pu être réalisés les recherches et la fabrication d'armes nucléaires,
En mars de cette année, l'Iran a promis de permettre aux observateurs de l'AIEA d'accéder à la base de Parchin, qui se situe à 30 kms de Téhéran, mais cette promesse n'a jamais été tenue. Une activité industrielle a été enregistrée dans cette zone en août. Selon le rapport de l'AIEA, les experts iraniens auraient détruit les bâtiments et recouvert la zone de terre pour masquer les traces des tests nucléaires. Comme Parchin était le principal site soupçonné de servir à des développements nucléaires éventuellement non-pacifiques, cela est plutôt une bonne nouvelle
4/ L’observateur permanent du Saint-Siège aux Nations Unies à Genève, Mgr Silvano M. Tomasi , a réaffirmé le 13 novembre dernier, a déploré que « Dans les conflits récents et actuels, les populations civiles n’étaient pas protégées et le droit international humanitaire était tout simplement un ensemble de règles non respectées ». Pour le Saint-Siège : « Notre lecture des dispositions des instruments de désarmement en général, (...), , est basée sur une approche humanitaire où la personne humaine est au centre de l'attention et l'objet de la protection ».
Rappelons que c'est sur cette approche par le droit humanitaire que l'organisation ICAN (Campagne internationale pour l'interdiction de l'arme nucléaire) base sa nouvelle campagne pour un Traité d'interdiction des armes nucléaires. Une Conférence internationale aura lieu à Oslo en mars prochain.
5/ Vers un report des discussions sur un Proche-Orient dénucléarisé ?
Les discussions prévues au mois de décembre sur l'établissement d'une zone dénucléarisée au Proche-orient pourraient être reportées, selon des sources diplomatiques rapportées par la presse. Aucune décision formelle, de retarder la Conférence sur la création d'une zone exempte d'armes nucléaires et de toutes autres armes de destruction massive prévue à la mi-décembre, n'a été annoncée, mais des responsables onusiens ont déclaré que les discussions pourraient ne pas avoir lieu avant 2013.
La tenue en 2012 d'une telle conférence avait été décidée en mai 2010 par 189 États signataires du Traité sur la non-prolifération des armes-nucléaires (TNP).
6/ Mercredi 7 novembre à New York, au lendemain de la réélection de Barack Obama, 157 gouvernements siégeant à la Première Commission de l'Assemblée nationale des Nations unies ont voté en faveur d'une finalisation du traité sur le commerce des armes (TCA) par l’organisation d’une nouvelle conférence diplomatique en mars 2013. Ce serait une bonne nouvelle si la Russie ne s'était pas abstenue : son opposition alors qu'elle est le deuxième exportateur mondial d’armes, pourrait conduire à un nouvel échec des négociations en mars prochain d'autant plus que c'est la règle du consensus et non de la majorité qualifiée qui a été retenue sur pression des USA. Cette conférence finale des Nations unies pour le traité sur le commerce des armes se tiendra à New York du 18 au 28 mars 2013. Mais si le texte du traité n'est pas adopté à ce moment-là, il sera probablement proposé par une large majorité de pays pour une adoption par vote de l'Assemblée générale des Nations unies. Une fois adopté, le traité devrait entrer en vigueur après ratification par 65 États.