La dernière semaine d'octobre est célébrée chaque année "semaine du désarmement" par l'ONU : l'élimination de l'arme nucléaire est, cette année encore, au coeur de nombreux débats.
En France, un livre écrit par Pierre Villard, co-président du Mouvement de la paix ("Pour en finir avec l'arme nucléaire", éditions La Dispute) intéressera tous les esprits curieux de s'informer. Le premier mérite de l'ouvrage est de dresser un état des lieux des dispositifs nucléaires de chaque pays possédants "officiels" ou non. un rappel des dangers encourus par tous les peuples ; enfin. ce livre aborde la manière d’éliminer les armes nucléaires et le contrôle de leur élimination. Les dimensions informatives de l'ouvrage en font un document de référence : il expose tous les aspects techniques et écologiques posés par l'uranium et le plutonium, les liens entre nucléaire civil et militaire, il donne en annexe le texte de documents de référence (texte du projet de Convention d'abolition, des programmes divers d'abolition, des traités existants).
Le deuxième mérite du livre de Pierre Villard réside en sa dimension pédagogique et didactique (Pierre Villard est professeur de mathématiques et de sciences physiques en lycée professionnel) qui le rend accessible à un large public. Aucune question importante n'est esquivée par l'auteur : est-il ou non possible d'abolir l'arme nucléaire ? Si oui comment ? Des États l'ont-ils fait ? Quelles garanties peut-on avoir ? Comment contrôler ? Existe-t-il des liens entre le civil et le militaire ? Si oui, lesquels et comment y faire face ? En d’autres termes, y a-t-il une bombe derrière chaque centrale ? La dissuasion nucléaire est-elle une évidence incontournable ou un mythe surfait ? Il s'agit bien d'un livre pour les initiés et les non-initiés, d'un livre qui fait prendre conscience du danger de l’arme nucléaire, de la responsabilité de chacun envers les générations futures pour mettre fin à la menace que cette arme fait peser sur l'humanité entière.
Enfin, le troisième mérite et, le plus important à mes yeux, est la volonté exprimée par l'auteur de montrer que les armes nucléaires, leur avenir, leur contrôle ne peuvent être abandonnés aux seuls États, "monstres froids" décidant du sort du monde, mais que les opinions publiques, les citoyens/citoyennes ont eu, ont et doivent avoir leur mot à dire sur l'avenir de leur planète. De ce fait, l'auteur explique comment, à plusieurs moments de l'histoire (guerre de Corée, essais nucléaires français en 1995, par ex), les mouvements d'opinion ont joué un rôle essentiel sur l'utilisation de l'arme nucléaire. Il montre combien plusieurs des mesures de limitation ou d'élimination (comme le projet de Traité ou convention d'abolition) doivent beaucoup à l'action des ONG et que l'avenir passe par "la nécessaire mobilisation en chaîne des citoyens pour en finir avec l'arme atomique". Cette prise en compte de la dimension des opinions font la principale originalité de l'ouvrage qui tranche avec l'ignorance, voire parfois le mépris, entretenu par nombre de "spécialistes" du désarmement qui ont du mal à sortir des vieilles logiques étatiques. L'auteur conclut (peut-être cette dimension aurait-elle mérité d'être plus développée) en faisant réfléchir au fait que, fondamentalement, derrière le choix de l'élimination des armes nucléaires, réside un choix de civilisation, un choix entre rester dans la vieille culture de guerre ou s'inscrire dans une nouvelle culture de paix. Au final, le livre de Piere Villard se révèle être un outil de débats et d'éducation populaire et dont l'ambition de donner à ses lecteurs la capacité de se forger une opinion est pleinement justifiée.
(Pierre Villard, Pour en finir avec l'arme nucléaire, Paris, La Dispute, 2011)
Pour continuer dans le même sens, notons que ce 24 octobre, le Secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, a rappelé qu'il était possible d'arriver un jour à un monde exempt d'armes nucléaires. « Nous savons que le monde de demain sera façonné par les décisions que nous prenons aujourd'hui. Un monde exempt d'armes nucléaires est une possibilité concrète », a-t-il dit dans un discours lors d'une conférence sur le désarmement nucléaire à New York organisé par l'East-West Institute. Le Secrétaire général a fait du désarmement nucléaire et de la non-prolifération une de ses priorités. Il a présenté en 2008 un plan en cinq points destiné à réaliser ce monde sans armes nucléaires. Selon lui, il est temps aujourd'hui de donner un nouvel élan à la politique de désarmement. Il estime qu'il est nécessaire de réduire davantage les arsenaux nucléaires. « Cela devrait inclure des limites à la fois concernant les armes nucléaires non stratégiques et les armes non-déployées. Et par réduction des armes, je veux dire destruction des armes », a-t-il dit. Il a également jugé nécessaire une plus grande transparence. « On connaît trop peu de choses concernant les stocks existant d'armes, de matériaux fissiles et de systèmes de lancement », a-t-il noté. Le Secrétaire général a aussi jugé nécessaire de renforcer l'état de droit en matière de désarmement, en particulier en élaborant les obligations légales nécessaires pour achever le désarmement nucléaire, notamment le contenu d'une future convention sur les armes nucléaires.
25/10/2011
En France, un livre écrit par Pierre Villard, co-président du Mouvement de la paix ("Pour en finir avec l'arme nucléaire", éditions La Dispute) intéressera tous les esprits curieux de s'informer. Le premier mérite de l'ouvrage est de dresser un état des lieux des dispositifs nucléaires de chaque pays possédants "officiels" ou non. un rappel des dangers encourus par tous les peuples ; enfin. ce livre aborde la manière d’éliminer les armes nucléaires et le contrôle de leur élimination. Les dimensions informatives de l'ouvrage en font un document de référence : il expose tous les aspects techniques et écologiques posés par l'uranium et le plutonium, les liens entre nucléaire civil et militaire, il donne en annexe le texte de documents de référence (texte du projet de Convention d'abolition, des programmes divers d'abolition, des traités existants).
Le deuxième mérite du livre de Pierre Villard réside en sa dimension pédagogique et didactique (Pierre Villard est professeur de mathématiques et de sciences physiques en lycée professionnel) qui le rend accessible à un large public. Aucune question importante n'est esquivée par l'auteur : est-il ou non possible d'abolir l'arme nucléaire ? Si oui comment ? Des États l'ont-ils fait ? Quelles garanties peut-on avoir ? Comment contrôler ? Existe-t-il des liens entre le civil et le militaire ? Si oui, lesquels et comment y faire face ? En d’autres termes, y a-t-il une bombe derrière chaque centrale ? La dissuasion nucléaire est-elle une évidence incontournable ou un mythe surfait ? Il s'agit bien d'un livre pour les initiés et les non-initiés, d'un livre qui fait prendre conscience du danger de l’arme nucléaire, de la responsabilité de chacun envers les générations futures pour mettre fin à la menace que cette arme fait peser sur l'humanité entière.
Enfin, le troisième mérite et, le plus important à mes yeux, est la volonté exprimée par l'auteur de montrer que les armes nucléaires, leur avenir, leur contrôle ne peuvent être abandonnés aux seuls États, "monstres froids" décidant du sort du monde, mais que les opinions publiques, les citoyens/citoyennes ont eu, ont et doivent avoir leur mot à dire sur l'avenir de leur planète. De ce fait, l'auteur explique comment, à plusieurs moments de l'histoire (guerre de Corée, essais nucléaires français en 1995, par ex), les mouvements d'opinion ont joué un rôle essentiel sur l'utilisation de l'arme nucléaire. Il montre combien plusieurs des mesures de limitation ou d'élimination (comme le projet de Traité ou convention d'abolition) doivent beaucoup à l'action des ONG et que l'avenir passe par "la nécessaire mobilisation en chaîne des citoyens pour en finir avec l'arme atomique". Cette prise en compte de la dimension des opinions font la principale originalité de l'ouvrage qui tranche avec l'ignorance, voire parfois le mépris, entretenu par nombre de "spécialistes" du désarmement qui ont du mal à sortir des vieilles logiques étatiques. L'auteur conclut (peut-être cette dimension aurait-elle mérité d'être plus développée) en faisant réfléchir au fait que, fondamentalement, derrière le choix de l'élimination des armes nucléaires, réside un choix de civilisation, un choix entre rester dans la vieille culture de guerre ou s'inscrire dans une nouvelle culture de paix. Au final, le livre de Piere Villard se révèle être un outil de débats et d'éducation populaire et dont l'ambition de donner à ses lecteurs la capacité de se forger une opinion est pleinement justifiée.
(Pierre Villard, Pour en finir avec l'arme nucléaire, Paris, La Dispute, 2011)
Pour continuer dans le même sens, notons que ce 24 octobre, le Secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, a rappelé qu'il était possible d'arriver un jour à un monde exempt d'armes nucléaires. « Nous savons que le monde de demain sera façonné par les décisions que nous prenons aujourd'hui. Un monde exempt d'armes nucléaires est une possibilité concrète », a-t-il dit dans un discours lors d'une conférence sur le désarmement nucléaire à New York organisé par l'East-West Institute. Le Secrétaire général a fait du désarmement nucléaire et de la non-prolifération une de ses priorités. Il a présenté en 2008 un plan en cinq points destiné à réaliser ce monde sans armes nucléaires. Selon lui, il est temps aujourd'hui de donner un nouvel élan à la politique de désarmement. Il estime qu'il est nécessaire de réduire davantage les arsenaux nucléaires. « Cela devrait inclure des limites à la fois concernant les armes nucléaires non stratégiques et les armes non-déployées. Et par réduction des armes, je veux dire destruction des armes », a-t-il dit. Il a également jugé nécessaire une plus grande transparence. « On connaît trop peu de choses concernant les stocks existant d'armes, de matériaux fissiles et de systèmes de lancement », a-t-il noté. Le Secrétaire général a aussi jugé nécessaire de renforcer l'état de droit en matière de désarmement, en particulier en élaborant les obligations légales nécessaires pour achever le désarmement nucléaire, notamment le contenu d'une future convention sur les armes nucléaires.
25/10/2011