lundi 5 novembre 2018

Ne divisons pas les écrivains qui ont combattu la guerre !

Trois grands écrivains français, tous soldats ayant subi les horreurs de la guerre, ont contribué, chacun à leur manière, à (r)-éveiller les consciences sur la tragédie de la Première guerre mondiale : Henri Barbusse, avec "le Feu" en 1916, Prix Goncourt, Roland Dorgelès avec "Les croix de bois" en 1919, prix Fémina, Maurice Genevoix, académicien, avec "Ceux de 14" en 1949, rassemblant cinq récits parus entre 1919 et 1923.
Henri Barbusse a prolongé son oeuvre d'écrivain en s'engageant dans la vie publique, en participant à la création de l'ARAC (Association républicaine des anciens combattants) en 1917, puis, militant communiste, en étant l'animateur du mouvement d'intellectuels pour la paix, dit "comité Amsterdam-Pleyel" en 1933.
Roland Dorgelès, homme de droite, fut président de l’Association des écrivains combattants.
Maurice Genevoix n'eut pas d'engagement militant direct mais son livre "Ceux de 14" constitua une base de référence mémorielle et littéraire pour des générations d'étudiants.
Leur diversité est à l'image de la diversité des français qui, après 1918, ont défendu l'idée de paix entre les hommes et les peuples. Le Président de la République envisage de proposer la "panthéonisation" seulement de Maurice Genevoix. Même si cette intention est respectable dans le sens de renforcer la mémoire de la tuerie de cette Guerre mondiale, elle pourrait diviser la mémoire des écrivains français combattants, ayant témoigné pour la paix, en ne valorisant qu'un seul type d'engagement intellectuel. M. le Président de la République, ne divisez pas la mémoire, prenez une initiative nationale pour honorer TOUS les écrivains combattants, y compris en y associant un quatrième, non-violent et non-combattant certes, Romain Rolland, mais dont le livre "Au-dessus de la mêlée", paru en 1914, interpella beaucoup de consciences, qui reçut le prix Nobel de litterature en 1916 et qui créa plus tard, en 1939, le "Comité mondial contre la guerre et le fascisme" avec Paul Langevin.

Daniel Durand
5/11/18