L'élection de Donald Trump comme président des États-Unis fait partie de ces moments de l'actualité où il est vraiment nécessaire de prendre un temps de recul.
Nous sommes toujours dans une période de transition dans l'évolution du monde : transition entre un monde industriel ancien et le monde de la révolution informatique et informationnelle, transition entre un monde segmenté et un monde de plus en plus globalisé même s'il est diversifié, transition entre les idéologies structurées sur ces anciens schémas et de nouvelles approches qui peinent à émerger.
Le deuxième angle de réflexion à considérer est la différenciation entre les temps longs de l'histoire, et les temps courts, ceux de l'actualité, de l'immédiat. Ce temps court (qui peut s'étaler sur une décenie...), c'est l'élection de Trump, c'est la montée actuelle des populismes, c'est la fièvre terroriste.
Le temps long sur plusieurs décennies, c'est la constitution depuis 70 ans de "l'arbre à palabres planétaire", constitué par les Nations unies, c'est la décolonisation et le passage du nombre d'États sur la planète de 50 à près de 200 en seulement un demi-siècle. Ce temps long, c'est aussi cette quasi suppression du temps et de l'espace que constituent la révolution de l'information, des transports : internet, réseaux sociaux, télévision satellite.
De tels bouleversements créent forcément des fractures, favorisent le développement d'inégalités, de nouvelles dominations, de crises profondes dans le vécu des populations. Ces crises sont dues aux angoisses, aux phantasmes parfois, mais surtout aux souffrances réelles de la partie de la population qui subit ces mutations et n'en récoltent pas les bénéfices. Ce sont ces crises qui nous ramènent dans le temps court de l'actualité, des débats politiques, des risques de troubles profonds, allant jusqu'à la menace de la guerre toujours possible.
Comment réagir dans ce contexte ?
Nous sommes devant un choix fondamental de posture politique. On peut choisir de "surfer" sur les peurs, les angoisses, les repliements, en flattant les retours nostalgiques à un passé idéalisé ou en soutenant le démagogique slogan "sortez les sortants" ou le simpliste "Vous avez raison d'exprimer votre colère". On peut ainsi s'illusionner en espérant se maintenir sur la vague...
On peut à l'inverse prendre en compte les insatisfactions, les souffrances, les colères, mais pour dire "rassemblons-nous et agissons", non pour arrêter le mouvement du monde et de l'histoire, mais pour revendiquer que chacun y ait sa place, sa dignité reconnue, sa participation acceptée, tant chez nous que sur toute notre planète ronde.
Soyons lucides et actifs tous ensemble !
Cette posture peut ne pas être comprise immédiatement, elle peut ne pas être suffisamment solide aujourd'hui pour contenir tous les dangers, toutes les colères dévoyées, mais elle seule peut permettre en faisant appel à la raison et à l'action de construire une vraie alternative progressiste et un puissant mouvement populaire.
10/11/2016