Le comité préparatoire à la Conférence du TNP à Vienne s'est achevé vendredi dernier, 11 mai. Le jeudi soir, le Président du Comité, l'ambassadeur d'Australie, Peter Wolcott, a déposé un résumé de cette session en 100 points et 16 pages. Ce résumé qui n'a pas été soumis au vote a été enregistré comme document de travail au bilan de la Conférence.
Aucune décision n'a été été prise au cours de cette session qui visait d'abord a lancer un nouveau cycle de discussion du TNP 2012-2015. Mais ce résumé, même s'il est purement factuel, permet "d'acter" comme on dit maintenant, les grands sujets qui ont été abordés pendant ces dix jours. Il montre clairement la préoccupation de nombreux états sur les conséquences humanitaires inacceptables sous l'angle du droit humanitaire de l'usage des armes nucléaires. Il montre également que grandit la condamnation des processus de "modernisation" des armes nucléaires comme autant d'obstacles au processus de désarmement nucléaire. De plus, très nombreux sont aujourd'hui les états qui condamnent la place persistance sur le plan idéologique des doctrines de dissuasion nucléaire comme des obstacles aux progrès des idées de désarmement et d'élimination complète des armes nucléaires donc, comme contraires à l'esprit du TNP.
Le résumé montre le consensus existant autour des décisions du plan d'action prises lors de la Conférence du TNP de 2010 à New-York et souligne le climat positif de la rencontre de Vienne. Mais il montre aussi que peu de décisions concrètes ont été mises en oeuvre pour appliquer ce plan d'action, notamment dans son volet désarmement nucléaire, et qu'il reste beaucoup d'efforts à faire pour aboutir en 2015 à une Conférence d'examen qui puisse présenter de réels progrès sur les trois volets du TNP : désarmement nucléaire, non-prolifération et usage civil de l'énergie atomique.
Donc, si la dynamique positive de 2010 a été maintenue, il reste à lui fournir des débouchés concrets : espérons que la décision de tenir, sans doute, en décembre, une Conférence sur la création d'une zone exempte d'armes de destruction massive au Moyen-Orient, ira à son terme avec tous les pays concernés de la région (donc avec Israël et l'Iran). Souhaitons que la décision de la Norvège de tenir au printemps 2013 une Conférence sur les conséquences humanitaires de l'usage des armes nucléaires, eu égard au droit international, permette d'amplifier un grand courant d'opinion international en faveur de l'élimination complète des armes nucléaires qui reste le but ultime des efforts pour établir une meilleure sécurité internationale.
Face à ces enjeux, la diplomatie française a été peu créative pendant les travaux de ce comité, en répétant sans convaincre les arguments développés durant la Présidence Sarkozy. Il faut souhaiter que la nouvelle présidence française saura réfléchir, travailler à une approche plus large de la problématique du désarmement nucléaire, que François Hollande sera capable au minimum de se hisser au niveau du président Obama en affirmant avec force la volonté de construire un monde débarrassé des armes nucléaires. Une première occasion pourrait être saisie ce week-end lors du sommet de l'OTAN à Chicago pour marquer un infléchissement : la diplomatie française pourrait se rapprocher des diplomaties allemande, belge et néerlandaise pour travailler au démantèlement des dernières bombes nucléaires américaines présentes encore sur le sol européen, sur les bombardiers stratégiques basés sur plusieurs aéroports et dont la présence n'a plus aucune justification stratégique...
La diplomatie allemande a été très irritée jusqu'à présent de l'insistance de Nicolas Sarkozy à maintenir ces bombes nucléaires US, une évolution aiderait certainement à améliorer cet aspect des relations franco-allemandes...
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