Un sujet reste discret dans la campagne présidentielle française : celui de la place des dépenses militaires en France et dans le monde. Fort opportunément, ce mardi 17 avril, des réseaux d'ONG organisent une "journée mondiale sur les dépenses militaires" qui prendra un relief certain car nous connaîtrons la veille, le niveau 2011 de celles-ci telles que le calcule l'institut suédois SIPRI.
En 2010, les dépenses militaires mondiales ont déjà atteint le niveau effarant de 1630 milliards de dollars, plus du double de celui de la fin des années 90 ! On ne sera pas malheureusement surpris que les États-Unis dépensent pratiquement 50 % de ce total (750 Mds). On peut être doublement choqué : d'abord par le fait que ces dépenses ont constamment augmenté dans cette dernière décennie alors qu'aucune menace d'ordre vraiment militaire ne soit apparue (la menace terroriste appelle essentiellement des réponses de nature policière et judiciaire et non militaire). Deuxièmement, par le fait que c'est dans cette même période que des besoins humains nouveaux ont été exposés.
Lors du Sommet du Millénaire à New York en 2000, les dirigeants mondiaux ont pris des engagements ( Objectifs du Millénaire pour le Développement) qui recouvrent de grands enjeux humanitaires: recul de la pauvreté et de la faim, éducation pour tous, égalité des sexes, santé des enfants, santé maternelle, lutte contre le VIH, protection de l’environnement et partenariat mondial pour le développement. L'échéance pour ces objectifs a été fixée à 2015. Il ne reste que 3 ans pour tenir ces promesses et, les engagements n’étant pas respectés, nous sommes très loin d'y parvenir. Une autre échéance est représentée par la tenue en juin prochain du Sommet de la Terre - Rio+20. Les objectifs vitaux pour notre planète exposés à ce Sommet appellent à dégager les ressources et les capacités intellectuelles nécessaires, pour l'instant gaspillées justement dans ces activités militaires. À une échelle plus réduite, comment ne pas être stupéfait que, malgré la crise économique qui la secoue, la Grèce continue d'avoir un budget militaire un des plus élevés proportionnellement d'Europe ?
On voudrait espérer que lors de cette semaine, de nouvelles indignations s'expriment car les statistiques du SIPRI vont montrer que la tendance est à la poursuite de la hausse des dépenses militaires sur tous les continents.
Les prévisionnistes estiment que le budget des USA ralentira certes sa progression mais grossira encore selon les déclarations du président Obama. La Russie, la Chine prévoient des budgets en augmentation, justifiés selon elles par la pression stratégiques des États-Unis, en Europe avec le futur bouclier antimissile, dans le Pacifique avec l'installation de nouvelles troupes étatsuniennes. L’Amérique du Sud accélère l’augmentation de ses dépenses militaires, après une augmentation de 5,8% en 2010. Au cours de la dernière décade, les dépenses militaires d’Amérique latine ont crû de 42 milliards (en 2001) à 70 milliards (en 2010). Dans la péninsule d’Arabie, l’Arabie saoudite a dépensé un impressionnant 10,4% de son PIB (quatre fois le taux mondial) en 2010 pour ses dépenses militaires et continué sur ce chemin avec l’achat, en décembre 2011, d’avions de combat US pour un montant de 30 milliards. Les Emirats Arabes Unis ont dépensé 3,5 milliards pour l’achat de missiles « anti-bunker » et autres armements, et le Koweit a acheté des missiles Patriot pour presque un milliard de dollars. De nombreux pays africains ont augmenté également leur budget militaire.
En Europe, un certain nombre de pays européens ont légèrement baissé leur budget militaire mais la France maintient son budget qui avec un montant de 39 Mds d'euros est le deuxième budget de l'état derrière l'Éducation nationale.
Ces contradictions, ce grand écart entre les besoins de la planète, de notre pays, les menaces réelles et non artificiellement gonflées sur notre sécurité et les montants considérables de dépenses militaires fondamentalement stériles sont perçus pour une large part par l'opinion publique.
Un sondage IFOP, commandé par le Mouvement de la paix, publié le 22 mars dernier, montre que "le secteur devant faire l'objet de restrictions budgétaires en cas de réduction des dépenses" est très majoritairement le secteur de "la défense, l'armée". En effet, 37 % de nos concitoyens le placent en tête des postes à réduire alors que les autres domaines à comprimer sont loin derrière (21 % pour "aides aux chômeurs", fantasme de la droite et du FN).
Ce choix est très fort à gauche, notamment parmi les électeurs du Front de Gauche et d'Europe écologie (66 % et 68 %) mais aussi très fort au Parti Socialiste (46 %), voire parmi les soutiens du Modem (36 % comme la moyenne nationale). Il faut noter que, si pour les électeurs de l'UMP et du FN, le premier poste à comprimer est "les aides versées aux chômeurs" (36 et 44 %), la baisse des dépenses militaires vient tout de suite derrière (23 et 22 %).
Les candidats et demain les élus politiques entendront-ils ce message ? Rien n'est moins sûr car cette question reste ou taboue ou ambiguë. Jean-Luc Mélenchon dans son discours sur la défense du 30 mars dernier pense que le budget de la Défense doit être « stabilisé », François Hollande s'est engagé à étalonner les dépenses militaires sur l’évolution générale du budget de l’État. Nicolas Sarkozy continuera la même politique de "sanctuarisation" des dépenses militaires qu'aujourd'hui.
La bataille d'opinion sur la finalité des dépenses militaires, leur évolution dans les politiques publiques, la nécessité de leur révision à la baisse avec les initiatives politique internationales concomittentes est loin d'être gagnée. Encourager les citoyennes et citoyens à appeler les élus et candidats à faire preuve de plus de courage politique pourrait être un résultat minimum mais important de cette journée internationale sur la réduction des dépenses militaires.
En 2010, les dépenses militaires mondiales ont déjà atteint le niveau effarant de 1630 milliards de dollars, plus du double de celui de la fin des années 90 ! On ne sera pas malheureusement surpris que les États-Unis dépensent pratiquement 50 % de ce total (750 Mds). On peut être doublement choqué : d'abord par le fait que ces dépenses ont constamment augmenté dans cette dernière décennie alors qu'aucune menace d'ordre vraiment militaire ne soit apparue (la menace terroriste appelle essentiellement des réponses de nature policière et judiciaire et non militaire). Deuxièmement, par le fait que c'est dans cette même période que des besoins humains nouveaux ont été exposés.
Lors du Sommet du Millénaire à New York en 2000, les dirigeants mondiaux ont pris des engagements ( Objectifs du Millénaire pour le Développement) qui recouvrent de grands enjeux humanitaires: recul de la pauvreté et de la faim, éducation pour tous, égalité des sexes, santé des enfants, santé maternelle, lutte contre le VIH, protection de l’environnement et partenariat mondial pour le développement. L'échéance pour ces objectifs a été fixée à 2015. Il ne reste que 3 ans pour tenir ces promesses et, les engagements n’étant pas respectés, nous sommes très loin d'y parvenir. Une autre échéance est représentée par la tenue en juin prochain du Sommet de la Terre - Rio+20. Les objectifs vitaux pour notre planète exposés à ce Sommet appellent à dégager les ressources et les capacités intellectuelles nécessaires, pour l'instant gaspillées justement dans ces activités militaires. À une échelle plus réduite, comment ne pas être stupéfait que, malgré la crise économique qui la secoue, la Grèce continue d'avoir un budget militaire un des plus élevés proportionnellement d'Europe ?
On voudrait espérer que lors de cette semaine, de nouvelles indignations s'expriment car les statistiques du SIPRI vont montrer que la tendance est à la poursuite de la hausse des dépenses militaires sur tous les continents.
Les prévisionnistes estiment que le budget des USA ralentira certes sa progression mais grossira encore selon les déclarations du président Obama. La Russie, la Chine prévoient des budgets en augmentation, justifiés selon elles par la pression stratégiques des États-Unis, en Europe avec le futur bouclier antimissile, dans le Pacifique avec l'installation de nouvelles troupes étatsuniennes. L’Amérique du Sud accélère l’augmentation de ses dépenses militaires, après une augmentation de 5,8% en 2010. Au cours de la dernière décade, les dépenses militaires d’Amérique latine ont crû de 42 milliards (en 2001) à 70 milliards (en 2010). Dans la péninsule d’Arabie, l’Arabie saoudite a dépensé un impressionnant 10,4% de son PIB (quatre fois le taux mondial) en 2010 pour ses dépenses militaires et continué sur ce chemin avec l’achat, en décembre 2011, d’avions de combat US pour un montant de 30 milliards. Les Emirats Arabes Unis ont dépensé 3,5 milliards pour l’achat de missiles « anti-bunker » et autres armements, et le Koweit a acheté des missiles Patriot pour presque un milliard de dollars. De nombreux pays africains ont augmenté également leur budget militaire.
En Europe, un certain nombre de pays européens ont légèrement baissé leur budget militaire mais la France maintient son budget qui avec un montant de 39 Mds d'euros est le deuxième budget de l'état derrière l'Éducation nationale.
Ces contradictions, ce grand écart entre les besoins de la planète, de notre pays, les menaces réelles et non artificiellement gonflées sur notre sécurité et les montants considérables de dépenses militaires fondamentalement stériles sont perçus pour une large part par l'opinion publique.
Un sondage IFOP, commandé par le Mouvement de la paix, publié le 22 mars dernier, montre que "le secteur devant faire l'objet de restrictions budgétaires en cas de réduction des dépenses" est très majoritairement le secteur de "la défense, l'armée". En effet, 37 % de nos concitoyens le placent en tête des postes à réduire alors que les autres domaines à comprimer sont loin derrière (21 % pour "aides aux chômeurs", fantasme de la droite et du FN).
Ce choix est très fort à gauche, notamment parmi les électeurs du Front de Gauche et d'Europe écologie (66 % et 68 %) mais aussi très fort au Parti Socialiste (46 %), voire parmi les soutiens du Modem (36 % comme la moyenne nationale). Il faut noter que, si pour les électeurs de l'UMP et du FN, le premier poste à comprimer est "les aides versées aux chômeurs" (36 et 44 %), la baisse des dépenses militaires vient tout de suite derrière (23 et 22 %).
Les candidats et demain les élus politiques entendront-ils ce message ? Rien n'est moins sûr car cette question reste ou taboue ou ambiguë. Jean-Luc Mélenchon dans son discours sur la défense du 30 mars dernier pense que le budget de la Défense doit être « stabilisé », François Hollande s'est engagé à étalonner les dépenses militaires sur l’évolution générale du budget de l’État. Nicolas Sarkozy continuera la même politique de "sanctuarisation" des dépenses militaires qu'aujourd'hui.
La bataille d'opinion sur la finalité des dépenses militaires, leur évolution dans les politiques publiques, la nécessité de leur révision à la baisse avec les initiatives politique internationales concomittentes est loin d'être gagnée. Encourager les citoyennes et citoyens à appeler les élus et candidats à faire preuve de plus de courage politique pourrait être un résultat minimum mais important de cette journée internationale sur la réduction des dépenses militaires.
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