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jeudi 11 octobre 2012

Nouvelle session de l'ONU : le besoin d'avancer...

L'ouverture de la nouvelle session de l'ONU (67e) en septembre a été marquée comme d'habitude par un défilé de chefs d'États ou de gouvernements, délivrant à la tribune, des messages parfois convenus, mais aussi parfois significatifs des préoccupations politiques mondiales de l'heure.
Certes, le blocage de la situation concernant la Syrie était derrière la majorité des interventions mais on peut dire que, malgré cela, ou à cause de cela, la nécessité d'une ONU plus forte et plus efficace n'a pas été vraiment remise en cause mais au contraire, plutôt souhaitée. Quelle différence avec les années 2002 lorsque George W. Bush et les "neocons", aidés par Tony Blair, menaient l'offensive contre la place même des Nations unies dans le monde ! Le souhait de réformes, généralement en insistant sur la nécessité de respecter les principes de la Charte onusienne, est revenu souvent.
C'est dans ce contexte qu'il faut situer les différentes interventions.
M. Ban a insisté sur les progrès réalisés, notamment dans le domaine de la lutte contre l'extrême pauvreté, qui a été réduite de moitié depuis 2000, les transitions démocratiques en cours au Moyen Orient, au Myanmar et dans plusieurs autres pays du monde. M. Obama s'est dit convaincu qu'en fin de compte, le gouvernement du peuple par le peuple et pour le peuple était plus susceptible d'apporter la stabilité, la prospérité et les chances individuelles dans un monde de paix. S'agissant du dossier israélo-palestinien, M. Obama a affirmé que « l'avenir ne doit pas appartenir à ceux qui veulent tourner le dos au processus de paix », réitérant la position de son pays en faveur d'un État juif prospère coexistant en paix et en sécurité avec une Palestine indépendante. Au delà des formules, cela a signifié le refus de s'aligner sur les positions extrémistes du leader israélien, M. Netanyahu.
Selon M. Hollande, élu en mai dernier et qui s'exprimait pour la première fois devant cette instance, « il nous appartient de prendre pleinement nos responsabilités », en réformant d'abord l'Organisation, a-t-il lancé à l'adresse des 193 États Membres. Le Président français a ainsi jugé que le Conseil de sécurité devrait « mieux refléter les équilibres du monde d'aujourd'hui ». La France appuie en ce sens la demande d'élargissement de ce Conseil, formulée par l'Allemagne, le Japon, l'Inde et le Brésil, et est favorable à une présence accrue de l'Afrique, y compris parmi les membres permanents.
Cette place de l'Afrique a été défendue par de nombreux orateurs, notamment par le dirigeant de l'Afrique du sud, M. Zumma, selon qui l'Afrique devrait se voir octroyer deux sièges de membres permanents dotés des mêmes privilèges que les membres permanents actuels, y compris le droit de veto, et cinq sièges de membres non permanents.
La réforme du Conseil de sécurité a été abordée par d'autres pays, non seulement sous l'angle de la représentativité mais aussi sur celui de la réforme des méthodes de travail et la limitation du droit de veto. La Suisse a estimé que le recours au droit de veto au sein du Conseil de sécurité est « difficilement justifiable » en cas de génocides, de crimes de guerre ou de crimes contre l'humanité. Sa Présidente a appelé à aller plus loin dans les domaines de la médiation et de la diplomatie préventive, en notant que la majeure partie du budget de l'ONU reste consacrée aux opérations de maintien de la paix.
En même temps, les souhaits de réforme du fonctionnement des structures onusiennes s'accompagnent de réticences de certains pays de voir remis en cause leur souveraineté. « Respecter la souveraineté, les intérêts vitaux, ainsi que le choix de système social et de voie de développement de chacun est une règle fondamentale régissant les relations entre États », a insisté le Ministre chinois, tout en affirmant qu'il est « essentiel d'appliquer le multilatéralisme » et « de défendre le rôle central de l'ONU dans les affaires internationales ». De son côté, le ministre russe, M. Lavrov, a estimé que « l'ordre mondial est menacé par l'interprétation arbitraire de principes essentiels tels que le non recours à la force ou la menace de la force, le règlement pacifique des différends, le respect de la souveraineté et de l'intégrité territoriale des États, et la non-ingérence dans leurs affaires intérieures ».
On voit qu'il y encore besoin d'éclaircir un certain nombre de concepts comme "la responsabilité de protéger" et surtout de clarifier les conditions de leur application, comme la désastreuse intervention en Libye l'a montré. Tout concept international risque d'être instrumentalisé pour servir les intérêts particuliers de tel ou tel groupe de puissances. Est-ce pour autant qu'il faut "jeter le bébé avec l'eau du bain" comme ont tendance à le faire en France certaines forces politiques  à propos de la Syrie, du Mali ou ailleurs ? Évidemment non, mais cela suppose des interventions, des pressions populaires ou politiques beaucoup plus fortes qu'aujourd'hui, et qui ne se construisent pas uniquement sur des postures de repli ou de refus..
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