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mercredi 10 octobre 2012

Les leçons de l'été (3) - le désarmement, pause ou stand-by ?

Un des événements les plus attendus sur le plan du désarmement était la conférence des Nations unies qui s'est tenue du 2 au 27 juillet 2012 visant à établir un Traité sur le commerce des armes. Les diplomates se sont séparés sans avoir pu adopter ce Traité. Pour autant, un texte existe et les ONG qui, cet été, se déclaraient profondément déçues, commencent, à l'instar d'Amnesty International, de dire que ce texte "constitue une base solide sur laquelle s'appuyer pour aboutir à l'adoption d'un traité". Le 26 septembre, les ministres des Affaires étrangères de plusieurs pays de l'Union européenne dont la France ont adopté une déclaration commune intitulée "Finissons le travail" et qui insiste sur la nécessité de reprendre la négociation dans le cadre des Nations unies et d'organiser une "deuxième conférence le plus tôt possible en 2013". On peut penser que si le président Obama est réélu en novembre, les diplomates US seront plus coopératifs qu'en juillet dans les négociations. 2013 verra-t-elle cette étape historique sur la réglementation du commerce des armes ? Ce sera une des attentes de l'année prochaine.
Du côté des ONG, la mobilisation continue de grandir sur l'idée de négociations pour l'interdiction des armes nucléaires comme contraires au droit humanitaire : le Vatican a réitéré sa condamnation, le réseau ICAN (Campagne internationale pour l'abolition des armes nucléaires) a annoncé la première conférence humanitaire sur le sujet à Oslo,  les 2 et 3 mars prochains, des pays comme la Norvège et la Suisse semblent bien décidés à jouer sur le plan diplomatique une rôle actif.
La situation porte moins à l'optimisme sur le plan des institutions internationales dédiées au désarmement.
Malgré une déclaration des ministres de tous les États qui ont ratifié le Traité d'interdiction des essais nucléaires (TICEN), la situation reste bloquée, et là encore, il faudra attendre l'issue des élections américaines et des rapports de force qui s'en dégageront pour espérer voir peut-être le Sénat américain évoluer vers une ratification de ce traité.
La Conférence du désarmement à Genève s'est séparée, elle, en septembre sans avoir pu, une fois de plus, se mettre d'accord sur un programme de travail. Même si tous les diplomates se sont félicités de la bonne ambiance régnant pendant la discussion, la panne persistante de cette institution remet en cause son utilité même. La vice-secrétaire générale des Nations unies chargée du désarmement , Mme Angela Kane a rappelé lors de la séance de clôture que "surmonter cette impasse exigera donc bien davantage que des réformes institutionnelles au sein de la Conférence ou la simple recherche de nouveaux lieux de négociations" et que "les échecs à la Conférence ne sont pas les échecs de la Conférence mais ceux de la diplomatie et tout progrès repose sur les États Membres et non pas sur l'instance au sein de laquelle ils se rencontrent". Pour nous, cela pose la question de la capacité d'initiative de la diplomatie française au coeur de cette enceinte, capacité basée sur la volonté ou non de prendre de vraies initiatives politiques pour relancer le désarmement nucléaire, en dépassant le seul jeu de déclarations sur le "danger" iranien...
Peser sur les politiques des États pour faire progresser le climat général de désarmement semble une évidence, y compris si l'on espère faire progresser d'autres problèmes plus généraux. Qui peut croire que des progrès seront réalisés dans les crises avec l'Iran ou la Syrie, dans l'affectation de nouvelles ressources à la lutte contre la pauvreté et pour l'éducation, voire même pour financer l'action contre le réchauffement climatique sans un abaissement significatif des niveaux d'armements, des dépense militaires énormes qui leur sont consacrés (1740 Milliards de $ selon le SIPRI en 2011) ?

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