Il est de bon ton dans les milieux politiques de dire que si les Français se divisent sur nombre de sujets, il y a un consensus dans le soutien à la politique nucléaire militaire française...
Le sondage IFOP du 22 mars, commandé par le Mouvement de la paix, et évoqué dans un article précédent, met à mal ou, tout au moins, questionne fortement ce fameux consensus nucléaire militaire.
Deux questions ont été posées relatives à la stratégie nucléaire française. La première demandait aux sondés s'ils souhaitaient que la France "s'engage dans un processus de convention internationale d'élimination totale et contrôlée des armes atomiques, déposée auprès des Nations unies". Une écrasante majorité, 81 %, s'y montre favorable. Ce chiffre est encore plus fort à gauche : entre 87 et 90 % mais ce soutien traverse tous les électorats : 76 % de favorables au Modem, 82 % à l'UMP et même 67 % au FN. Il y a quelques nuances dans les électorats dans l'enthousiasme entre les "tout à fait favorables" et "plutôt favorables" mais le fait politique est que la grande majorité des Français, toutes tendances confondues, souhaite que la France oeuvre à la négociation pour un Traité d'élimination des armes nucléaires, alors que la position diplomatique française a été l'inverse jusqu'à présent, tant en 2010 à New-York lors de la Conférence d'examen du Traité de non-prolifération nucléaire que depuis, dans les différentes réunions internationales !
La deuxième question sur la stratégie nucléaire française demandait si le sondé est favorable ou non au fait que la France "renouvelle et modernise ses armes atomiques (sous-marins, missiles, etc...)". Là encore, une majorité nette de Français (64 %) n'est pas favorable à cette "modernisation". À gauche, c'est écrasant dans l'électorat du Front de Gauche et d'Europe écologie (87 et 81 %) mais c'est net chez les électeurs socialistes (72 %) et même chez les centristes du Modem (67 %). Plus surprenant, ce refus de la course aux armements atomiques est majoritaire chez les électeurs du FN (57 %) et très controversé à l'UMP (48 % contre, 52 % pour - ce chiffre est même inversé si l'on considère les électeurs de Nicolas Sarozy en 2007 : 51 % contre, 49% pour). Or cette modernisation nucléaire (nouveaux sous-marins nucléaires SNLG, nouveaux missiles nucléaires M51, nouveaux missiles nucléaires aéroportés ASMP) est celle menée actuellement par les gouvernements de droite depuis 2002 ! Elle l'avait été également par le précédent gouvernement Jospin de 1997 à 2002...
Alors, le fameux "consensus" nucléaire militaire français ne mérite-t-il pas d'être revisité ?
Là encore, ne faut-il pas mettre les politiques, les candidats devant leurs responsabilités politiques pour qu'ils écoutent l'opinion publique ?
Pour l'instant, les positions des principaux candidats aux élections présidentielles en sont loin : M. Sarkozy affirme qu’il n’est pas question de « remettre en cause notre dissuasion parce que je tiens à ce que la France participe à la préservation de la paix et qu’elle soit crédible et écoutée dans le monde ». François Hollande a réaffirmé sa volonté "de maintenir la capacité de dissuasion nucléaire" de la France. M. Bayrou entend « dire que la France demeurera une puissance nucléaire crédible, libre et indépendante, avec ses deux composantes ».
M. Mélenchon, tout comme Mme Joly, se distinguent du lot. Le premier souhaite que la France participe au désarmement nucléaire multilatéral, même si « en l’état actuel, la dissuasion nucléaire demeure l’élément essentiel de notre stratégie de protection ». Cependant, il en allégerait « le coût, en supprimant la composante aérienne, aujourd’hui obsolète ». La seconde estime que "la France doit faire des propositions diplomatiques et technologiques ambitieuses afin de progresser vers l’objectif d’un monde dénucléarisé".
Il est donc clair que les candidats les plus probables du second tour sont loin encore d'être convaincus du message de l'opinion. À la même opinion publique de leur exprimer et rappeler cette volonté avant, pendant et après les échéances électorales d'avril-mai et de juin...
Mais sans attendre, un problème est posé dès la prochaine semaine : le lundi 23 avril s'ouvre au siège de l'ONU de Vienne (Autriche), la première des réunions préparatoires (Prepcom) à la prochaine Conférence du TNP de 2015. La France va-t-elle continuer de faire obstacle à toute référence à l'élaboration d'une Convention d'abolition des armes nucléaires alors que 81 % des Françaises et Français le réclament ? Quelle que soit la majorité d'aujourd'hui ou de demain, il semblerait légitime que cette exigence soit entendue. Gageons que les représentants des ONG françaises présentes la semaine prochaine ne manqueront pas d'interroger le nouvel ambassadeur de France pour le désarmement (M. Jean-Hugues Simon-Michel, qui vient de remplacer M. Éric Danon) à ce sujet...
Le sondage IFOP du 22 mars, commandé par le Mouvement de la paix, et évoqué dans un article précédent, met à mal ou, tout au moins, questionne fortement ce fameux consensus nucléaire militaire.
Deux questions ont été posées relatives à la stratégie nucléaire française. La première demandait aux sondés s'ils souhaitaient que la France "s'engage dans un processus de convention internationale d'élimination totale et contrôlée des armes atomiques, déposée auprès des Nations unies". Une écrasante majorité, 81 %, s'y montre favorable. Ce chiffre est encore plus fort à gauche : entre 87 et 90 % mais ce soutien traverse tous les électorats : 76 % de favorables au Modem, 82 % à l'UMP et même 67 % au FN. Il y a quelques nuances dans les électorats dans l'enthousiasme entre les "tout à fait favorables" et "plutôt favorables" mais le fait politique est que la grande majorité des Français, toutes tendances confondues, souhaite que la France oeuvre à la négociation pour un Traité d'élimination des armes nucléaires, alors que la position diplomatique française a été l'inverse jusqu'à présent, tant en 2010 à New-York lors de la Conférence d'examen du Traité de non-prolifération nucléaire que depuis, dans les différentes réunions internationales !
La deuxième question sur la stratégie nucléaire française demandait si le sondé est favorable ou non au fait que la France "renouvelle et modernise ses armes atomiques (sous-marins, missiles, etc...)". Là encore, une majorité nette de Français (64 %) n'est pas favorable à cette "modernisation". À gauche, c'est écrasant dans l'électorat du Front de Gauche et d'Europe écologie (87 et 81 %) mais c'est net chez les électeurs socialistes (72 %) et même chez les centristes du Modem (67 %). Plus surprenant, ce refus de la course aux armements atomiques est majoritaire chez les électeurs du FN (57 %) et très controversé à l'UMP (48 % contre, 52 % pour - ce chiffre est même inversé si l'on considère les électeurs de Nicolas Sarozy en 2007 : 51 % contre, 49% pour). Or cette modernisation nucléaire (nouveaux sous-marins nucléaires SNLG, nouveaux missiles nucléaires M51, nouveaux missiles nucléaires aéroportés ASMP) est celle menée actuellement par les gouvernements de droite depuis 2002 ! Elle l'avait été également par le précédent gouvernement Jospin de 1997 à 2002...
Alors, le fameux "consensus" nucléaire militaire français ne mérite-t-il pas d'être revisité ?
Là encore, ne faut-il pas mettre les politiques, les candidats devant leurs responsabilités politiques pour qu'ils écoutent l'opinion publique ?
Pour l'instant, les positions des principaux candidats aux élections présidentielles en sont loin : M. Sarkozy affirme qu’il n’est pas question de « remettre en cause notre dissuasion parce que je tiens à ce que la France participe à la préservation de la paix et qu’elle soit crédible et écoutée dans le monde ». François Hollande a réaffirmé sa volonté "de maintenir la capacité de dissuasion nucléaire" de la France. M. Bayrou entend « dire que la France demeurera une puissance nucléaire crédible, libre et indépendante, avec ses deux composantes ».
M. Mélenchon, tout comme Mme Joly, se distinguent du lot. Le premier souhaite que la France participe au désarmement nucléaire multilatéral, même si « en l’état actuel, la dissuasion nucléaire demeure l’élément essentiel de notre stratégie de protection ». Cependant, il en allégerait « le coût, en supprimant la composante aérienne, aujourd’hui obsolète ». La seconde estime que "la France doit faire des propositions diplomatiques et technologiques ambitieuses afin de progresser vers l’objectif d’un monde dénucléarisé".
Il est donc clair que les candidats les plus probables du second tour sont loin encore d'être convaincus du message de l'opinion. À la même opinion publique de leur exprimer et rappeler cette volonté avant, pendant et après les échéances électorales d'avril-mai et de juin...
Mais sans attendre, un problème est posé dès la prochaine semaine : le lundi 23 avril s'ouvre au siège de l'ONU de Vienne (Autriche), la première des réunions préparatoires (Prepcom) à la prochaine Conférence du TNP de 2015. La France va-t-elle continuer de faire obstacle à toute référence à l'élaboration d'une Convention d'abolition des armes nucléaires alors que 81 % des Françaises et Français le réclament ? Quelle que soit la majorité d'aujourd'hui ou de demain, il semblerait légitime que cette exigence soit entendue. Gageons que les représentants des ONG françaises présentes la semaine prochaine ne manqueront pas d'interroger le nouvel ambassadeur de France pour le désarmement (M. Jean-Hugues Simon-Michel, qui vient de remplacer M. Éric Danon) à ce sujet...
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