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vendredi 20 avril 2012

Des sujets trop absents de la campagne électorale.

La lecture du tableau comparatif des programmes des candidats aux Présidentielles dans le journal "20 minutes" de ce jeudi était très instructive : huit thèmes étaient proposés : "Impôts, dettes", "Travail, retraite", "Société", "Éducation", "Logement", "Sécurité, justice", "Institutions, Europe". Rien ne concerne les problèmes internationaux, la mondialisation, l'ONU, la paix ou la Défense, les dépenses militaires. Pourquoi ?
L'interrogation demeure lorsqu'on ouvre le quotidien régional, le Progrès de Lyon qui publie, lui aussi, le même jour, un autre comparatif où les thèmes sont : "Emploi/chômage", "Retraite", "Logement", "Environnement/nucléaire", "Sécurité", "Immigration", "Europe/dette", "Fiscalité", "Santé", "Éducation", "Institutions", "Société". Là encore, le journal n'aborde pas les problèmes internationaux ni les questions militaires. Cela confirme le constat fait avec le quotidien Le Parisien qui a publié, lui,  un seul tableau comparatif sur un choix de thèmes encore plus restreint : "Santé", Sécurité", "Société".
Ainsi, les journaux "populaires" estiment que les questions internationales ou celles de sécurité nationale dépassent le niveau de leurs lecteurs et ne méritent guère d'être abordés dans la campagne !
Certes des quotidiens nationaux plus "élitistes" comme Le Figaro qui aborde tous les thèmes mais limite les comparaisons à des questions choisis par le journal de manière restrictive, Libération qui compare les programmes sous forme d'une "fabrique à débats" (on y trouve la rubrique "Politique étrangère" avec comme thèmes : "quelle politique de Défense" et "Quelle construction européenne"), ou Le Monde qui publie un comparateur assez complet où l'on trouve "Défense" et "Questions internationales" ne font pas les mêmes impasses dans le débat politique.
De même, les sites internet "comparatifs" spécialisés sur les Présidentielles sont plus exhaustifs : le site "Adoptezunpresident.fr" publie un questionnaire où  l'on trouve "Défense/Armées", "Politique étrangère", "Fonctionnement" (des institutions internationales), "Programmes industriels". Le site "www.Rue89.com" fait un panorama intéressant avec des positions concises mais complètes : dans les rubriques "Défense", "International", "ONU", "Afghanistan", "Syrie". Mais on peut estimer que le public de ces sites a déjà une motivation politique.
Ces observations très sommaires montrent quand même que nous ne sommes pas complètement sortis, malgré la mondialisation et internet, de l'époque où le "bon peuple" était convié à remettre dans les mains des spécialistes et des diplomates les grands problèmes du monde ! Pourtant...
Prenons la question des dépenses militaires abordée dans un récent article.
Le Sipri, le fameux institut international dont le siège est à Stockholm, vient de publier ses chiffres 2011 ce mardi 17 avril. Il révèle que 1.738 milliards de dollars ont été dépensés dans l'année 2011 (plus 100 Mds de $ sur 2010) pour les armements : 198 millions de $ par heure, 4,7 milliards de $ chaque jour  ! Est-ce une question qui ne concerne pas nos concitoyens en ces moments de crise économique ? Ce montant est encore en augmentation sur l'année précédente même si l'augmentation est "ralentie"...
Les États-Unis sont toujours la locomotive de la dépense militaire, avec 711 milliards de dollars, équivalents à 41% du total mondial. La Chine reste au deuxième rang par rapport à 2010, avec 143 milliards de dollars. Mais son rythme de croissance (170% en termes réels en 2002-2011) est plus grand que celui de la dépense étasunienne (59% pour la même période). En rapide augmentation aussi, la Russie, qui passe, avec 72 milliards de dollars en 2011, du cinquième au troisième rang. Suivent la Grande-Bretagne, la France (en légère baisse pour ces deux pays), le Japon, l’Arabie saoudite, l’Inde, l’Allemagne, le Brésil et l’Italie.
N'aurait-on pas dû demander leur opinion sur ces dépenses à nos concitoyens et aux candidats ?
Ce jeudi 19 avril, le Conseil de sécurité a consacré une réunion sur la non-prolifération nucléaire, le désarmement et la sécurité. Le Secrétaire général des Nations Unies Ban Ki-moon a "positivé "les choses, il s'est félicité que les deux plus grandes puissances nucléaires de la planète, la Russie et les Etats-Unis, aient décidé de poursuivre la réduction de leurs arsenaux nucléaires dans le cadre du Traité START (Traité de réduction des armes stratégiques). Il a ajouté aussi : « Pour la première fois, l'OTAN a fixé comme objectif un monde dépourvu d'armes nucléaires. Le prochain sommet de l'OTAN à Chicago sera l'occasion de développer une approche commune ». Donc acte, c'est bien et ce sont des points d'appui politique. Cependant, des dizaines de milliers d'armes nucléaires continuent de représenter une menace pour l'humanité. Des milliards de dollars sont dépensés pour les moderniser, malgré des besoins sociaux pressants et des attentes mondiales croissantes pour des progrès dans le désarmement...
Autre anomalie : « Seize ans après son adoption par l'Assemblée générale, le Traité pour l'interdiction des essais nucléaires n'a toujours pas été mis en œuvre", a déclaré dans la même réunion, le Secrétaire général des Nations unies qui a ajouté : " Je salue vivement la ratification de l'Indonésie - (ce qui porte à 156 le nombre d'États ayant adhéré au traité)-  et j'appelle les autres pays de l'annexe 2 de suivre cet exemple". "L'annexe 2" du Traité comprend les pays dont la ratification du traité est nécessaire pour le faire entrer en vigueur mais qui ne l'ont pas encore fait. Il s'agit de la Chine, de la République populaire démocratique de Corée, de l'Égypte, de l'Inde, de l'Iran, d'Israël, du Pakistan et des États-Unis.
Le Traité d'interdiction complète des essais nucléaires a pour but principal d'instaurer un système de contrôle mondial des explosions nucléaires. A terme, 337 installations réparties dans le monde entier seront capables de détecter la moindre explosion nucléaire y compris les essais souterrains ou sous-marins.
Une des rares bonnes nouvelles de cette semaine électorale en France aura été la publication par un ancien responsable politique, Paul Quilès, d'un petit livre "Nucléaire, un mensonge français - Réflexions sur le désarmement nucléaire" qui a le courage de remettre en cause le fameux «consensus» français sur l’armement nucléaire. Paul Quilès juge que cela est indispensable et qu’il est urgent de sortir de ce «mensonge français» fait d’approximations, de contrevérités, de slogans répétés à l’envi, de silences et d’arguments d’autorité. À lire (Éditions Charles Léopold Mayer, http://www.eclm.fr/).


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