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vendredi 16 septembre 2011

Nouvelle session de l'AG de l'ONU : Palestine indépendante et prévention des conflits au programme..

Cette semaine est marquée par l'ouverture d'une nouvelle session annuelle de l'Assemblée Générale des Nations unies, la 66e. Celle qui vient de s'achever (septembre 2010 à août 2011) a été marquée par des débats thématiques importants : comment atteindre les Objectifs du Millénaire notamment celui de réduction de la pauvreté d'ici 2015, comment améliorer la lutte contre la prolifération nucléaire et relancer les travaux de la Conférence du désarmement (sans compter des sujets non-traités ici comme le développement durable) ? Mais cette session a également été traversée par les débats qui se sont déroulés au Conseil de sécurité, notamment sur la "responsabilité de protéger" (l'intervention en Libye et la crise électorale en Côte d'Ivoire). Le président de cette session était le suisse Joseph Deiss qu'on a vu très actif pour ne pas laisser l'Organisation des Nations unies écartée des grandes décisions et s'efforcer de la maintenir au coeur de la gouvernance mondiale en construction, y compris en dialoguant avec la présidence du G20 : « A l'heure où de plus en plus de défis sont globaux et nécessitent des réponses coordonnées et collectives, nous, les États membres, ne devons pas laisser les Nations Unies être marginalisées par de nouveaux acteurs de la gouvernance globale, parfois plus efficaces que l'ONU et son Assemblée générale certes, mais souffrant d'une carence de légitimité, » a-t-il souligné.
Dix ans après les événements du 11 septembre 2001 à New-York, cette année a montré combien les rapports de force mondiaux étaient fluctuants et complexes : toujours une forte prééminence des États et des politiques de force, une place de plus en plus grande des acteurs non-étatiques. Parmi ceux-ci,  les puissances économiques et financières jouent un rôle croissant et contribuent à la déstabilisation de certains pays, les sociétés civiles tiennent une place inégale selon les secteurs (plus fort sur l'écologie, plus ralenti sur droits humains et démilitarisations), enfin, dans ces acteurs non-étatiques, les réseaux terroristes semblent en voie d'essoufflement,). Ce sont des tendances lourdes depuis la fin de la Guerre froide et nombreux ont été les observateurs à souligner que le 11 septembre n'avait pas créé un bouleversement mondial mais simplement révélé des évolutions et, surtout, fourni des justifications à certaines politiques de force, notamment des États-Unis.
La situation en Palestine est révélatrice de ces contradictions : une commission d'enquête onusienne a relevé que, lors de l'attaque des militaires israéliens l'année dernière sur un bateau turc de la flottille pour Gaza,  « les pertes en vies humaines et les blessés dus à l'usage de la force par les forces israéliennes lors de la prise du Mavi Marmara étaient inacceptables » et que « Aucune explication satisfaisante n'a été fournie au comité par Israël au sujet de ces neuf décès." En même temps, cette commission a légitimé le blocus maritime de Gaza par Israël en estimant que « Le blocus maritime a été imposé comme une mesure de sécurité légitime afin d'empêcher l'entrée d'armes à Gaza par la mer et sa mise en œuvre respecte les obligations en matière de droit international ». Or, cette semaine, d'autres experts onusiens travaillant dans des institutions de droit humain et de santé, ont critiqué cette position en déclarant que « En se prononçant sur la légalité du blocus, le rapport Palmer ne reconnaît pas le blocus maritime comme une partie intégrale de la politique de fermeture d'Israël envers Gaza qui a un impact disproportionné sur les droits humains des civils ». Ils notent que « Après quatre années de blocus israélien, 1,6 million de femmes, d'hommes et d'enfants palestiniens sont privés de leurs droits fondamentaux et sont sujets à des sanctions collectives, constituant une violation flagrante du droit international et du droit humanitaire international. »
Cela montre bien qu'il n'est pas simple pour les dirigeants israéliens actuels de justifier leur politique ! Le terrain du nucléaire militaire illustre ces contradictions : une initiative arabe visant à faire placer le nucléaire israélien sous contrôle international sera débattue lors de la réunion annuelle de l’AIEA qui s’ouvrira le 19 septembre à Vienne. Cette initiative comprend deux mesures : permettre aux inspecteurs de l’Agence internationale de l’énergie atomique d’accéder à la centrale de Dimona et obliger Israël à signer le Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires. De plus, l'AIEA envisage également de tenir en novembre prochain une réunion pour discuter du processus conduisant à la création d'une zone dénucléarisée au Moyen-Orient, avec le soutien notamment de la Russie et peut-être de la France. En se cramponnant sur des positions rigides, le gouvernement Netayahu risque de s'isoler encore plus alors que la nouvelle session de l'Assemblée générale des Nations unies devrait aborder la semaine prochaine la question de la reconnaissance de l'État indépendant de Palestine.
Si cette reconnaissance aboutissait, ce ne serait que justice et la reconnaissance du droit inaliénable des peuples à disposer d'eux-mêmes, la même exigence que le peuple israélien a obtenue, il y a 65 ans...
Cette reconnaissance de l'État de Palestine constitue un élément indispensable d'une processus de paix, mais elle n'est pas à lui tout seul la seule condition de la paix. Pour qu'elle s'accompagne d'un véritable accord de paix politique, négocié et durable, il faudra des négociations, des luttes, une acceptation plus ou moins majoritaire dans les opinions publiques israélienne et arabe. Il y a une vraie responsabilité pour les forces de paix dans ces deux pays et dans le monde pour redoubler d'efforts pour faire accepter la solution de deux États dans les frontières de 1967, avec Jérusalem  comme double capitale, et une solution négociée au retour des réfugiés.
On ferait une erreur politique majeure en pensant en France que la paix au Moyen-Orient passera par une solution imposée de l'extérieur par la contrainte aux deux peuples et notamment à Israël. Cette opinion qui a cours dans une partie de la gauche française et dans certains groupes de paix israéliens minoritaires et radicaux (voir les textes de Gush Shalom ou de M. Warcheski) amènent à sous-estimer les possibilités d'évolution de la société israélienne, à mépriser les courants sociaux-démocrates (Meretz ou parti travailliste). Les derniers événements sur le plan social et syndical avec le "mouvement des tentes" montrent bien pourtant, là-aussi, que des rapports de force nouveaux peuvent se construire, se modifier. Quittons les positions de donneurs de leçons et nouons des coopérations beaucoup plus larges avec toutes les couches de la société israélienne et aussi de la société palestinienne !
La nouvelle session de l'Assemblée générale des Nations unies sera confrontée à d'autres défis que l'indépendance de la Palestine : son président qui sera le qatari Nassir Abdulaziz Al Nasser a défini comme ses deux premières priorité, "la résolution pacifique des conflits" et "la réforme et la revitalisation des Nations Unies".
Sur le premier plan, le secrétaire général Ban ki-moon, vient de publier un rapport, la semaine dernière, le premier du genre, qui fait l'état de la diplomatie préventive aujourd'hui et propose de renforcer ses moyens financiers et politiques. Certes, des outils existent pour développer la prévention comme les partenariats entre l'ONU et les organisations régionales, l'ouverture de nouveaux bureaux régionaux de l'ONU et la création de nouveaux systèmes d'alertes précoces dont celui de l'Union européenne (UE), l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) et l'Union africaine (UA). Mais il faut faire plus : on peut estimer que la création d'un Comité permanent de prévention des conflits auprès du Conseil de sécurité et du Secrétaire général serait d'une aide précieuse. Espérons que ce sujet fera l'objet de débats de fond au cours de cette session. La deuxième priorité du Président de l'Assemblée sur la réforme des Nations unies devient de plus en plus une urgence. La crise financière mondiale démontre que les outils actuels (FMI, Banque mondiale) ne fonctionnent pas correctement. Il est nécessaire de les réintégrer dans le système des Nations unies pour améliorer leur contrôle démocratique et pour qu'ils aident à la création de nouveaux outils au service des peuples et des gouvernements (véritable taxe sur les spéculations financières, contrôle des agences de notation, négociations avec le secteur bancaire pour le financement des États, etc)..
Dans ce monde contradictoire, les Nations unies sont à la fois sollicitées de toute part pour faire "tourner" la planète et, en même temps, perpétuellement face à des tentatives de marginalisation ou de manipulation des tenants de l'ordre inter-étatique ancien. Maintenir l'ONU au coeur de la "gouvernance mondiale" est un enjeu : ainsi, le Conseil de sécurité fait traîner cette semaine le débat autour de la proposition du Secrétaire général des Nations Unies, Ban Ki-moon, d'établir une mission de l'ONU pour soutenir les nouvelles autorités libyennes. « Le déploiement initial de trois mois est supposé permettre un engagement à l'intérieur du pays pour définir les besoins et les souhaits de la Libye en terme de soutien de l'ONU », a écrit le Secrétaire général à l'intention du Conseil de sécurité.
Le mandat de la mission permettrait d'apporter un soutien pour rétablir la sécurité publique, faire respecter les lois, lancer un large dialogue politique, promouvoir une réconciliation nationale et lancer un processus constitutionnel et électoral. Seul le choix de l'ONU peut freiner les appétits des rapaces qui voudraient se partager l'économie libyenne, comme viennent de le montrer avec impudeur (mais aussi illusions) MM Sarkozy et Cameron lors de leur visite à Tripoli.
16 septembre 2011

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