mercredi 4 mai 2011

Lueurs de paix en Palestine et Israël ?

Les perspectives politiques en Palestine et Israël semblent se réouvrir timidement, à la fois par "le haut" et par le "bas".
Par "le bas", la société civile israélienne commence à se re-mobiliser plus largement. Début avril, une quarantaine de personnalités, dont beaucoup d’anciens officiers de haut rang, lançaient une "initiative de paix israélienne" en réponse à l’initiative de paix arabe de 2002. Fin avril, 21 lauréats du prix d’Israël publiaient une pétition en faveur de la création d’un État palestinien aux côtés d’Israël. Parmi ces pétitionnaires, figurent les professeurs Yéhoudah Bauer et Ze’ev Sternhell, le graphiste David Tartakover, l’ex-président de l’Académie des sciences Menachem Yaari, la fondatrice du Meretz Shoulamit Aloni, l’actuelle conseillère municipale de Tel-Aviv et fille de l’ex-général Moshé Dayan Yaël Dayan, le peintre et sculpteur Danny Karavan, ainsi que le dramaturge Yéhoshua Sobol. Ils affirment que « Israël est le lieu où naquit le peuple juif et où se forgea son caractère national. La Palestine est le lieu où naquit le peuple palestinien et où se forgea son caractère national" et appellent " tout individu en quête de paix et de liberté pour les deux peuples à soutenir la déclaration d’indépendance de l’État palestinien, et à agir dans un sens qui encourage les citoyens des deux peuples à nouer de bonnes relations sur la base des frontières de 1967. La fin de l’occupation est une condition sine qua non de la libération des deux peuples. » Du côté palestinien, les choix de solution politique non-violente se sont renforcés grâce à l'action du gouvernement de Mahmoud Abbas, aux ONGs palestiniennes en Cisjordanie, mais même, ce qui était moins évident, à Gaza. Il est significatif que le chef d'orchestre israélien Daniel Barenboïm ait pu dirigé ce mardi à Gaza un "concert de la paix" avec l'Orchestre pour Gaza, composé de musiciens exerçant dans des orchestres européens de premier plan. Cet événement culturel, au cours duquel des œuvres de Mozart ont été jouées, était co-organisé par des organisations non gouvernementales palestiniennes. L'audience comprenait « un large éventail de la société civile et des étudiants de Gaza », a précisé le porte-parole du Secrétaire général des Nations unies dans une déclaration.
Si les choses bougent "en bas", elles bougent aussi "en haut" : l'idée de la reconnaissance sans attendre d'un État palestinien a progressé fortement.
Le 12 avril 2011, le Coordonnateur spécial des Nations Unies pour le processus de paix au Moyen-Orient, Robert Serry, a publié un rapport affirmant que "L'Autorité palestinienne est prête à gouverner un potentiel Etat de Palestine (...) Dans les six zones où les Nations Unies sont le plus engagées, les institutions gouvernementales sont désormais suffisantes pour le bon fonctionnement du gouvernement d'un État ». Dans ce rapport, Robert Serry regrettait la division des Palestiniens à Gaza notant que ce territoire « reste en dehors du contrôle de l'Autorité Palestinienne mais reste essentiel à la construction d'un État palestinien ».
Or, le 27 avril dernier, le Fatah, mouvement du président palestinien Mahmoud Abbas, et le mouvement rival Hamas ont conclu un accord de réconciliation qui prévoit la formation d'un gouvernement intérimaire et la tenue d'élections dans le courant de l'année. Pour un grand nombre d'observateurs, la réunification était essentielle pour parvenir à une solution à deux États dans le cadre de négociations entre Israéliens et Palestiniens. L'enjeu est que la réconciliation se déroule d'une manière qui promeuve la cause de la paix. La politique sanglante d'attentats visant des civils et d'envoi de roquettes, lancées à l'aveuglette par le Hamas, était et reste injustifiable, tout comme la politique d'occupation et de répression aveugle du gouvernement israélien, mais les réalités du terrain et des rapports de force politiques, peuvent faire bouger les situations.  Dans une récente interview  sur la chaîne britannique Channel Two, Mahmoud Abbas a affirmé que le Hamas accepte un État palestinien dans les frontières du 4 juin 1967 et qu’il croit possible de le persuader d’accepter la paix.
C'est à la communauté internationale de veiller aux engagements de tous, envers tout processus de paix, encore faut-il que tout soit fait pour surmonter l'hostilité d'une grande partie du gouvernement israélien actuel et d'aboutir à la création rapide de l'État palestinien. Cette question doit être posée devant l'Assemblée générale de l'ONU en septembre prochain. Selon l’ambassadeur français à l’ONU, la France et l’Union européenne « réfléchissent à l’option de reconnaître un État palestinien dans l’optique de créer un horizon politique à même de relancer le processus de paix ». Le temps presse maintenant, car la création d'un tel État doit être soutenue, tant par l'Assemblée générale que par le Conseil de sécurité. Ce serait un réel appui si la France, l'Union européenne reconnaissaient dès maintenant officiellement l'État de Palestine, dans les frontières de 1967, avec Jérusalem-est comme capitale, même si les obstacles juridiques sont encore nombreux. L'action des citoyens en direction des autorités françaises est importante. Une appel-pétition, "L'Etat palestinien, c'est maintenant !"a été publié par Le Monde dans son édition datée du 29 avril 2011 et est en ligne sur http://www.petitions24.net/letat_palestinien_cest_maintenant . Malgré quelques insuffisances, notamment sa totale discrétion sur l'action du Hamas, c'est actuellement le meilleur outil disponible pour tous ceux qui souhaitent faire avancer l'indépendance de la Palestine, il mérite donc d'être diffusé largement. Cette pression en direction des autorités françaises et européennes n'exclut pas le soutien renforcé plus que jamais nécessaire aux forces qui, dans les sociétés civiles israéliennes et palestiniennes, agissent pour des solutions politiques et non-violentes.
3 mai 2011


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